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						 GARE AUX  CHATS  FANTÔMES !
  «  QUAND  MIAULENT  LES  FANTÔMES...
  Alika  Lindbergh  est  bien  connue  par  ses  tableaux  comme  par  ses  livres  sur  les  animaux (et  pour  avoir  été  la  compagne  du  cryptozoologue  Bernard  Heuvelmans). Voici  quelques  années, elle  séjourne  chez  une  amie  qui  avait  possédé  un  chat  rendu  opiomane : il  était  mort  depuis  dix  ans. Et  il  paraît  qu’il  hante  les  lieux… Alika  se  couche  dans  la  pièce  où  précisément, le  chat  avait  été  naguère  enfermé  en  raison  des  crises  qu’il  présentait  parfois. Soudain, la  porte  de  la  chambre  s’ouvre, un  bruit  de  pattes, et  Alika  sent, dans  l’obscurité, un  chat  bondir  sur  son  lit : ses  moustaches  lui  frôlent  la  joue. Elle  allume : il  n’y  a  pas  de  chat… Et  la  chatte  de  la  maison  faisait  un  détour  pour  éviter  le  secteur  hanté  par  le  chat  fantôme… C’est  là, parmi  bien  d’autres, une  histoire  de  chat  fantôme. On  parle  surtout  de  fantômes  humains, mais  il  existe  aussi  des  fantômes  animaux, du  moins  il  en  existe  des  histoires. Que  l’on  croit  ou  non  à  la  réalité  des  fantômes, il  vaut  la  peine  de  s’attarder  un  instant  sur  ces  étranges  récits  qui  mettent  en  scène  nos  compagnons.
  Le  chat  à  la  jambe  de  bois
  L’un  de  ceux-ci  a  connu  la  gloire  littéraire. C’est  le  chat  noir  que  le  jeune  Chateaubriand  guettait  anxieusement  dans  le  château  de  Combourg : il  se  promenait  accompagné, assurait-on, de  la  jambe  de  bois  d’un  comte  défunt. Le  cadavre  momifié  d’un  chat  fut  effectivement  trouvé  dans  le  château  de  Combourg, où  il  est  aujourd’hui  exposé… Remontons  encore  dans  le  temps. Vers  1307, Philippe  le  Bel  aurait  vu  un  fantomatique  chat  noir  apparaître  de  dessous  l’autel  de  la  chapelle  de  la  commanderie  templière  d’Auzon  en  Velay. En  Normandie, un  manoir  avait  la  réputation  d’être  hanté  par  le  fantôme  d’un  chat  qui  poussait  des  miaulements  déchirants. Il  disparut  après  la  découverte  dans un  mur,  d’un  squelette  de  chat : celui-ci  fut  enterré  et  le  chat  fantôme  ne  fit  plus  parler  de  lui. Les  para-psychologues  prétendirent  que  l’inhumation  l’avait  apaisé… Sans  doute  ce  chat  avait-il  été  emmuré  vivant, comme  cela  se  faisait  au  Moyen-Age, à  l’époque  des  persécutions  des  chats.
  Trois  petits  miaulements  et  puis  s’en  vont
  Voici  quelques  années, en  Touraine, un  caméraman  séjourne  dans  un  petit  hôtel. Toutes  les  nuits, il  entend  dans  sa  chambre  des  miaulements  étouffés. En  fait, il  s’agit  à  chaque  fois  de  trois  miaulements  successifs. Et, le  sixième  soir, dans  la  chambre  plongée  dans  l’obscurité, une  tête  de  chat  phosphorescente  apparaît  sur  le  mur. Le  cameraman  allume : il  n’y  a  rien  sur  le  mur, "rien  que  le  papier  peint, net  et  propre" (1). L’homme  semble  véritablement  poursuivi  par  les  chats  fantômes. Le  lendemain  il  visite, avec  des  amis  les  souterrains  d’une  vieille  abbaye  des  environs. Ils  progressent  en  s’éclairant  de  lampes  électriques, lorsqu’un  terrible  miaulement  retentit. Ils  braquent  leurs  lampes : un  gros  chat  est  couché  sur… un  crâne  humain. Peu  après, c’est  un  squelette  humain  qui  sera  découvert  entier. Or, dans  ce  souterrain  avait  été  inhumé  le  fondateur  de  l’abbaye, un  moine  qui, toute  sa  vie, avait  possédé  des  chats…
  Ils  traversent  les  murailles
  En  1967, à  Gorcy-Cussigny, en  Meurthe-et-Moselle, un  fantôme  à  tête  de  chat  traverse  fréquemment  les  murs  d’une  maison, en  ricanant  de  manière  sinistre. Les  habitants  finiront  par  déménager… Dans  la  Drôme, un  chat  fantôme  passe  de  même  à  travers  un  mur. Fait  étrange, on  découvre  sur  les  lieux  les  empreintes  d’un  ours (?)  et  celles  d’un  unijambiste – ce  qui  n’est  pas  sans  rappeler  le  chat  de  Combourg. A  Créteil, dans  la  banlieue  parisienne, un  pavillon  avait  la  réputation  d’être  hanté  par  des  chats  fantômes. Or, cette  maison  avait  été  habitée  par  un  expérimentateur  très  cruel : n’étaient-ce  pas  les  fantômes  de  ses  victimes  qui  revenaient  sur  les  lieux ? Toujours  est-il  que  les  poils  se  dressaient  sur  les  bras  de  certains  visiteurs  qui  venaient  dans  ce  pavillon. Libre  au  lecteur, bien  entendu, de  croire, ou  de  ne  pas  croire, à  de  tels  récits. Bien  que  les  rationalistes  stricts  les  balaient  d’un  coup  de  plume, il  est  permis  de  constater  que  certaines  "constantes"  apparaissent  dans  les  affaires  de  chats (ou  autres  animaux) fantômes : l’animal  a  tendance  à  se  manifester  au  moment  de  sa  mort (mais  aussi  longtemps  après), et  à  revenir  près  de  son  maître  ou  des  lieux  où  il  a  vécu. Certes, on  n’est  pas  obligé  de  croire  que  les  chats  fantômes  seraient  composés  de  plasma, le  quatrième  état  de  la  matière, et  qu’ils  sont, en  quelques  sortes, des  "corps-énergie"  ou  des  "corps  éthériques"… Les  affaires  de  chats  fantômes  sont, nous  l’aurons  remarqué, plutôt  sinistres. Voici  tout  de  même  une  anecdote  plus  souriante  qui  se  passe  à  Boulogne  Billancourt. Une  dame  était  en  train  de  cuire  une  crêpe  lorsqu’un  fantôme  apparaît  sur  sa  fenêtre  et  lui  dit : "Tu  peux  retourner  la  crêpe, elle  est  assez  cuite". En  général, pourtant, les  chats  fantômes  ne  sont  pas  censés  parler. Mais  peut-être  faut-il  encore  plus  s’étonner  de  la  compétence  culinaire  de  celui-ci.
  Jean-Jacques  Barloy    »
  (1) Voir : Daniel  Réju, « Les  demeures  de  l’impossible » (Belfond, 1973)
  Article  initialement  publié  dans  « Atout  chat ». N° 9. Janvier  1986. (P. 14-15). 
					
  
						
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