Avant de rentrer dans la valse des news d'intersaison, il est l'heure de faire le bilan.
Ferrari : on ne peut pas dire que l'année ait été mauvaise pour la Scuderia puisqu'elle décroche son second titre consécutif des constructeurs, le seizième en 51 ans*. Les monoplaces rouges ont été globalement au niveau des McLaren en termes de performances, ayant l'avantage sur certains circuits, et pas sur d'autres. Mais globalement, l'équipe a pâti d'erreurs parfois grossières de gestion sportive et stratégiques : la retraite de Jean Todt et le départ de Ross Brawn ont fait là ressentir leurs effets. A eux deux, Massa et Raikkonen constituent un solide duo de pilotes, mais 2008 a mis en relief leurs principaux défauts : la fragilité devant la pression pour le Brésilien, l'inconstance pour le Finlandais. Ces travers, combinés à ceux de leur équipe, les ont in fine empêché de conquérir la couronne mondiale des pilotes.
McLaren : en comparaison, la saison des "Flèches d'argent" fut beaucoup plus nette. Mieux gérées, les McLaren furent aussi plus fiables que les Ferrari. Surtout celle de Hamilton : Kovalainen fut un brillant second en décrochant notamment sa première victoire, mais il ne fut jamais le concurrent dangereux qu'avait été Alonso l'an passé pour le Britannique. Ce dernier, ayant fait montre d'un talent hors pair (on se souviendra longtemps de sa course à Monza !), mérite sans discussion le titre, d'autant plus que McLaren, victime des conséquences de l'affaire d'espionnage qui lui avait valu d'être déclassée l'an dernier, fut clairement dans le collimateur de la FIA durant toute la saison.
BMW : les monoplaces germano-suisses ont moins bien terminé l'année qu'elles ne l'avaient commencé. Après une première demi-saison à rivaliser avec les Ferrari et les McLaren aux avant-postes, sanctionnée par la victoire de Kubica au Canada, les BMW ont moins progressé que le reste de la concurrence et ont été victimes du resserrement global des performances. Robert Kubica s'est donc vu privé de la troisième place du championnat in extremis, ce qui ne rend pas forcément justice à ses performances. Si l'on avait pu croire que le Polonais avait pris l'ascendant sur Nick Heidfeld, on put constater en fin de saison qu'il n'en était rien et que l'Allemand n'avait "rien lâché".
Renault : après un début de saison calamiteux où Alonso avait multiplié les arrivées au pied du podium, mais assez loin des leaders en termes de performances pures, les F1 en losange terminèrent l'année en trombe, le double champion du monde espagnol s'adjugeant deux victoires de bonne augure pour 2009. Bien que forcément plus discret, son équipier Nelson Piquet Jr sut pérenniser sa présence en F1 alors que son remplacement avait initialement été envisagé dès la mi-saison.
Toyota : très véloces en qualifications (notamment grâce à Trulli, expert en la matière), les voitures japonaises ont aussi eu pour elles une grande constance, rentrant dans les points 12 fois en 18 Grands Prix. Longtemps au coude à coude avec Renault pour la quatrième place du classement, les F1 rouges et blanches ne furent battues que dans le dernier quart de la saison. Si Trulli est toujours au sommet de son art, Glock a montré qu'il méritait sa place et qu'il faudrait compter avec lui pour les années à venir.
Toro Rosso : certainement la surprise de l'année. Qui aurait cru que l'ancienne formation Minardi serait un jour capable de s'imposer en F1 ? Ce qui n'était censé n'être que la "junior team" de Red Bull a fini par dépasser cette dernière. En cause, le talent de Vettel (vainqueur incontestable du Grand Prix d'Italie), la supériorité du moteur Ferrari sur le Renault qui animait les Red Bull, et sans doute aussi la gestion sportive de Gerhard Berger. Alors que Sebastian Vettel s'annonce déjà comme un futur rival de Lewis Hamilton, l'avenir de Sébastien Bourdais demeure incertain même si à défaut de résultats, le Français a montré en essais et en course qu'il n'était jamais très loin derrière son équipier.
Red Bull : l'année de l'équipe "une" de Dietrich Mateschitz fut inverse de celle de Toro Rosso. C'est en première partie de saison que les Red Bull raflèrent l'essentiel de leurs points, avant de plafonner et de se faire plus discrètes. Mark Webber est désormais arrivé à maturité, s'étant à peu près débarrassé de l'inconstance dont il avait fait preuve lors des premières années de sa carrière. Quand à Coulthard, s'il est clair qu'il n'a plus le "niveau" en matière de performances, il reste un vieux "briscard" sur lequel il faut compter lorsqu'un bon coup se présente, comme au Canada où il termina troisième.
Williams : malgré l'absence de soutien d'un grand constructeur, l'écurie britannique continue de faire bonne figure compte tenu de ses modestes moyens. L'année fut en revanche en dents de scie : très brillantes sur un circuit donné, les Williams pouvaient très bien être plus que médiocres sur le suivant. Cette irrégularité n'empêcha ni Nico Rosberg de poursuivre sa progression dans la hiérarchie en signant ses deux premiers podiums, ni Kazuki Nakajima d'effectuer un apprentissage très honorable en marquant régulièrement des points lorsque l'occasion s'en présenta.
Honda : l'écurie nippone poursuit son parcours calamiteux. Hormis quelques exploits en essais, et un podium à Silverstone davantage dû au talent de Barrichello sous la pluie qu'aux performances réelles de sa machine, Honda est demeurée en fond de grille et la victoire de Button au Grand Prix de Hongrie 2006 semble un lointain souvenir. Ce dernier, contrairement à l'année précédente, fut fréquemment dominé par un Barrichello toujours vert après seize années au plus haut niveau.
Force India : pas de points pour la jeune formation indienne, qui a néanmoins réalisé des débuts honorables et qui, bien que souvent abonnée à la dernière ligne, a eu le mérite de "montrer le maillot" à quelques occasions, que ce soit grâce au talent de Sutil à Monaco ou à l'expérience de Fisichella, aux essais ou en course.
Enfin, mentionnons en passant Super Aguri, dont la participation s'est interrompue avant le Grand Prix de Turquie, victime de difficultés financières inextricables et de la gestion sportive hasardeuse de Honda, qui avait un temps considéré la formation japonaise comme étant sur un pied d'égalité avec sa propre équipe.
* Contrairement au championnat pilotes, qui remonte à 1950 et dont on disputera donc l'an prochain la 60ème édition, le championnat constructeurs n'a été créé qu'en 1958.
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