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Un ralentissement énigmatique de l'élévation du niveau des mers
Depuis 2003, la fonte des glaces continentales s'accélère mais les océans montent moins vite. Ce constat, dressé par des travaux tout juste publiés dans la revue Global and Planetary Change (GPC), peut sembler paradoxal. La fonte des glaces est en effet l'un des moteurs de la montée du niveau moyen des mers... C'est une observation inattendue qui explique ce paradoxe : l'océan semble se réchauffer moins vite. Sa dilatation thermique contribue donc moins qu'auparavant à la montée des océans.
"Entre 1993 et 2003, le niveau moyen des mers a monté d'environ 3,3 mm par an, dit Anny Cazenave (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales), principal auteur de ces travaux. Depuis 2003, on se situe plutôt autour de 2,5 mm par an." La hauteur des océans est mesurée avec précision depuis 1993 grâce au satellite TOPEX-Poséidon, aujourd'hui remplacé par Jason-1 et 2.
Mesurer ces variations ne suffit pas à en déterminer les causes. En analysant les fluctuations locales de la gravité terrestre, les chercheurs ont estimé l'évolution des masses de l'océan et des deux calottes glaciaires (Groenland et Antarctique). Ils parviennent à la conclusion d'une fonte accélérée des glaces continentales.
Depuis 2003, celles-ci contribuent pour environ 1,9 mm par an à la montée des mers. Une moitié provient de la réduction des deux calottes polaires ; une autre de la fonte des glaciers d'altitude. Pendant la décennie 1993-2003, la fonte globale des glaces avait contribué à une hausse moyenne de 1,2 mm par an. Depuis cinq ans, les glaces continentales disparaissent donc plus d'une fois et demi plus vite qu'au cours de la décennie précédente.
Pour assembler toutes les pièces du puzzle, les chercheurs ont en outre utilisé les données des 3 000 bouées plongeantes du réseau Argo - qui mesure la température de l'océan sur ses 900 premiers mètres de profondeur. Résultat : les eaux océaniques se réchauffent moins vite. Depuis 2003, leur dilatation thermique compte pour environ 0,3 à 0,4 mm par an, contre quatre à cinq fois plus entre 1993 et 2003.
PERPLEXITÉ
Pourquoi un tel ralentissement ? "Il faut faire très attention à l'interprétation des données, dit Stéphanie Guinehut, chercheuse à CLS (filiale du Centre national d'études spatiales) et coauteur de ces travaux. Nous n'avons que très peu de recul pour évaluer la variabilité naturelle de ces caractéristiques de l'océan." En outre, ajoute Eric Rignot (Jet Propulsion Laboratory), "il demeure de grandes incertitudes sur les estimations de la fonte des glaciers de montagne".
Peu de recul sur les données, moins encore sur les instruments. Le déploiement du réseau de bouées océanographiques Argo n'a été complètement achevé qu'en 2007. En utilisant les données des bouées déjà en place, des chercheurs américains avaient même publié en 2006, dans Geophysical Research Letters (GRL), des travaux qui avaient plongé l'ensemble de la communauté scientifique dans la perplexité. Selon eux, l'océan tendait à se refroidir depuis 2003 ! On s'est depuis aperçu qu'une erreur de calibrage de certaines bouées était responsable de ces mesures iconoclastes.
Point de refroidissement, donc, mais bien un ralentissement du réchauffement des mers. Qui demeure énigmatique. "Il est possible que cela soit lié à l'intense épisode La Ni+ ou -a (phase froide de l'oscillation australe El Ni+ ou -o) enregistré ces deux dernières années, ou à l'oscillation pacifique décennale", avance prudemment Mme Guinehut. Ces résultats ne seraient donc une bonne nouvelle qu'en apparence : le retour, probable, au rythme précédent de réchauffement des mers entraînera une élévation accélérée des océans. Car les glaces continentales, elles, ne devraient pas cesser de s'y écouler.
http://fr.news.yahoo.com/64/20081127/tw ... b1c83.html
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