Je vis quelque chose d'un tout petit peu similaire avec mon père Metro. Pas dans les mêmes mesures que pour ton grand père. Mais ça m'y fait penser.
Mon père est veuf depuis 9 ans, il ne s'est jamais remis de la mort de ma mère. Depuis, sans doute pour tenir debout mais aussi parce que ça a toujours fait partie de sa vie, il s'investit complètement dans des assos caritative et des mouvements militants. Il a une amie mais avec qui il ne vit pas (il ne le souhaite pas).
Sa santé n'est pas parfaite mais rien de très grave: du diabète, une neuropathie douloureuse mais pas très grave... Bref ça allait plutôt bien. Sauf que niveau moral depuis 6 mois, ça ne va pas du tout. Il fait une fixation sur le moindre bobo mais au lieu de se soigner, il me dit (au téléphone car nous habitons à 1200km l'un de l'autre) qu'il est vieux, qu'il va bientôt mourir, que ça le met en colère de se voir diminué... etc
J'en étais arrivé à me dire qu'il avait peut être quelque chose de grave et qu'il ne voulait pas nous le dire.
J'ai profité de ma semaine passée chez lui cet été pour crever l’abcès. Je lui ai d'abord dit que lorsqu'il me dit qu'il va mourir, moi ça me fait mal. Je lui ai demandé très abruptement (suis un peu comme ça quand suis en colère ^^) : "Qu'est ce que t'as? T'as un cancer? Non? Alors arrête tes co***ries maintenant et secoue toi!". Je lui ai demandé d'aller voir un psy, de le faire pour moi s'il ne voulait pas le faire pour lui. Je lui ai parlé de ma trouille de le perdre lui aussi et que "m**de à 69 ans, c'est pas l'heure de te casser comme ça!"
Bon là, il a enlevé ses lunettes. Une poussière dans l’œil disait il...
Et là dessus mon nain (le plus vieux) s'est installé avec nous et a dit à son grand père, avec la même douceur que sa mère

: "Bon écoute Papy, moi j'ai 17 ans, dans quelques années je compte avoir des enfants et mon grand père, je veux qu'ils le connaissent. Alors t'arrête tes co***ries et tu te secoues!". Bon là, c'est carrément un tapis de poussières qui s'est vautré dans les yeux de mon père. Dans les miens aussi.
Il a reconnu qu'il allait mal, qu'il avait besoin de parler de son deuil mais qu'il ne pouvait pas, pas avec nous. Il m'a promis de prendre rendez vous avec un psy. "Mais je veux pas de médicaments!". Mon fils lui a dit qu'au pire il pouvait essayer les herbes de Provence en roulée, que ça lui ferait du bien.
Bref, tout ça pour te dire qu'à ta place (je sais c'est facile de se mettre à la place des autres), je lui dirais à mon grand père que je l'aime, que j'ai peur quand il nous alarme comme ça, que je comprends qu'il ne va pas bien, que ce n'est pas du cinéma. Mais que vous êtes impuissants devant sa détresse, qu'il doit accepter qu'on l'aide, qu'on trouve une solution pour vivre mieux. Tu crois que c'est possible?