Cortex a écrit:
Limite entre l'animalité et l'humanité est beaucoup plus ambiguë que cela. En effet, comment envisager les cultures dans lesquelles le traitement des défunts consiste à détruire le corps, notamment en le dépeçant pour le manger ? Où s'arrête la bestialité, où commence la civilisation ? Tout est une question de culture et toute la difficulté ici consiste à éviter l'ethnocentrisme.
Quand Dragon dit "les hominidés étaient devenus des vrais hommes lorsqu'ils ont enseveli leurs défunts", il ne faut pas le prendre au sens strict du terme mais plutôt au sens de la ritualisation de la mort.
A partir du moment ou l'homme a commencé à instaurer des rituels autour de la mort, il s'est distingué de ce fait de l'espèce animale.
Le fait d'instaurer un rituel autour de la mort implique de la part de l'homme une dimension spirituelle et émotionnelle, bref l'existence de la raison qui est la seule chose qui le différencie de l'animal.
Après, comme tu le dis toi même, tout est une question de culture et les rituels prennent parfois des formes très variées, qui peuvent être choquantes pour ceux qui n'y sont pas habitués.
Mais quoi qu'il en soit, le rituel, c'est là ou s'arrête la bestialité et ou commence la civilisation.
Et ce rituel (qu'il ait une dimension religieuse ou pas)fait toute la différence : le rituel est le propre de l'homme, grâce à lui le mort reste un homme (dans l'esprit des autres hommes), sans lui il n'est rien d'autre qu'un dechet organique.
C'est dans cette mesure que cette exposition est outrageante.
La spiritualité n'y a aucune place et met les gens face au fait qu'un homme peu devenir en quelque heures un tas d'organe.
Cette vérité, que nous dissumulons depuis toujours derrière des rituels, nous est balancée en pleine face.
Au nom de ce qui est qualifié d'art, c'est la condition même de l'homme qui est bafouée.