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Cannibalisme de masse au néolithique
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Cannibalisme de masse au néolithique
Cannibalisme de masse au néolithique
C'est une bien macabre collection que possède la ville allemande de Spire (Rhénanie-Palatinat), plus connue pour sa cathédrale romane. Elle est faite de crânes, de tibias, de vertèbres et autres phalanges. Rien que de très banal pour un dépôt archéologique. Mais ces ossements ont une particularité : tous portent des marques de découpe, de raclage ou de fracture, qui révèlent que leurs propriétaires ont été cannibalisés.
Regardez ces stries, qui courent de la racine du nez jusqu'à la nuque, ainsi que sur les tempes, dit, en exhibant une boîte crânienne, Andrea Zeeb-Lanz, directrice de l'archéologie de ce Land germanique. Elles montrent, sans doute possible, que la chair a été arrachée !" Il faut avoir l'oeil pour distinguer les fines incisions parallèles dessinées par un silex tranchant. Plus loin, c'est un morceau de fémur dont l'extrémité a été écrasée : la forme des tissus osseux atteste qu'ils étaient encore frais lorsqu'ils furent broyés.
Tous ces restes humains proviennent du site néolithique d'Herxheim, proche de Spire. Voilà environ 7 000 ans, des paysans, qui cultivaient le blé et l'orge et élevaient des porcs, des moutons et des boeufs, avaient installé sur ce plateau limoneux un village de quatre à douze maisons dont subsistent les trous des pieux. C'était l'époque où les premiers agriculteurs-éleveurs, prenant la place des chasseurs-cueilleurs du paléolithique, arrivaient en Europe. Ceux d'Herxheim, venus par le nord avec le courant migratoire danubien, appartenaient à la culture du Rubané (entre 5 400 et 4 950 avant J.-C.), caractérisée par les motifs à rubans de ses poteries.
Autour du hameau étaient creusées deux rangées de fossés qui, discontinus, ne pouvaient avoir de fonction défensive, et qui n'avaient pas été aménagés pour servir d'ossuaire, les Rubanés inhumant ou brûlant généralement leurs morts. Dans certaines de ces fosses, les archéologues ont pourtant mis au jour, au cours de fouilles de sauvetage préalables à la création d'une zone industrielle, des dizaines de milliers d'ossements humains.
Lors des premières excavations, à la fin des années 1990, les multiples lésions apparaissant sur les squelettes ont pu faire croire à des massacres. Mais, en 2008, Bruno Boulestin, du laboratoire d'anthropologie des populations du passé de l'université Bordeaux-I, a examiné les fragments déterrés dans l'une des tranchées : près de 2 000 échantillons appartenant à au moins dix individus.
"Les preuves directes de cannibalisme sont impossibles à établir. Mais, ici, nous avons des gestes répétitifs, systématiques, qui concourent à faire penser que les cadavres ont été consommés", décrit le chercheur. Les traces de cassures, d'incisions, de raclage, de mâchement, qui indiquent que les corps ont été démembrés, les tendons et les ligaments sectionnés, les chairs arrachées, les os rompus. Les vertèbres ont été découpées pour détacher les côtes, comme on le pratique en boucherie pour la "levée d'échine". Les calottes crâniennes ont été découpées pour en extraire la cervelle. Deuxième indice : les ossements les plus riches en tissus spongieux et en moelle, vertèbres et os courts, sont sous-représentés, signe qu'ils ont été prélevés.
Un examen rapide des gisements des autres fosses indique qu'ils ont subi les mêmes traitements. Ce qui, sur l'ensemble du site, dont la moitié seulement a été fouillée, porterait à un millier le nombre de victimes d'actes d'anthropophagie. Un charnier dont il n'existe aucun autre exemple dans la préhistoire. "Nous sommes ici en présence d'un événement exceptionnel", souligne Andrea Zeeb-Lanz. D'autres cas de cannibalisme néolithique ont certes été identifiés, notamment en France, dans les grottes de Fontbrégoua (Var), des Perrats (Charente) ou de l'Adaouste (Bouches-du-Rhône). Mais jamais à une telle échelle.
Que peut signifier cette curée, dont les tessons de céramique retrouvés parmi les dépouilles mortelles montrent qu'elle s'est produite sur un laps de temps très court, une cinquantaine d'années tout au plus ? Le cannibalisme alimentaire, permettant de survivre en cas de disette, est exclu. Il aurait fallu une terrible famine pour qu'une centaine de paysans viennent à bout d'un millier de victimes. Les chercheurs se tournent donc vers une pratique rituelle. D'autant que les dépôts d'Herxheim contiennent des débris osseux, où des calottes crâniennes étaient disposées en forme de nid, parsemés de fragments de très belles poteries, d'herminettes cassées, de bijoux en coquillages, de pattes et de mandibules de chien.
Il existe deux grands types d'anthropophagie rituelle, rappellent Jean Guilaine, du Collège de France, et Jean Zammit, paléopathologiste, dans une étude sur les "visages de la violence préhistorique". L'exocannibalisme s'exerce à l'encontre de membres extérieurs au groupe : "Dans la consommation de l'ennemi vaincu, il s'agit moins de se nourrir de son corps que de le faire disparaître à jamais, pour s'approprier sa force, ses capacités d'énergie, son acharnement au combat."
L'endocannibalisme, au sein d'un même groupe social, est "un témoignage affectif, la reconnaissance d'un lien que l'on souhaite maintenir". Cette dernière possibilité est aussi écartée, en raison de la petite taille de la communauté villageoise. Exocannibalisme de guerre, alors ? Il y aurait fallu des raids lointains, d'où auraient été ramenées des cohortes de captifs avec leurs poteries. Improbable donc.
Les découvreurs du site avancent une autre hypothèse. Des populations rubanées seraient venues volontairement de toute la région, avec des prisonniers et leurs céramiques, pour participer à des cérémonies sacrificielles. Des bacchanales sanglantes. "A cette époque, la culture des Rubanés connaît une crise profonde, qui va entraîner sa disparition, observe Mme Zeeb-Lanz. Peut-être espéraient-ils conjurer la fin de leur monde par un cérémonial dont le cannibalisme n'était qu'un élément."
Pierre Le Hir
http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... L-32280184
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- William Lee
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- Inscription : Jeu Octobre 04, 2007 23:09
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Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Dans notre société actuelle, le cannibalisme est un tabou absolu... Mais est-ce qu'il en a toujours été ainsi...?
Pourrait-on imaginer que nos lointains ancêtres aient pratiqué l'anthropophagie comme quelque chose de naturel, de la même façon que nous mangeons de la viande ou que les animaux se bouffent entre eux...?
Pourrait-on imaginer que nos lointains ancêtres aient pratiqué l'anthropophagie comme quelque chose de naturel, de la même façon que nous mangeons de la viande ou que les animaux se bouffent entre eux...?
And so he spoke, and so he spoke,
that lord of Castamere,
But now the rains weep o'er his hall,
with no one there to hear.
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- Cortex 2.0
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- Inscription : Jeu Mai 22, 2008 12:07
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Il existe deux grands types d'anthropophagie rituelle, rappellent Jean Guilaine, du Collège de France, et Jean Zammit, paléopathologiste, dans une étude sur les "visages de la violence préhistorique".
Je ne saurais que trop recommander la lecture de leur ouvrage, baptisé Le sentier de la guerre, qui aborde la question de la guerre, de l'anthropophagie, du sacrifice humain et de la violence préhistoriques avec beaucoup de pertinence.
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Baaaa, quant tu crèves de faim, pourquoi pas ? Sinon, nous pourrions imaginer qu'ils bouffaient leurs ennemis afin de s'approprier leur force ? Dans tous les cas, je ne suis pas encore mûre pour ça. 

Apocalypse 2012 : I'm alive !
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Bon ce soir je fait raclette, je prend le fromage, la pomme de terre, et on bouffe le voisin ! lol
Plus sérieusement, on ne finit pas de découvrir des choses étonnante, et ils doit rester encore de nombreux mystère sur le passé que nous n'avons pas et ne découvrirons surement jamais
En tous cas il ne faisait pas bon vivre en Rhénanie il y a 5000 ans ^^
Plus sérieusement, on ne finit pas de découvrir des choses étonnante, et ils doit rester encore de nombreux mystère sur le passé que nous n'avons pas et ne découvrirons surement jamais

En tous cas il ne faisait pas bon vivre en Rhénanie il y a 5000 ans ^^

- NEMROD34
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
T'as raison !Plus sérieusement, on ne finit pas de découvrir des choses étonnante
J'apprends qu'une raclette se fait sans moi !
Remarques m'inviter à une raclette c'est un coup qui t'endette la famille sur 23 générations!

Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Mdr Nemrod...bah ecoute le voisin est un peu chétif, donc si tu veux venir tu sera le bon..euh bienvenue =) héhé 

La philosophie ne consiste-t-elle pas, après tout, à faire semblant d'ignorer ce que l'on sait et de savoir ce que l'on ignore ?
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Pouah, moi qui prétendait que le cannibalisme était certes présent à cette époque mais pas répandu à grande échelle, voila que ça casse tous mes dires.
Mais bon, en effet, le cannibalisme est un tabou de nos jours, au même titre que la nudité. La société impose des valeurs morales mais on ne se rend pas compte qu'elles sont totalement subjectives et temporelles.
Mais bon, en effet, le cannibalisme est un tabou de nos jours, au même titre que la nudité. La société impose des valeurs morales mais on ne se rend pas compte qu'elles sont totalement subjectives et temporelles.
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
La culture rubanée:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Danubien
Le cannibalisme moderne:
Plusieurs cas d'anthropophagie touchant des villages ou des régions entières ont été rapportés durant les périodes les plus noires de la Russie soviétique. Selon un rapport de la Sécurité d'État, en 1922, « la famine atteint des proportions terribles. Les paysans ont mangé tout ce qui pouvait servir de nourriture, chats, chiens. À l'heure actuelle, ils sont en train de déterrer les morts pour les manger (…). Selon les témoignages des membres du comité exécutif de la volost [canton], le cannibalisme dans le bourg de Lioudbimovka prend des proportions dramatiques. »[6]
De nombreux rapports écrits et témoignages colligés par la section australienne des crimes de guerre du tribunal de Tōkyō et analysés par l'enquêteur William Webb (le futur juge en chef), démontrent que les soldats japonais commirent lors de la Seconde Guerre mondiale des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés et des populations civiles des territoires occupés. Dans certains cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers. »[7]
Selon le témoignage de plusieurs prisonniers, comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué l'anthropophagie sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana qui, avec onze membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori, pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945[8].
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropophagie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Danubien
Le cannibalisme moderne:
Plusieurs cas d'anthropophagie touchant des villages ou des régions entières ont été rapportés durant les périodes les plus noires de la Russie soviétique. Selon un rapport de la Sécurité d'État, en 1922, « la famine atteint des proportions terribles. Les paysans ont mangé tout ce qui pouvait servir de nourriture, chats, chiens. À l'heure actuelle, ils sont en train de déterrer les morts pour les manger (…). Selon les témoignages des membres du comité exécutif de la volost [canton], le cannibalisme dans le bourg de Lioudbimovka prend des proportions dramatiques. »[6]
De nombreux rapports écrits et témoignages colligés par la section australienne des crimes de guerre du tribunal de Tōkyō et analysés par l'enquêteur William Webb (le futur juge en chef), démontrent que les soldats japonais commirent lors de la Seconde Guerre mondiale des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés et des populations civiles des territoires occupés. Dans certains cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers. »[7]
Selon le témoignage de plusieurs prisonniers, comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué l'anthropophagie sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana qui, avec onze membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori, pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945[8].
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropophagie
Ne prenez pas la vie au sérieux, de toutes les façons, vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Lilti a écrit :Pouah, moi qui prétendait que le cannibalisme était certes présent à cette époque mais pas répandu à grande échelle, voila que ça casse tous mes dires.
Mais bon, en effet, le cannibalisme est un tabou de nos jours, au même titre que la nudité. La société impose des valeurs morales mais on ne se rend pas compte qu'elles sont totalement subjectives et temporelles.
Tout comme la monogamie, complètement absurde...

La philosophie ne consiste-t-elle pas, après tout, à faire semblant d'ignorer ce que l'on sait et de savoir ce que l'on ignore ?
Re: Cannibalisme de masse au néolithique
Un cas de cannibalisme neolithique a également été mit en évidence dans le Var. J'en avais fait un exposé, il y a plusieurs années, lorsque j'étais étudiant. Comme quoi il s'agissait d'une pratique relativement étendue.
Edit: Je viens de voir que l'article dont il est question ici y fait référence
Edit: Je viens de voir que l'article dont il est question ici y fait référence

"Je ne connais pas la moitié d'entre vous à moitié autant que je le voudrais; et j'aime moins que la moitié d'entre vous à moitié aussi bien que vous le méritez"
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