Si seulement on avait l'occasion de vivre ces rêves forts réalisables, je crois que nous pourrions nous considérer comme vivant dans une société idéale.
Ceci dit, nous en sommes malheureusement très loin....
Restent de merveilleux souvenirs, quelque part, dans les corridors de notre mémoire......de brume.....
Alors, comme disait l'autre, cueillions vite, hâtons nous, mais pas trop, c'est si furtif et si fragile....
Je crois que toute légende résulte d'un homme qui se souvient d'une femme, d'une femme d'un homme, ou d'enfants leurs parents bien aimés, ou de leur insupportable absence, trahison, départ précoce ou insuffisance à avoir été ce qu'ils auraient dû être. C'est peut-être dans ce jeu de rapports absence/présence que doit se jouer le processus de cristallisation donnant naissance à certaines légendes. Car si ce Havgraar a su inspirer un grand auteur de l'imaginaire, ce n'est pas fortuit. Tout comme la Vouivre a dû être inspiré par quelque insaissable femme, amour impossible ou étreinte interdite......
Comme c'est triste et beau, comme la vie, la mort, et leurs doubles métaphoriques que sont les amours éphémères qui font dire ce merveilleux "oui à la vie qu'on sent et qui passe dans nos veines de façon si intense" et les éternités anonymes avec lesquelles on pense dépasser la mort comme fin, défaite de la chaire, arrachement à ce monde qu'on aime pourtant, qu'on souhaite disparaître avec soi....
Ainsi naissent selon moi les légendes, les histoires, les rapports à la sur-nature, à l'épanchement, au vide, au besoin de dire non pas "je est un autre" mais "je est un avec toi" malgré les opposés, malgré nos différences, malgré nos incompatibilités......
Impossible de se passer les uns des autres, incapable de vivre ensemble, tel est notre destin, quelque soit le Dieu ou autre absurdité qu'on pense caché quelque part. Et même si j'y crois quand même en ce Dieu absent et anonyme, insupportable instance invisible, mais survivant courageusement dans mon espoir d'un ailleurs qui serait un éternel retour des choses bonnes de ma vie, mais avec cette petite immortalité qui nous ferait dire que tout demeure, et que ne trépasse que notre ignoble fatalité à ne pas croire que tout reste fixe quoique mouvant, beau quoiqu'ondulant sous la brise du Dieu enfin avenu à soi......
Croyons donc aux légendes, du moins, humons les comme de délicats parfums de nos productions amoureuses et nos croyances insatiables.
