tapioka a écrit:
si ces âmes sont si évoluées, et si elles sont censées aller et venir entre leur état éthéré et la vie mortelle depuis des millénaires, comment ça se fait que l'apparition de l'Homme dans ce monde ne se soit pas fait directement avec des connaissances pointues, une approche plus rationnelle de tout un tas de sujet
C'est tout le paradoxe de l'âme, mais surtout celui des diverses religions.
Si quasiment toutes (je n'ai pas vérifié si ce n'est pas toutes) reconnaissent que l'homme, voire l'animal ou les végétaux ont une âme, son interprétation est très diverse. Je simplifie un peu la suite pour une meilleure compréhension, en espérant ne pas trahir l'esprit des divers croyances (amis croyants de tout bord, ne me tapez pas dessus, svp).
Ainsi, pour les chrétiens, l'âme est immortelle et crée par dieu à la naissance de l'enfant. Lors du jugement dernier, l'âme rejoindra le corps du mort (qui pour le moment est soit au paradis, au purgatoire ou en enfer) et ils ressusciteront ensemble pour une vie éternelle. Il n'y a donc qu'une seule résurrection. Les enfants naissent donc avec une âme "neuve" et sans expérience.
C'est assez semblable pour les juifs, mais l'homme est lui-même une âme. À sa mort, il retourne au néant (le Shéol), jusqu'à sa résurrection. Il n'y a pas de paradis, etc intermédiaire.
Pour les musulmans, l'âme est soit un vaisseau (sunnites) qui transporte l'homme vers son créateur, soit l'attribut animé (chiites) qui reçoit son jugement lors du passage vers l'au-delà.
Pour les animistes, l'âme n'appartient pas à l'homme, l'animal, les pierres ou tout élément naturel, etc mais est un esprit protecteur. Il n'y a donc pas de naissance de l'âme à proprement parler.
Idem pour le chamanisme, qui est très proche de l'animisme, mais où l'homme est censé pouvoir communiquer avec les esprits et non être sous leur influence/protection.
Pour les égyptiens anciens, il n'y a pas d'âme à proprement parler mais neufs principes qui se conjuguent : le corps [djet], image matérielle du grand corps céleste, le ka, dynamisme créateur, l'âme [ba] possibilité d'incarner le divin sur cette terre, l'Ombre [shut], reflet de la vérité, l' akh, lumière de l'esprit, le Cœur [ab], siège de la conscience, le sekhem, puissance de réalisation, le Nom [rèn], vérité ultime de toute création et le sakh, corps spiritualisé.
Pratiquement, il n'y a donc que le pharaon qui est censé avoir une âme et elle repart avec lui à sa mort.
Dans le védisme, brahmanisme et hindouisme, l'âme est une parcelle d'énergie, logée dans le cœur, siège de la conscience, comme chez les égyptiens. Et comme chez ces derniers, elle disparaît à la mort de l'individu. Qui a copié sur l'autre ?
Pour les bouddhistes, le citta (la notion la plus proche de l'âme) rappelle aussi les égyptiens. Il désigne, selon le contexte, la conscience, la pensée, l'esprit, l'intelligence ou le cœur, où il siège lui aussi. Il désigne l'esprit au sens large. Sans nature propre, il n'est pas question pour elle d'une quelconque survie après la mort. Le nouveau né ressuscite donc avec un citta tout neuf.
Je crois n'avoir oublié personne. Le point commun à toutes ces religions où il est question d'âme (parfois au sens large), c'est qu'elle ne revient jamais d'une incarnation à l'autre (sauf à la fin des temps pour certaines). Ce qui expliquerait l'absence de connaissances pointues et d'approche plus rationnelle au fil des générations.
Et zut !
