Le monde de Nemo se meurt PARIS
(AFP) - "Nemo", le poisson-clown du film d'animation des studios Pixar et Disney qui sort en France cette semaine, existe bel et bien, mais peut-être plus pour longtemps: les rivages coralliens qui l'abritent se dégradent à toute vitesse, selon les spécialistes des fonds marins.
"Si on ne change rien, les 600.000 km2 de coraux de la planète seront morts d'ici quelques dizaines d'années", met en garde le Centre National de la mer qui gère l'aquarium Nausicaa à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais).
10% des récifs coralliens sont déjà irrémédiablement condamnés, et 40% sont en danger. Principal responsable du massacre: l'homme, à travers la pêche, le tourisme, les pollutions, mais aussi les prélèvements "sauvages" qui alimentent les aquariums d'Europe et des Etats-Unis.
L'audience du film de Disney offre "une occasion formidable de faire aimer la mer", remarque Stéphane Henard, responsable de l'aquarium Nausicaa. Sauf si l'engouement des enfants se traduit par une ruée irraisonnée sur les aquariums.
Aux Etats-Unis, le succès de "Finding Nemo" l'été dernier s'est accompagné d'une hausse de 20% des ventes de poissons tropicaux, selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Marine Aquarium Council.
Or, "95% des poissons vendus dans le commerce sont aujourd'hui prélevés dans le monde sauvage", relève Stéphane Henard. Il existe des méthodes "douces", comme le prélèvement de larves qui sont ensuite élevées en aquarium, mais elles sont malheureusement très minoritaires.
La plupart des poissons sont prélevés adultes, avec des pertes très importantes à la fois pendant la pêche et pendant le transport. La pêche à l'explosif (en Afrique de l'est) et la pêche au cyanure de sodium (en Asie), qui facilite la prise des poissons tropicaux en les paralysant, font des ravages sur l'environnement.
20 millions de poissons tropicaux de 1.471 espèces différentes sont prélevés chaque année dans les océans pour alimenter les aquariums en Europe et surtout (85%) aux Etats-Unis, selon le rapport 2003 du Centre de conservation du PNUE (UNEP-WCMC).
10 millions d'espèces vivantes comme les anémones de mer, et 12 millions de morceaux de coraux vivants sont également vendus tous les ans pour décorer des aquariums chez les médecins, dentistes, restaurateurs ou chez les particuliers.
Ce commerce fructueux pèse 200 à 330 millions de dollars par an. "La profession tend à se moraliser sous l'action d'organismes comme le Marine Aquarium council", explique M.Henard. "On peut aujourd'hui posséder un aquarium sans être un fossoyeur de la planète", ajoute-t-il.Le "MAC", une association basée à Hawai, tente de mettre de l'ordre dans le commerce aquariophile, en accordant un label aux fournisseurs respectueux de l'environnement. Il est malheureusement peu présent en Europe.
Le commerçant doit obligatoirement fournir la provenance du poisson vendu. Un poisson d'élevage coûte 20 à 30% plus cher, mais sera plus solide car exempt de parasites et adapté à la captivité.Encore plus simple: aller voir Nemo et ses amis dans un vrai grand aquarium. Ceux qui sont membres de l'Union des conservateurs d'aquariums de France (Nausicaa, Océanopolis à Brest, le Musée Aquarium de la Porte Dorée à Paris, l'aquarium de La Rochelle notamment) se sont engagés dans une démarche de sensibilisation à l'environnement.Source :
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