La véridique histoire d'un tableau "autoprophétique"...

[la chambre bleue]

La véridique histoire d'un tableau "autoprophétique" (1)

La Roumanie et plus particulièrement, la Moldavie roumaine est un pays mystérieux qui a vu naitre, vivre et mourir des personnages étranges et attachants.

D'importantes communautés dont des Hongrois, des Tsiganes, des Ipovènes s'y sont installés depuis des siècles, mais il y avait, avant la guerre, un importante communauté juive qui fut quasiment massacrée lors de l'holocauste perpétré au cours de la seconde guerre mondiale. Les survivants partiront s'installer dans le nouvel Etat d'Israel,



Mais, revenons, un peu en arrière... C'est à dire, au début du XX ème siècle : là bas, vivait, dans une petite ville de cette région, dénommée Piatra Neamţ ("Deutschstein" ou "le rocher allemand"), la famille Brauner dont le père, chef de famille était très féru de spiritisme. Le fils ainé prénommé Victor, lui aimait la peinture et le dessin, il devint donc tout naturellement artiste. Il partit un jour pour Bucarest, la capitale et étudia à l'école supérieure des beaux arts.

Dans les années 1920, c'est à dire à l'époque du mouvement dada (précurseur du surréalisme) auquel il finit par appartenir, le jeune Victor commença à être connu localement pour ses qualités artistiques et vint à Paris où il fit la connaissance de Giorgio de Chirico et d'autres artistes.

Cependant, ce peintre avait une obsession : Victor Brauner peignait des tableaux dont le personnage principal avait souvent perdu un oeil. Il projeta un jour cette obsession sur lui-même et créa un tableau où il se représenta lui-même avec un oeil crevé. (autoportrait) en 1931.



Ce tableau impressionna beaucoup ses contemporains par le souci du détail que Victor Brauner avait porté à cette oeuvre. Il fut exposé un temps dans une obscure galerie, puis on l'oublia,

Le temps passa et Victor Brauner s'intéressa à la photographie et fit, à Paris, la connaissance d'André Breton, le chef de file du surréalisme. Et celui-ci finit par accepter Victor Brauner au sein de son mouvement en pleine ascension. Victor fit ainsi la connaissance de Miro, Dali, Chagall...



Grace à son art et ses nombreuses connaissances, Victor eut enfin droit, en 1934 à sa première vraie exposition parisienne officielle à la galerie Pierre. André Breton, qui est de plus en plus admiratif, préface le catalogue, ce qui attire immanquablement quelques acheteurs.

Après un passage à Bucarest, en 1935, Victor Brauner revient à Paris en 1938 et partage l'appartement d'Yves Tanguy, peintre aux tableaux étranges et déconcertants... Victor rencontre Jacqueline Abraham qu'il épousera quelques années plus tard, après la libération.

Pour l'instant, rien d'extraordinaire, n'est ce pas ? Mais attendez cela va venir !!

A SUIVRE

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La véridique histoire d'un tableau "autoprophétique" (2)

Dans la nuit du 27 au 28 août 1938, Il y a eu lors d'une rencontre d'artistes, un petit chahut certainement lié à une beuverie entre amis, comme cela arrive chez les artistes toujours un peu exaltés... Irène Hamoir, une poétesse belge a raconté cette petite bagarre d'ivrogne qui opposa en 1938 Oscar Dominguez, retenu par Louis Scutenaire, et Esteban Francés, ceinturé par Victor Brauner.

Dominguez, très certainement bien éméché, lança au visage de son compatriote Esteban Francés une bouteille qui atteint totalement accidentellement, la tête de Victor Brauner et le priva définitivement de son œil gauche, crevé par les débris de verre !



J'insiste sur le côté accidentel de ce fait, car Brauner, juste après cet incident et 7 ans après avoir peint ce tableau, se retrouva exactement dans l'état dans lequel, il s'est représenté dans son tableau de 1931 !!

Stupeur des convives de cette beuverie, car peu d'entre eux ignorent cette coïncidence : Tanguy et Eluard pour citer les plus connus étaient là et purent en témoigner.

Mais Victor Brauner qui a survécu plus de 30 ans à cet accident, ne fut pas étonné plus que ça ! Son obsession sur l'oeil crevé dont il représentait souvent le portrait dans ses tableaux de jeunesse l'avait tout simplement rattrapé !!



Bien sur, ce fut effectivement bien à l'oeil gauche que fut frappé le pauvre Victor Brauner et n'oubliez jamais que les artistes qui font leurs autoportraits se représentent d'après leur reflet dans un miroir... ce qui, là, présenté rétrospectivement donne quand même froid dans le dos !!

FIN

[alalunesdf Profil]

Une autre, une autre.

[redlisterdwarf]

Une autre, une autre.

Une seul? Tu n'est pas gourmand

[alalunesdf Profil]

J'essaie d'être au régime avant les fêtes.

J'adore ses petites histoires.

[la chambre bleue]

Pour en savoir un peu plus sur l'homme à l'oeil énuclé (c'est comme cela qu'il se faisait appeler), voici un site intéressant affichant ses 20 principaux tableaux :

http://www.ricci-art.net/fr/Victor-Brauner.htm

[glissendo Profil]

Je connaissais celle-ci d'histoire. Le surréalisme s'interessait très sérieusement à ce genre de phénomènes (hasard objectif), ainsi qu'à tout ce qui touchait l'ésotérique et le monde du merveilleux.

Yves Tanguy


Esteban Frances


Oscar Dominguez

[tapioka Profil Site internet]

Il a mal joué quand même, moi je me serai peint assis sur une montagne de lingots d'or.

Merci pour ce récit, je ne connaissais aucun des personnages cités.

[RodSerling Profil]

Bravo pour cette histoire qui n'a aucun rapport avec le mauvais œil...mais plutôt un sacré coup du destin

[la chambre bleue]

Il a mal joué quand même, moi je me serai peint assis sur une montagne de lingots d'or.

Merci pour ce récit, je ne connaissais aucun des personnages cités.

Eh bien, en fait, tu n'es peut-être pas loin de la vérité, car cette "aventure" lui a quand même permis une certaine notoriété dans le cercle assez restreint des amateurs d'art...