Expliciter une représentation type de l'Enfer est un exercice délicat qui implique une compréhension d'ensemble en matière de mythologie, de philosophie, de théologie, voire d’anthropologie. La résumer sur la base de quelques allégories prises individuellement, c'est prendre le risque de passer à côté d'une conception qui occupe les pensées depuis l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui l'on commence par exemple tout juste à comprendre l'impact suscité par les rites funéraires et le culte des morts à l'ère du Paléolithique, laissant à supposer que la question de la vie après la mort n'était déjà pas étrangère à nos très lointains ancêtres. L'histoire des civilisations apporterait suffisamment de grain à moudre pour rédiger une thèse complète sur ce qui préfigure l'Enfer et ses différentes représentations...
Pour ce qui se rapporte au christianisme proprement dit, il y aurait là encore de quoi faire la part des choses. Le "feu éternel" auquel Saint Athanase et Saint Augustin se réfèrent a longtemps fait la part belle aux interprétations les plus fantaisistes nourries par une imagination particulièrement fertile. Les prédicateurs de nos cathédrales en ont été de brillants exemples lorsqu'il s'agissait de décrire par le menu les tourments infligés aux âmes impies. Plus d'un paroissien a dû en avoir chaud aux fesses
La représentation d'un Dieu vengeur, particulièrement en vogue au Moyen-âge, ne correspond plus à l'interprétation moderne d'un Dieu de tolérance, d'amour et de rédemption véhiculé dans les textes bibliques. Une raison de plus pour ne pas interpréter chaque image véhiculée au sens littéral.
Père Fouras a écrit:
De même dans le credo on dit que Jésus est descendu AUX ENFERS et non pas en enfer, ce qui signifie qu'il est descendu aux enfers de la religion grecque et d'ailleurs ce qu'il y fait est plus conforme à la vision grecque des enfers que de la chrétienne.
Là encore, attention à ne pas tout interpréter au pied de la lettre. Les premières versions du Credo n'ont jamais utilisé cette formule qui n'est apparue tardivement qu'après plusieurs siècles à la suite de la mort du Christ. En terme d'interprétation, l'histoire de l'Eglise a émis plusieurs hypothèses qui se réfèrent bien moins à un lieu purement géographique qu'à une symbolique spirituelle. On se réfère donc davantage à l'idée selon laquelle ce qui était mort devient vie, annihilant ainsi toute forme de corruption de l'âme en rétablissant le chemin premier vers Dieu.
Altalucky a écrit:
Par exemple, une personne qui respecte au pied de la lettre fidèlement les principes et les lois dictées dans un Livre Saint (quelque soit la religion et sans remettre en cause en quoique ce soit, le principe des Religions), mais sans vraie volonté de le faire mais juste parce qu'on lui a dit de le faire, cette personne, donc, est elle plus vertueuse que son voisin beaucoup moins pratiquant (voir pas pratiquant du tout) mais qui va faire actes de bontés parce que c'est réellement dans sa nature et totalement désintéressé ?
C'est tout le problème, car on touche ici à la liberté individuelle de chacun(e) qui se matérialise par la capacité à décider de ses actes en son âme et conscience. L'obscurantisme auquel tu fais allusion est un problème très complexe auquel vient souvent se joindre une mauvaise interprétation des textes compris dans un sens purement littéral puis détournés de leur fonction initiale. La théologie, sous ses différents aspects, a par exemple beaucoup contribué à appréhender la nature Divine sous un angle plus philosophique. Que la théologie soit aujourd'hui enseignée dans les instituts universitaires ou via des conférences la rend accessible à tout un chacun, elle permet donc une approche moins stricte des textes bibliques en favorisant un dialogue.
Mais pour rejoindre l'idée que tu évoques, il n'est nullement besoin (et heureusement d'ailleurs...) d'adhérer à une quelconque religion pour éprouver la volonté de faire le bien autour de soi. Par extension, et plutôt que de juger et d'entrer dans le comparatif de ce que vaut son voisin, être conscient(e) de la nature et des conséquences de ses propres actes est déjà un défi personnel qui mérite que l'on s'y attarde
