Ben on est d'accord, mais c'est une symbolique du silence que j'avais retenu concernant ce sanatorium, je pense que d'un point de vue sociologique c'est un cas typique d'immense silence. Si la comparaison peut se faire avec les horreurs nazis c'est au niveau d'une parole du non dit, c'est tout. Je pense que le parallèle existe uniquement à ce niveau. Quand à savoir si les suicides sont du fait de ce que tu expliques en fin d'analyse, nous ne saurons jamais vraiment. Si Waverley peut se comparer aux infamies des camps, c'est donc bien au niveau d'une parole du non dit, à des lieux aussi, comme ce tunnel de la mort qui terrifiait les patients, mais aussi certaines infirmières, mais aussi à ce qui en fut rapporté par certains. Il y a bien eu une conspiration du silence, mais elle surtout due au fait que dans une société fondée sur Dieu, on a pas le droit de parler ouvertement de la mort, comme ça, surtout à cette époque. On préfère le silence. Le parallèle avec les camps orduriers des nazis, doit donc bien s'analyser comme une symbolique, et pour cela, il te suffit tout simplement de changer de focale, de te mettre un peu dans la peau de l'un des ces malades à qui on faisait subir des opérations chirurgicales du dernier espoir et qui devaient probablement être vécues comme de véritables tortures et supplices. C'est un regard intérieur qu'il faut avoir afin de bien comprendre l'importance d'un tel parallélisme, pas un regard extérieur et descriptif. Enfin, un peu de bon sens, penses tu que ce sanatorium était un lieu de vacances comme le montre de façon risible et misérable le site mis en lien, avec ces photos où tout le monde semblait heureux ????
C'est là aussi, que le parallélisme peut-être fait, non de façon extérieur mais quand à ce que vivaient réellement les malades et les soignants dans cet enfer d'où peu sortaient. Les belles photos et les soi-disant témoignages de gens heureux et guéris ne sont que des fioritures cachant une réalité bien autre, une réalité qui dérange et est inadmissible pour une société fondée sur Dieu et donc l'éternité de l'âme, souvent confondue avec une longue vie prospère, alors que la biologie suit ses propres voies et est parfois bien injuste.
Il faut savoir parfois lire entre les lignes pour se rendre compte à quel niveau on peut parler de comparatisme avec les camps de la mort. Ce qui, cependant, s'en éloigne, c'est cette cause commune entre des patients voulant croire en un miracle et les infirmiers et médecins voulant le réaliser ce miracle. Voilà toute la quête, belle et courageuse, et toute l'horreur, noire et désespérante, et dont le couloir de la mort était en quelque sorte le lieu de toute l'impuissance et de la honte, celle de n'avoir pas su abolir une mort souveraine...
Voilà seulement en quoi on peut comparer le sanatorium à la monstruosité nazie, impossibilité d'empêcher la mort, mensonge autour du sort de ces gens. Ce n'est qu'une symbolique, un symbolisme, pas un état de fait. Mais encore une fois, quand on est en enfer, quand on le vit et l'éprouve, tout semble même. Ce qui est le plus insupportable est de savoir que dans les camps de l'horreur nazis, c'était des gens innocents et sains qu'on mettait à mort. C'est là toute la différence. Il faut donc, à mon humble avis, avoir un regard plus intérieur pour comprendre la différence entre ce que ces gens souffraient et ces photos risibles qu'on expose à présent, parfois avec une certaine complaisance, en disant que tout était beau et merveilleux, s'aidant pour cela des témoignage des rares rescapés. L'horreur nazi montre des photos de l'innommable, l'horreur de ce sanatorium nous revendique une vision de la vie plus que tout, la vie pour cacher la mort toute puissante. C'est un mensonge bien humain, mais c'est un mensonge pour interdire le fait que dans ce lieu les trois quarts des gens allaient y mourir. A prendre donc avec précaution que ce parallélisme, mais il est à considérer tout de même, afin de mieux comprendre ce que c'est que l'impuissance, le silence et ces fantômes, ou plutôt, cette mémoire sans repos qui s'attache aux lieux et parle parfois à certains vivants de sa douleur sans remède...
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