Chevalier Baran a écrit:
Cherchez un autre exemple, moins loin... la france par exemple! Vous qui êtes avides de chiffres, cherchez moi le taux de criminalité avant 1981 et aprés 1981, ca vous fera peut être un choc qui sait.
http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATTEF05307&tab_id=186
Cliquer sur "Afficher le graphique associé". Vous pourrez voir que le taux de criminalité a grimpé en flèche entre 1965 et 1984 environ. Depuis il s'est stabilisé en faisant des vagues.
Quelles conséquences en tirer ? Que le repeuplement de la France par la génération du Baby boom d'après guerre semble avoir entamé une escalade logique de la violence, que l'on observe presque toujours dans les peuples à la démographie galopante. Puis cela s'est poursuivi sur la lancée de la crise qui touche le pays depuis les années 70 et que connaissent tout ceux qui se sont penchés sur la politique. Depuis que la population s'est stabilisée, avec les enfants des enfants du baby-boom, la criminalité a fait de même. On pourrait même penser que l'abolition de la peine de mort a porté ses fruits en quelques années, mais en réalité, je pense que tout simplement, l'existence ou non de la peine de mort n'a aucune incidence sur la criminalité. Quand un criminel est en action, il pense à ce qu'il retirera de son crime, si c'est un braqueur, ou est emporté par ses émotions, lorsque c'est un crime passionnel. L'esprit humain, dans ces moments, ne pèse pas les autres conséquences. C'est l'argument de la plupart des psychologues qui ont étudié la psychologie des criminels, et cela, si je ne me trompe, a été avancé comme l'un des arguments qui a pesé dans la balanceà l'époque du débat sur l'abolition.
Si la peine de mort n'a aucune incidence sur le taux de criminalité, il faut évacuer cet argument et réfléchir à un autre niveau. Quant à moi, au risque de me répéter, j'estime qu'aucun être humain ne devrait avoir droit de vie ou de mort sur un autre, et que des solutions plus intelligentes doivent être envisagées, sans pour autant en rester à la prison pour tout le monde. Je suis persuadé qu'il y a des moyens plus intelligents. J'estime aussi qu'un criminel mérite une punition et que la peine de mort n'en est pas une, puisqu'elle constitue une fin à sa vie, non le purgement d'une peine. Passer 20 ans en prison fait réfléchir, être mort n'aide pas beaucoup à réfléchir. J'irai même plus loin en disant que c'est une solution honteuse qui empêche ceux qui jugent de réfléchir aussi, car une fois qu'une personne a été exécutée, le cas est liquidé, et on passe à la suite, alors que l'on pourrait trouver des solutions éducatives viables qui pourraient, j'en suis certain, fonctionner avec un certain nombre de criminels. Mais bien sûr on préfère souvent s'épargner une migraine plutôt que de méditer sur la condition humaine et sociale. Et je crois que décréter que ces personnes sont irrécupérables est aussi beaucoup trop facile. On n'en sait rien tant qu'on n'a pas essayé. Essayer veut dire leur laisser le temps et l'occasion de leur faire, pas les laisser pourrir inutilement dans une cellule. Aussi parler d'épargner leurs souffrances me fait sourire. Tous ne se suicident pas, il ne faut pas mythifier, quand même. La plupart ne se suicident pas et purgent leur peine, qui est souvent longue de plusieurs années. Imaginez-vous une semaine en prison et je suis sûr que vous ne diriez pas que "la prison c'est cool, y a la télé et des salles de sport". C'est pas le club med, une prison, y a des horaires, des permissions pour telle ou telle activité qui peuvent être retirées, on ne voit pas l'herbe et à peine le soleil et on a pour seule compagnie d'autres criminels, et c'est pire dans les prisons de haute sécurité.
Enfin à ceux qui parlent du prix que coûte un détenu, je voudrais signifier mon indignation: qui êtes vous pour décréter qu'une vie humaine se mesure en argent ? Est-ce qu'un humain qui a fait une grave erreur, du fait de son histoire, mérite d'être considéré comme un bout de viande qu'on paye au kilo ? Je suis désolé, mais je ne suis pas d'accord.
Pour moi le coeur du problème est que la peine de mort équivaut à se débarrasser d'un problème comme on se débarrasse d'une poubelle. Mais dans cette poubelle, ce sont des humains qu'on jette, or on ne traite pas ses problèmes en les enfermant dans des sacs plastiques, on les regarde en face, on y réfléchit, on y trouve des solutions, sinon c'est un cercle vicieux. La société est ainsi faite qu'elle jette ses poubelles dans la nature, et on voit ce que ça donne. D'un point de vue psycho-social, c'est pareil: il est malsain d'éxécuter les criminels sans avoir même essayé de traiter le problème. De ce point de vue, je trouve que notre société ne se porte pas si mal que ça, même si la justice n'est jamais parfaite, et l'homme non plus... D'autant plus que c'est la société elle-même qui génère ses déchets... Qui est reponsable de la politique d'urbanisation des années 60/70 ? Des criminels ? Les responsabilités ne sont-elles pas collectives ?