Le séisme de Sumatra, nouvelle catastrophe due à l'Anneau de feu du PacifiqueHONG-KONG (AFP), le 28-12-2004
Le terrible séisme qui a secoué dimanche Sumatra, provoquant des raz-de-marée qui ont ravagé les côtes de huit pays d'Asie avec un bilan dépassant 55.000 morts et 30.000 disparus, est la dernière catastrophe due au célèbre "Anneau de feu" du Pacifique.
Image de la progression du tsunami, cliquez sur : IMAGEQuasiment chaque jour, sous les eaux ou sur terre, ce cercle de volcans et d'activité sismique dans la région entourant le Pacifique se rappelle aux populations qui bordent l'océan.
Certains des désastres les plus dramatiques de l'histoire récente se sont produits sur cet anneau, qui part du Chili jusqu'à l'Alaska avant de s'orienter vers le Japon, l'Asie du Sud-Est et les Iles du Pacifique.
De l'explosion du volcan Krakatoa au large des côtes d'Indonésie en 1883 à l'éruption du Mont St-Hélène aux Etats-Unis en 1980, du tremblement de terre dramatique de San Francisco en 1906 à celui qui a dévasté Kobe, au Japon, en 1995, cet Anneau de feu a bâti sa légende destructice.
"Il s'agit de la partie de la Terre la plus active, avec une très grande densité d'activité sismique à chaque seconde", déclare Cvetan Sinadinovski, géophysicien au Geoscience Australia Institute, en Australie.
La raison de cette volatilité géologique, ce sont les failles qui émaillent cette zone.
La croûte terrestre est faite de plaques flottant sur un magma de roches fondues et qui s'imbriquent. Elles sont perpétuellement en mouvement, s'entrechoquant ou s'éloignant l'une de l'autre. Ces zones de tension et de pression sont les points faibles de la surface de la planète.
L'Anneau de feu suit le bord de la plaque la plus importante, celle du Pacifique.
Sur ses bords, la pression du magma qui pousse vers le haut, comme dans une cocotte-minute, trouve des points de moindre résistance et explose, libérant de grandes masses d'énergie. La plupart du temps, ces manifestations se produisent sous l'eau et passent inaperçues, mais dans d'autres cas elles provoquent de grandes éruptions volcaniques ou des séismes.
"La plaque Pacifique subit beaucoup de tensions de la part des plaques qui la jouxtent", souligne M. Sinadinovski. "L'énergie provenant de cette pression, ajoute-t-il, est localisée sur les bords et se libère, comme on l'a vu dimanche, dans des séismes potentiellement colossaux" ou en envoyant d'énormes vibrations à travers les eaux, ce qui forme des raz-de-marée ou des tsunamis.
Les lignes de faille sont d'autant plus volatiles que les plaques bougent constamment, se heurtant ou s'éloignant.
Or, parmi les parties de l'Anneau les plus actives figure la Fosse des Mariannes, près de l'île de Guam. Là, dans cet endroit où la croûte est très fine, un phénomène très curieux se produit : la croûte d'une des plaques est constamment, et très lentement - quelques centimètres par an -, aspirée vers le bas, où elle se transforme en magma. Le matériau qui la forme devient alors plus léger et remonte violemment vers la surface, comme un morceau de bois.
Le séisme de dimanche a été provoqué par un processus similaire mais cette fois-ci, selon le US Geological Survey, la croûte a bougé de 15 m, produisant une telle énergie que la Terre a bougé sur son axe et que des tsunamis ont été enregistrés à des milliers de kilomètres de là.
Selon M. Sinadinovski, ce séisme pourrait avoir libéré assez de tensions pour apaiser d'autres zones de l'Anneau de feu "pour pas mal de temps", mais "il est impossible de prédire ces choses-là avec précision".
Source :
Agence France-Presse (AFP) Une autre information.
Le séisme a peut-être accéléré la rotation de la Terre mercredi 29 décembre 2004, 12h35
LOS ANGELES (Reuters) - Le séisme meurtrier qui a frappé ce week-end le Sud-Est asiatique a peut-être accéléré de façon permanente la rotation de la Terre, raccourcissant les jours d'une fraction de seconde et faisant vaciller la planète sur son axe, selon des chercheurs américains.
Pour Richard Gross, un géophysicien du Laboratoire de propulsion de la Nasa, en Californie, le déplacement de masses opéré dimanche en direction du centre de la Terre a accéléré la rotation de la Terre de trois microsecondes, soit un millionième de seconde, et l'a fait s'incliner d'environ 2,5 cm par rapport à son axe.
Quand la grosse plaque tectonique située sous l'océan Indien a été contrainte de passer sous la plaque voisine, "cela a eu pour effet de rendre la Terre plus compacte, ce qui fait qu'elle a tourné plus vite", dit-il.
Selon Gross, les modifications qu'il a détectées sont vraisemblablement trop infimes pour avoir été repérés par le réseau GPS surveillant en permanence la rotation de la Terre, mais les données fournies par son matériel trahissent néanmoins un léger vacillement.
Les pôles terrestres effectuent un trajet circulaire qui peut varier d'environ dix mètres, donc un écart de 2,5 cm est peu susceptible d'avoir des effets à long terme, précise-t-il.
"Ce mouvement continuel est souvent sujet à des modifications", explique Gross. "Le mouvement de rotation n'est en réalité pas si précis que ça. La Terre ralentit parfois, changeant de vitesse de rotation."
Quand ces petites variations s'accumulent, les astronomes doivent ajouter une seconde à la fin de l'année, un ajustement qui n'a pas été nécessaire depuis de nombreuses années, précise-t-il.
Les chercheurs estiment depuis longtemps que les modifications subies par la surface de la Terre, telles que les marées et les changements climatiques peuvent avoir un impact sur sa rotation, mais ils ne disposent pas de mesures précises leur permettant de le prouver, selon le sismologue Hiroo Kanamori, de l'université californienne Caltech.
"Même quand l'événement est très important, l'effet est minime", dit-il. "Il est très difficile de modifier de manière significative la vitesse de rotation."
Source :
REUTERS