De nombreuses réserves sur la reconstitution proposée par l'équipe de Philippe Froesch nous incitent à garder la tête froide devant cette «découverte scientifique» :
Citation:
Il n’en finit pas de faire le buzz. Un peu plus de deux ans après la mise en vente de manuscrits inédits de Robespierre, des spécialistes de la reconstruction faciale en 3D viennent d’annoncer avoir reconstitué le « vrai visage » de celui qui, dans la mémoire nationale, incarne toujours le sanglant dictateur de la « Terreur ».
Le visage numérique s’offre au regard des Français, invités à enfin juger par eux-mêmes, d’un coup d’œil, de la « vraie nature » de l’Incorruptible.
Ce visage a été reconstitué à partir d'une copie d’un masque mortuaire moulé par madame Tussaud, dont l’authenticité a depuis longtemps été mise en cause ou rejetée. A la fin du 18e siècle, les vrais, les copies et les faux moulages pullulaient d’ailleurs dans toute l’Europe tant ils étaient une source de profit, jusqu’à se confondre, rendant leur authentification aujourd’hui extrêmement difficile. D’autre part, le visage ici dévoilé est bien surprenant : ni l’épaisseur des traits, ni la largeur de l’ossature, ni la profondeur des marques de la petite vérole ne correspondent avec l’extrême majorité des dizaines de descriptions, de dessins, de gravures, de peintures ou de sculptures dont nous disposons depuis très longtemps et qui évoquent, au contraire, un visage plutôt longiligne voire anguleux et légèrement ponctué de trous. De ce point de vue ce visage en 3D, décrit avec horreur dans les commentaires laissés sur internet, s'inscrit clairement dans une iconographie monstrueuse de Robespierre.
Le plus grand intérêt de cette vraie fausse découverte : montrer à quel point, plus de deux siècles après sa mort, la figure de Robespierre reste une source d’erreurs historiques et de fantasmes négatifs dans l'imaginaire collectif.
Source :
http://cvuh.blogspot.fr/Citation:
D’où vient ce masque ? Le masque mortuaire ayant servi à la reconstitution du visage virtuel de Robespierre par Philippe Charlier, de l'équipe d’Anthropologie médicale et médico-légale de l’UFR des Sciences et de la Santé à Montigny-le-Bretonneux (UVSQ / AP-HP, Yvelines) et Philippe Froesch, du Laboratoire Visual Forensic (Barcelone) est conservé au Museum National d’Histoire naturelle d’Aix-en-Provence. Il s’agit d’une copie du moulage du masque original conservé à Londres, pays où s’était exilé son auteur, Madame Tussaud (lire second encadré). Ce moulage appartient lui-même à la collection phrénologique du Musée de l’Homme de Paris, dite collection Dumoutier, achetée par le Muséum en 1873. Or, l’authenticité des pièces pourrait être sujette à caution à en croire l’historien Hervé Leuwers, de l’université Lille-3. Selon ce spécialiste de Robespierre, Marie Tussaud se "discréditerait à plusieurs reprises" dans ses mémoires et n’aurait jamais pu avoir accès, contrairement à ce qu’elle affirme, à la dépouille du Révolutionnaire pour en mouler le visage. "Elle désigne le cimetière de La Madeleine comme lieu d’inhumation or Robespierre a été enterré dans celui des Errancis, près du Parc Monceau à Paris, aujourd’hui disparu". De plus, le 10 Thermidor, jour de l’exécution capitale, ordre officiel avait été donné d’ensevelir au plus tôt les guillotinés afin qu’il n’en reste aucune trace. "On imagine mal, à un moment où les autorités révolutionnaires ordonnent de faire disparaitre les corps - jusqu’à les faire recouvrir de chaux vive -, laisser procéder au moulage d’un visage que l’on veut à tout prix effacer".
Source :
http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-p ... isage.htmlCitation:
Le révolutionnaire, dont le visage vient d'être reconstitué, aurait développé une sarcoïdose après avoir guéri de la variole.
Raccourci à 36 ans, le 10 thermidor de l'an II de la République, soit le 28 juillet 1794, Maximilien de Robespierre vient de livrer ses derniers secrets.
«Il était en très mauvais état de santé. Après avoir guéri, avec des cicatrices, de la variole, il souffrait sans doute d'une sarcoïdose*, une maladie auto-immune développée quatre ou cinq ans avant sa décapitation. Cette maladie l'a fragilisé à petit feu », assure Philippe Charlier, anthropologue et médecin légiste de la faculté de médecine de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Pour livrer son diagnostic, digne d'une enquête policière, publié samedi dans la prestigieuse revue The Lancet, le médecin avait peu d'éléments à sa disposition. Il a seulement eu accès aux témoignages concordants de l'époque, en particulier les comptes rendus médicaux de Joseph Souberbielle, médecin de Robespierre, et à la tête reconstituée du révolutionnaire.
Nodules, saignements de nez et ulcères
Le visage grêlé de Robespierre indique qu'il a souffert de variole, ou petite vérole, dont «on mourait à l'époque dans 30 à 40 % des cas », rappelle le médecin. Éclairés par une lumière rasante, les masques mortuaires de Robespierre révèlent également «des nodules, principalement sur les joues et les ailes du nez. Nous savons aussi qu'il avait des saignements de nez profus pendant son sommeil, des ulcères récurrents aux jambes, son teint était olivâtre, ses yeux étaient jaunes et sa vision s'est brutalement altérée. C'est sans doute le plus ancien cas connu d'une sarcoïdose dans l'histoire », ajoute Philippe Charlier. La maladie ne sera décrite qu'un siècle plus tard, en 1877, par le médecin britannique Jonathan Hutchinson.
D'autres pistes ont été explorées. La lèpre a été écartée, notamment en raison de l'extrémité de ses mains indemnes. Ses symptômes «ne collent pas non plus avec la tuberculose, à cause de l'absence de fièvre, de toux et de signe pulmonaire, ni avec l'hémochromatose, dont le foyer génétique est chez les Scandinaves et les Bretons, pas chez un Ch'ti né à Arras, comme Robespierre », ajoute le médecin légiste.
Pour aller plus loin, les deux partenaires veulent étudier le masque original, conservé dans les réserves du musée de cire Madame Tussauds. La veille de sa décapitation, le révolutionnaire avait eu la mâchoire brisée par un coup de feu, revendiqué par un gendarme. «Selon les études balistiques réalisées à Barcelone, Robespierre n'a pas tenté de se suicider. Le coup de feu a été tiré au moins à 2 mètres », assure Philippe Froesch, qui éclaircit, de ce fait, un détail de la Révolution française.
* Une inflammation qui touche le cœur, les poumons, la peau, les yeux ou le foie.
Sources :
http://www.thelancet.com/journals/lance ... X/fulltexthttp://www.lefigaro.fr/sciences/2013/12 ... pierre.phpComment peut-on déceler en reconstituant numériquement, plus de deux siècles plus tard, des pathologies basées sur un masque mortuaire qui serait la copie d'un faux douteux, car très probablement une extrapolation réalisée post mortem et en aucun cas un moulage effectué sur l’intéressé ?