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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Alecto » Mar Septembre 20, 2011 21:03

J'écris pas mal, pour moi-même en fait.

Un petit texte qui date un peu:

Il est assis au coin de cet immeuble de grand standing, avec son chien. Il regarde, ou plutôt il voit. Tout ses gens qui font semblant de ne pas le voir. Qui s’efforcent d’ignorer sa dérangeante présence, qui s’efforcent de ne pas l’avoir remarqué. Il a renoncé à ouvrir la bouche pour demander une pièce de monnaie. Il a renoncé à tout. Il a renoncé à se lever, à se laver, à manger. Sa seule compagne est une bouteille à moitié vide de mauvais vin. Et sa chienne. C’est seulement pour elle, quand elle le regarde avec ses yeux meurtris par la faim, qu’il tend la main dans l’espoir toujours plus déçu de recevoir. Elle et l’ivresse. Elle et le froid. Elle est la nuit. Sa seule camarade. La camarde. Celle qui a emportée tant de ses amis, si on peut nommer ça des amis. Quand le froid est là. Quand la ville prend son manteau de givre. Quand il faut marcher des heures pour découvrir un coin ou il fasse moins froid. Une bouche de Metro ouverte. Un porche non surveillé.
Mais là il fait beau. Les gens ont remis leurs habits légers. Leurs costumes clairs. Les jupes volantes des femmes. Douces au toucher. Aussi douces que l’intérieur des cuisses qui se cachent dessous. Aujourd’hui, pas une seule ne croise sont regard vide et morne d’ivrogne des rues. Pas une seule ne le voudrait.
Assis dans le coin de ce grand immeuble de verre, il contemple la vie. Le monde auquel il n’appartiendra jamais plus. Avant oui. Avant, lui aussi portait des costumes clairs l’été, lui aussi caressait doucement l’intérieur des cuisses de sa femme qui aimait ça. Lui aussi courrait a perdre haleine de rendez vous en rendez vous, à tout les coins de la ville. Lui aussi ignorait de sa belle et haute indifférence, sur de son rang social et de sa place, les êtres rampants et suppliants au sortir des Metro. Sur de lui-même. Sur de la vie qui lui a fait un croche patte si magistral qu’il ne s’en ai jamais relevé. Sur de tout. Allant et venant. Tournant. Faisant des courbettes aux uns et aux autres. Disant amen à tout. Et étant, en vérité, plus sale qu’a présent.
Mais tout cela est bien vain et il le sait maintenant. Plus rien ne sert de penser à cela. C’est comme ça. C’est la vie. Ou plutôt, songe t-il en tendant soudainement la main, pris d’une impulsion subite ou d’un restant de réflexe, une survie. La jeune femme a un sourire compatissant et fait tomber dans la main rugueuse et cloquée une pièce de quelques centimes d’euros. Ajoutées aux autres qu’il tient dans sa petite cassette en fer blanc, cela fait une petite somme. De quoi survivre encore une journée sous le ciel bleu azur ; lui et sa chienne. Chienne de vie. Jusqu'à quand ?
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Arkayn » Mar Septembre 20, 2011 23:24

C'est un texte superbe,Alecto, plein de regards sur l'homme, de compassion... Chapeau bas !
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Alecto » Mer Septembre 21, 2011 19:46

C'est très gentil merci, puisque j'ai un lecteur, je peux peut être mettre autre chose, dans un style différent? C'est un peu long, je ne sais pas comment faire à part faire plusieurs posts d'affilés...
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Arkayn » Mer Septembre 21, 2011 23:22

Tu peux peut-être faire un fichier sous Word ou en PDF et l'envoyer sur le forum (comme quand on intègre une photo). Ou si ça ne marche pas, je peux l'héberger.

Personnellement, je suis preneur de ta prose.
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Message par Alecto » Jeu Septembre 22, 2011 12:09

Je vais essayer ça ce soir, sinon pour info, il y a mes nouvelles sur le site de l'encyclopédie :wink:
Avec celles de beaucoup d'autres membre,s qui sont, à mon sens, d'une extrême qualité! :D



Edit: Merci pour les explications Arkayn, voici comme promis une petite nouvelle, d'un genre très différent:
Vous n’êtes pas autorisé(e) à consulter les fichiers insérés à ce message.
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Kahlan » Mer Novembre 23, 2011 17:34

Au vu des évenements passés parfois très durs dans ma courte vie (bientôt 32 quand même, lol) et comme ceux-ci commencent furieusement à me peser dans mon esprit, j'ai décidé depuis peu de commencer à écrire...Mes mémoires ! Pour moi seule seulement, juste pour me délester de ce "poids".. :shock:
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par nirfosca » Jeu Novembre 24, 2011 13:20

Je ne le fais pas mais je trouve que c'est une super idée de coucher sur papier son quotidien, sa vie actuelle, les anecdotes du jour et tout le toutim.
Les relire des années plus tard, c'est comme ouvrir un album photo oublié.
Neil Armstrong a écrit :Merci pour tout nirfosca

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Kahlan » Jeu Décembre 01, 2011 11:38

En tout cas ça aide... Ce n'est pas vraiment un journal de bord ou un journal type "journal intime", plutôt une sorte de biographie, depuis le début (Bon, pas de souvenirs en étant bébé, bien sûr, mais a partir de 2-3 ans, ça commence à être bien marquant). C'est fou, car des souvenirs qu'on croyait bien enfuis remontent d'un coup à la surface.. Et c'est parfois pas bien gai. :?
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par lolaa » Lun Janvier 09, 2012 16:16

J'ai trouvé ce forum par hasard... cool je vais aussi partager mes trouvailles.
[lien supprimé par la modération]

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Roger CHEHET » Lun Janvier 09, 2012 16:24

lolaa a écrit : je vais aussi partager mes trouvailles.



Es-ce vraiment nécessaire ici ce genre de littérature à deux balles ?
Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux c'est son gouvernement !

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Veganne4 » Sam Avril 21, 2012 10:33

Ouah, Alecto, je plussoie Arkayn avec enthousiasme, il est magnifique, ton texte ! Va falloir que j'aille lire 'La Louve' aussi !

Pardon pour le retard à l'allumage, ça fait un moment que j'ai repéré ce fil mais c'est seulement aujourd'hui que je me décide à l'ouvrir... L'écriture étant un sujet sensible chez moi...

Suis en train d'écrire une histoire fantastique à base de fantômes-mais-ce-n'est-pas-aussi-simple...! Bientôt fini (je cale un peu sur la dernière scène qui promet d'être considérablement difficultueuse). Le hic, c'est que j'avais l'intention de l'écrire en même temps en français et en anglais (je suis bilingue), mais que comme je préfère écrire en anglais...................! (SALOPERIE de passé simple, je le hais !)

Bon, c'est pas tout ça, mais faut que je m'attaque à mon ménage, moi... Je m'absente pdt une semaine à partir de lundi, faut que tout soit propre pour honorer la gentille dame qui va nourrir mes chats ! (je hais le ménage à peu près autant que le passé simple)

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Alecto » Lun Mai 21, 2012 15:01

J'avais pas vu ce gentil message, je te remercie. :wink:
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Feraud » Mer Juin 20, 2012 16:36

Bigre Alecto, je viens de lire tes deux textes.
Tu as indéniablement beaucoup de talent.
As tu déjà songé à te faire publier ?
"L'opinion est quelque chose d'intermédiaire entre la connaissance et l'ignorance." Platon.

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Alecto » Ven Juin 22, 2012 12:58

Aucunement, j’attends mon œuvre majeure, celle de la maturité tout ça... :mrgreen:

En fait, comme beaucoup, j'écris d'abord pour moi. J'essaye de réaliser un roman entier, mais comme je suis perfectionniste et que malheureusement j'ai un métier, j'ai pas le temps de faire toutes les recherches dont j'ai besoin (je suis surement aussi un poil ambitieuse). J'en suis genre à 15 pages quoi... et les seules qui me satisfassent sont des descriptions de crimes atroces et des méthodes d'identification judiciaire du 19ème...

Et aussi, je suis nulle en orthographe, il me faudra des relecteurs avant d'envoyer quoi que ce soit à qui que ce soit, et des relecteurs sacrément courageux!
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par blad » Ven Juin 22, 2012 14:23

Alecto a écrit :Et aussi, je suis nulle en orthographe, il me faudra des relecteurs avant d'envoyer quoi que ce soit à qui que ce soit, et des relecteurs sacrément courageux!


Je suis un dévoreur de bouquin, ça me botterait bien, mais je risque de laisser passer des fautes malheureusement !

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Arkayn » Ven Juin 22, 2012 20:43

Vu la qualité de tes écris, et à raison de 15 pages par an :mrgreen: , je suis volontaire ! :D
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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Veganne4 » Lun Juin 25, 2012 17:58

Je veux bien me mettre sur les rangs - Arkayn pourrait faire les années paires, et moi les impaires (ou le contraire) !

Et on partagerait le 29 février en deux...

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par hermine88 » Sam Juin 30, 2012 18:47

j'ai me bien aussi ce que tu écris, Alecto. la nouvelle, surtout! :wink:

Voici un petit texte sur lequel les avis seraient bienvenus...:

Camp militaire de Birstein, 1938



Le temps était pluvieux. Maja détourna la tête de la fenêtre de l’infirmerie où elle était depuis une semaine. Les sept autres lits étaient vides, leur rideaux tirés dévoilant les matelas nus. Son lit étroit au cadre de métal était le plus proche de la fenêtre. A côté se trouvait une table de chevet, de métal elle aussi, sur laquelle un verre avec un bouquet de fleurs des champs avaient été mis là par elle ne savait qui pendant qu‘elle dormait. Elle sourit en regardant le millepertuis aux jolies fleurs jaunes et aux feuilles percées de mille trous. Sa fleur préférée. Elle devinait qui lui avait fait ce présent. Ivor. L’homme qu’elle aimait.

Une semaine plus tôt, dans la salle d’entraînement où ils s’affrontaient en combat à mains nues, elle avait eu un malaise. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Elle s’était évanouie alors que, au bord de l’épais tapis sur lequel ils combattaient, elle attendait son tour en devisant de banalités avec son amie Marge, jolie femme aux yeux violets bordés de longs cils bruns et à la silhouette pulpeuse. Mais il ne fallait pas s’y fier : Marge était une combattante hors-pair, comme eux tous. Elle avait croisé le regard gris de Virna, une autre femme qui faisait partie de leur groupe et avec laquelle elle ne parvenait pas à s’entendre, et puis plus rien. Elle s’était réveillée quelques jours plus tard. Le médecin avait semblé plutôt inquiet, lui avait-on raconté, et avait même fait appel à du personnel médical extérieur au camp. Mais elle était tirée d’affaire, avait assuré le docteur Lacker, et pourrait certainement sortir dans la journée, avait-il ajouté, voyant combien elle était impatiente, maintenant qu‘elle se sentait mieux. A cette heure, au milieu de la matinée, Ivor devait être à l’entraînement, avec les autres. Il passerait la voir durant la pause du déjeuner, comme il le faisait depuis qu’elle était tombée, après avoir eu l’impression qu’une lumière verte lui dévorait le crâne.
C’était le dernier souvenir qu’elle avait. Après, le noir avait remplacé le vert et elle ne se rappelait rien. Elle avait eu peur, lorsqu’elle s’était réveillée, dans la salle d’opération remplie de monde et de matériel médical dont elle était bien incapable de deviner la fonction. Le docteur Lacker était près d’elle, très pâle. Il lui avait pris délicatement la main et elle avait compris à ce moment qu’elle était passée très près de la mort. Aujourd’hui encore, elle se sentait faible et vaguement nauséeuse. Le docteur n’avait pu lui expliquer les causes de son malaise, ni à quoi était dû cette lumière verte dans son crâne. Il y avait aussi ce fourmillement bizarre à la base de sa colonne vertébrale. Elle avait le souvenir de gens en blouse blanche autour d’elle, infirmières et médecins étrangers au camp, et de piqûres à cet endroit. Le fourmillement était sans doutes lié au traitement qu’ils lui avaient administré pour la sauver. Elle en parlerait au docteur, avant de sortir. En attendant Ivor, elle s’habilla et tenta de se rendre présentable avec les maigres affaires de toilette de l’infirmerie. Heureusement, ses cheveux courts et roux, légèrement ondulés, n’eurent besoin que d’un rapide coup de peigne humide pour prendre la forme qu’elle aimait, lissés sur l’avant de sa tête et ébouriffés à l‘arrière. C’était sa pâleur et surtout ses cernes qui la gênaient. Elle se mordit les lèvres, qu’elle avait charnues et bien dessinées, pour les rendre plus rouges. Ivor l’avait vue couverte de boue et tombant de sommeil après deux jours passés à manœuvrer dans les bois. Il ne se formaliserait pas de ses cernes. Après quelques nuits de bon sommeil, il n’y paraîtrait plus! Elle regarda dans la glace ses yeux verts, en amande, surmontés de sourcils fins, arqués, son visage triangulaire au front haut et au menton qu‘elle trouvait trop pointu. Mais, prise d’un léger vertige, elle retourna s’allonger. Il était encore tôt, autant en profiter pour se reposer!

Elle fut réveillée par des bruits de pas dans le couloir. Ivor! Enfin! Elle se frotta les yeux, et pinça ses joues et ses lèvres pour se donner quelques couleurs avant de se redresser sur le lit. Elle constata, soulagée, qu’elle n’avait plus de vertiges, du moins tant qu’elle était assise. Pour être honnête, elle ne se sentait pas très bien mais elle avait hâte de quitter cette pièce et de retrouver ses compagnons. Cette après-midi, ils travaillaient avec les chiens. Elle n’aurait pas beaucoup d’efforts physiques à fournir. Fugitivement, elle pensa à la guerre qui se préparait et au malaise que cela lui inspirait. Depuis l’accession au pouvoir de Hitler, elle n’aimait pas la tournure des évènements. Ni pour l’Allemagne, ni pour le monde, si le Furher réalisait ses plans.
Ici, malgré le fait que cela fut un camp de l’armée nazie, ils étaient isolés, comme hors du monde. Elle n’était pas SS. Les SS n’acceptaient pas de femmes. Leur mission à eux douze était toute différente, se répéta-t-elle pour la centième fois. Ils n’étaient pas destinés à faire la guerre mais à…Autre chose. Ils s’entraînaient dans le plus grand secret, dans cette base reculée, depuis plusieurs années maintenant. Leur but n’était pas tant de se battre, que de comprendre scientifiquement ce qui faisait un bon combattant. C’était dans ce but que l’armée avait mis ce camp à leur disposition et fourni tout le matériel dont-ils avaient besoin. Une fois de plus, Maja s’interrogea sur ce qu’ils étaient réellement. Leur organisation, leur entraînement, tout était militaire… Mais pour quelle armée, en réalité? Aussi doués fussent-ils, ils ne sortiraient pas du centre de Birstein pour faire la guerre… Ils étaient douze à avoir été choisi par cet homme qu’ils n’avaient jamais vu et qui se faisait appeler Wotan. Ils participaient pour lui au Projet Fenrir. Mais au fond, ils ignoraient beaucoup de choses. Ils ignoraient par exemple pourquoi Wotan les avait choisis eux. Ils étaient tous orphelins et jeunes, doués pour le combat, mais c’était bien tout ce qu’ils avaient en commun. Cependant, elle se plaisait à Birstein. Elle s’y sentait chez elle, à son aise, elle qui avait passé les premières années de sa vie dans un orphelinat… Et puis, ici, elle était avec Ivor.

Le jeune homme entra, suivi du docteur Lacker. Elle le trouvait beau. Grand, fin, il avait les cheveux bruns, coupés courts. Ses yeux verts, surmontés de sourcils droits et noirs, avaient la même couleur que le feuillage des arbres, au printemps. Ses pommettes hautes, la fossette qu’il avait au menton et celle qui se dessinait sur sa joue quand il souriant, tout en lui plaisait à la jeune femme. Elle se leva pour aller à la rencontre des deux hommes, vacillant un peu sur ses jambes, mais réussissant à le cacher. Elle leur sourit :

« -Alors c’est bon? Je peux sortir, docteur? »

Embarrassé, le docteur la détailla un moment. Lui trouvant des couleurs, il n’eut pas le cœur de décevoir la jeune femme :
« -Oui, je vais vous laisser sortir. Mais si vous ressentez des maux de tête, des vertiges ou…Quoi que ça soit d’autre, surtout, revenez! Nous ne voudrions pas vous perdre, frau Von Hoften… »

Elle lui sourit, découvrant ses jolies dents bien alignées et se blottit dans les bras de son compagnon qui la serra contre lui en lui embrassant les cheveux. Le fourmillement attendrait un peu. Elle eut peur, si elle en parlait maintenant, que lacker changeât d’avis et ne voulut lui faire passer d’autres examens, retardant sa sortie. Elle avait besoin de respirer!
Riant tous les deux, Ivor et Maja sortirent après avoir dit au revoir à Lacker et se rendirent au mess où ils avaient juste le temps de prendre une rapide collation avant l’entrainement de l’après-midi. Maja n’avait pas faim, assise à côté d’Ivor, entourée de leurs amis. Elle se força à sourire et grignota un peu de pain. Elle commençait à avoir mal à la tête. Les autres avaient fini leur repas. Tous sortirent.

Dans le grand champs, à l’écart de ses compagnons, Maja se sentait nerveuse. Elle avait maintenant très mal à la tête et le fourmillement à la base de sa colonne vertébrale s’était amplifié. Elle hésita un moment à retourner voir Lacker, mais, déjà, on amenait les chiens. Si elle se sentait trop mal, elle arrêterait. On lui amena sa chienne, Balka, une magnifique bête, docile et affectueuse. Mais au lieu de se frotter contre elle, lui donnant de grands coups de langues sur les mains en réclamant des caresses, la chienne grogna, les poils hérissés, refusant d‘approcher la jeune femme. « Je suis trop nerveuse! », se dit Maja. Un instant, elle regarda les autres qui s’étaient déjà mis au travail, faisant obéir leur chien sans difficulté. Virna croisa son regard, occupée à faire effectuer à son chien un parcours au cours duquel il devait sauter plusieurs haies d’affilée. Le fourmillement se fit plus fort. Elle ne pourrait visiblement rien faire de bon aujourd‘hui.
Elle interpella Ivor et lui dit qu’elle retournait voir le docteur Lacker. Le jeune homme lui proposa de l’accompagner mais elle refusa, répugnant à se montrer en état de faiblesse à l’homme qu’elle aimait. Préoccupé la main négligemment posée sur la tête du chien-loup assis à côté de lui, il la regarda partir. Il aurait dû lui parler, la prévenir de ce que Lacker avait fait.

Au lieu de se diriger vers l’infirmerie, Maja obliqua vers la forêt. Elle s’arrêta devant la haute clôture de grillage, se tenant maintenant la tête à deux mains. Le fourmillement était devenu atroce et remontait à toute vitesse le long de sa colonne. Pourquoi avait-elle quitté l’infirmerie? Elle n’allait pas bien du tout! Arrivant de sa nuque, un lumière verte lui emplit bientôt la tête, obscurcissant sa vision. La douleur fut fulgurante. La jeune femme tomba sur les genoux, se tenant toujours les tempes, en criant. Puis le vert fit place au noir et elle perdit connaissance.

Elle ouvrit les yeux. Le mal de tête avait disparu. La lumière verte également. Elle sentait le soleil et le vent sur la peau nue de ses bras. Les oiseaux chantaient au loin. Mais autour d‘elle, c‘était le silence. Elle se redressa précautionneusement. Elle n’avait plus mal, et les vertiges avaient disparu eux aussi. Elle se demanda combien de temps elle était restée inconsciente. Pas très longtemps à en juger par la position du soleil. Elle se releva complètement et regarda autour d’elle, un peu désorientée. Elle se rappelait avoir été en route pour l’infirmerie. Elle se figea : la clôture était déformée. Le grillage était tordu, comme fondu, sur toute la portion qu’elle voyait et même arraché par endroits. De la fumée, épaisse et noire s’élevait du camp. Une odeur de caoutchouc, de bois brûlés parvenait jusqu’à elle. Que s’était-il donc passé? Maja courut, prise d’un affreux pressentiment.
Tout était détruit! Des cadavres jonchaient le sol. Les cuisiniers, les maîtres chiens et leurs animaux et…Ses compagnons! Ils avaient été attaqués, la guerre avait éclaté!

« Ivor… »

Elle l’appela et le chercha partout, fouillant les décombres fumants. Quelqu’un courait derrière elle. Elle fit volte-face. C’était lui! C’était lui mais…Il la visait avec son arme. Elle voulut aller vers lui, le prendre dans ses bras, soulagée qu’il n’ait pas été tué. Il l’arrêta :
«-Ne bouge pas! Comment as-tu fait ça?
-De quoi tu parles?
-Tu as tout détruit! Tu les as tous tués? Comment t’as fait?
-Moi? Tu délires, Ivor! Je me suis évanouie près de la clôture, là-bas… »,

Elle accompagna sa phrase d’un geste de la main pour montrer où elle se trouvait.

« -Je t’ai dis de ne pas bouger! Lacker avait raison! Il m’avait dit de te surveiller! Tu es dangereuse! Tu es…Un monstre! »

Ivor arma son pistolet et la mit en joue.

« -Ivor qu’est-ce que tu fais? C’est moi, Maja! Je ne comprends rien à ce que tu racontes, rien à ce qui se passe! Qui nous a attaqué? Qu‘a dit Lacker?»

Le jeune homme ne l’écoutait pas. Il l’avait vue, se promenant dans le camp, semant la mort et la destruction, entourée d’un étrange halo verdâtre qui semblait émaner d’elle. Les gens mouraient sur son passage, comme foudroyée. Il n’avait rien pu faire. Elle était dangereuse! La Maja qu’il aimait n’existait plus et il devait détruire cette créature avant qu’elle ne le tue. Il évita de regarder les yeux verts qu’il aimait tant, les traits fins, le visage triangulaire, tout ce qui, le matin encore, faisait battre plus fort son cœur. Il visa le front de la jeune femme et tira.

Elle ne bougea pas. Un froid qui venait de l’intérieur de son corps la recouvrait entièrement. Ivor voulait la tuer. L’homme qu’elle aimait ne l’avait pas même écoutée. Elle allait mourir de la main de son amant et elle ignorait pourquoi.
La lumière verte sortit des yeux de Maja, arrêtant la balle qui fit demi-tour, à pleine vitesse, touchant Ivor à la poitrine. Le jeune homme lâcha son arme et tomba à la renverse. Surpris, incapable de bouger, il fixa le ciel bleu au-dessus de lui. Son cœur cessa de battre.
Hébétée, Maja le regarda tomber, comme au ralenti. Incapable de réagir, d’aller vers lui, l’horreur la frappait de plein fouet. La poitrine contre laquelle encore le matin elle rêvait de se blottir se souleva faiblement une fois, deux fois, puis ne bougea plus. Ivor avait raison. Elle avait tout détruit.
Comme un fantôme, elle tourna les talons et s’enfonça dans les bois sans but, sans raison. Juste mettre un pied devant l’autre. Maja Von Hoften était morte…
Prends garde à ce que tu souhaites, les dieux pourraient te l'accorder.
(proverbe ténébran)

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Blustone » Dim Juillet 01, 2012 15:57

Je suis en train d'écrire mon premier roman. Ce n'est pas facil mais on y croit :wink:
* Des zoondes, envoyez moi des zooondes! :D *

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Lucky20 » Lun Juillet 23, 2012 14:57

Hermine, j'ai beaucoup aimé ton texte !

Au fur et à mesure de la lecture je ne m'attendais pas à cette fin. Quelle surprise !
“Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas"

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par hermine88 » Lun Juillet 23, 2012 17:07

Merci Lucky! :D

En fait, c'est juste le prologue d'un texte plus long... Mais après avoir été à fond dedans pendant quinze jours, je me suis un peu emmêlée dans l'histoire, et donc je suis en pause!
Prends garde à ce que tu souhaites, les dieux pourraient te l'accorder.
(proverbe ténébran)

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Veganne4 » Mer Juillet 25, 2012 17:02

Blustone, on fait un cercle d'ondes si tu veux !

Toujours pas écrit ma dernière scène... Envoyé mon texte à une copine américaine qui le révise et on discute les corrections. C'est fort sympathique et on s'amuse bien, mais c'est un sacré boulot, et faut que j'écrive ma dernière scène rogntudju!

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Re: Qui écrit quoi ?

Message par Lumière Verte » Jeu Octobre 04, 2012 15:07

J'ai écris ca, sur un coup de tête, après avoir scruté ce topic que curieusement je n'avais jamais vraiment lu, ca m'a donné envie, félicitations aux différents auteurs, ca parle d'un jeune, la vingtaine, dans une société morose, un contexte difficile, qui rentre chez lui après le boulot et s'interroge sur son être, le sens d'une vie actuelle, la sienne.

C'est totalement déprimant, plutôt noir, si t'as pas le moral, next :mrgreen: :arrow:

C'est sans doute pleins de fautes et mal ponctué, entre autre :P , mais bon c'est l'intention qui compte.

La bulle :

Me revoici, seul, las, installé devant mon monde virtuel, le monde à portée de mains, devant moi, quelle chance, n’est-ce pas ?

TV dernier cri, PC de course, dernier IPhone fraichement sorti, panoplie vestimentaire de mode passagère, je regorge de tout ce que je ne suis pas, à vrai dire je semble possédé par mon être fictif, loin de moi, loin de la raison, j’ai par dépit choisi la ligne tracée par d’autres automates semblables.

Autour de moi, la vie se déroule à l’allure folle de l’expansion des nôtres « les civilisés », sous mes yeux, ici-bas, regardant du haut de ma fenêtre du premier étage, la jungle urbaine, la rue, théâtre rectiligne de scènes de vie grandeur nature.

Un évènement particulier a attiré mon attention, je ne viens que rarement voir le microcosme évoluant dans les rues jonchant mon modeste appartement, un instant surréaliste, une femme distribuant des prospectus nous sert sa soupe indigeste de fin des temps, un spectacle étrange, certains rient, d’autre s’éloignent, d’autre encore s’offusquent et réclament le silence face à la hargne déployée par celle-ci à faire valoir ces certitudes.

Une scène parmi tant d’autres dont on se lasse habituellement au quotidien, souriant et dépité à la fois je retourne au rituel habituel d’une lugubre vie.

Clavier, souris, écran, connection, je scrute la toile, sondant les pages brumeuses de réseaux sociaux, triste voyeurisme d’amis que je ne connais pas, peu importe, je semble faire parti du monde bien que je n’ai jamais été aussi seul.

J’y passe tant de temps que j’en ai presque oublié d’exister, décrivant parfois mensongèrement des scènes de vie, vie dont le vide se creuse au rythme du temps perdu, un être comme tant d’autres, en fuite des réalités, monotone.

J’ai de prétendus amis dans le concret, beaucoup, tellement qu’aucun ne se comporterait en tant que tel dans les moments difficiles, je fais de mon mieux pour paraitre, dans l’espoir de devenir.

J’arbore une vie qui n’est pas la mienne, sur de mauvais rails, en quête d’une existence moins absurde, superficielle, j’ai revêtis mon apparat de société, conforme, rassurant, mais illusoire.

Le cirque angoissant du quotidien, guidé par la peur, le jugement, jusqu’à quand ? Comme beaucoup d’autres, je porte le masque, pour cacher mon mal, mes peines, je consolide ma bulle aux parois fragiles. Autour de moi, le néant, la tristesse, façonnés dans la lassitude, immuables.

Bercé dans la douce torpeur noire des jours successifs sensiblement identiques, je navigue en aveugle, fantomatiquement, à travers le temps, guide d’une vie tortueuse, incertaine.

Je travail, du mieux que je peux, durement, le climat social est rude, licenciements, craintes, tensions, la chanson a changée, à présent ma petite entreprise, connait la crise, de plein fouet, ternie par une conjoncture déplorable, triste constat, imparable.

J’ai bien tenté de vivre dans les nébuleux couloirs du temps, happé par l’indicible, l’obscur, lancinante mélancolie ravageuse brisant les espoirs naissants.

Avant toutes choses, avant la déception, avant la désillusion, j’aurais aimé trouver ce qui m’est essentiel, MON être, sans chaines, sans codes, sans masque, sans fuite, trouverais-je un jour dans ce monde névrotique, amassement urbain d’innombrables faux semblants, la joie au dépens de la peur? J’en doute.

Dragon

Re: Qui écrit quoi ?

Message par Dragon » Sam Octobre 06, 2012 14:30

Et si on faisait un "roman à mille mains"?

Pour ceux qui ignorent le principe, on fixe un type de bouquin (par exemple "polar", ou autre), et chacun prend le relais selon son humeur et son inspiration. Un cahier des charges est concocté pour que ça ne parte pas dans tous les sens, et roule ma poule

S'il y a des foroumeur(ses) intéressé(e)s... :wink:

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