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Grands Mystères: Mythe ou réalité ? A la recherche de la tombe perdue du légendaire Gilgamesh.
BERLIN (AFP) - Une équipe d'archéologues allemands attend impatiemment que la situation se stabilise en Irak pour pouvoir y retourner: une "anomalie", décelée dans le sol de l'ancienne ville d'Ourouk, dans le sud du pays, pourrait être la tombe perdue du légendaire roi Gilgamesh.
Selon Joerg Fassbinder, du Bureau des monuments historiques à Munich (sud de l'Allemagne), des éléments de la structure enfouie concordent avec des desciptions du plus vieux livre connu au monde, des tablettes d'argile datant de 2.500 avant-J.C qui relatent l'épopée du roi mythique. "Ce pourrait être la tombe", a-t-il déclaré à l'AFP.
Même s'ils mettent en garde contre tout emballement, les archéologues rêvent d'une grande découverte: le site paraît bien être dans un ancien lit artificiel de l'Euphrate et, selon l'épopée de Gilgamesh, le roi-prêtre a été enterré sous le fleuve, qui "s'est divisé" après sa mort. Dans l'état actuel des recherches, effectuées avec des appareils d'imagerie par résonance magnétique, qui permettent de "voir" à travers le sol, "une seule structure correspondant à une construction a été trouvée" sur l'ancien trajet d'un canal relié au fleuve, souligne Joerg Fassbinder. Même si tout le terrain n'a pas encore été examiné.
"On peut interpréter cette découverte comme étant celle de la tombe... Mais ce serait presque trop beau pour être vrai", ajoute l'archéologue.
Le site d'Ourouk est l'un des plus importants sites archéologiques de Mésopotamie, à quelque 300 kilomètres au sud de Bagdad et 150 au nord de Bassorah. Ourouk fut probablement la première métropole de l'humanité. Elle fut occupée pendant 5.000 ans.
C'est à Ourouk que l'on a trouvé les documents écrits les plus anciens du monde: plus de mille tablettes pictographiques, essentiellement des bribes de comptes rendus administratifs et politiques. La métropole était dotée d'un Parlement, composé de deux chambres.
La ville était sillonnée de canaux, et paraissait vivre du commerce avec les pays de la Méditerrannée et du Golfe, poussant même jusqu'à l'Inde. Elle a donné son nom à l'Irak.
Le plan partiel d'Ourouk établi par les chercheurs a permis de confirmer certains des détails mentionnés au fil des poèmes qui retracent l'épopée de Gilgamesh. Les tablettes racontent les faits de bravoure du roi-prêtre, mais aussi sa quête de l'immortalité.
Elles évoquent au passage une inondation catastrophique qui a été mise en relation avec l'histoire biblique de Noé et du déluge.
Mais rien ne permet de dire jusqu'à présent si Gilgamesh a vraiment vécu où s'il n'était qu'un mythe, mi-homme, mi-dieu. La découverte de sa tombe représenterait une énorme avancée pour les scientifiques qui reconstituent ce passé très lointain.
Ricardo Eichmann, de l'Institut allemand d'archéologie et membre de l'équipe, exclut quant à lui que les signes décelés par résonance magnétique soient le caveau. Les "anomalies" constatées par les instruments de mesure sont plus récentes que la structure du canal, affirme-t-il, et pourraient dater de 1.000 ans avant-J.C. Soit 1.500 ans de différence.
Selon lui, affirmer que l'on a trouvé la tombe de Gilgamesh "reviendrait à dire que l'on a découvert celle du légendaire roi Arthur".
Les archéologues ne sont pas prêts d'avoir la réponse. Une équipe devait se rendre sur le site en février, mais le voyage a été annulé à cause de la guerre, a souligné Ricardo Eichmann. En attendant que la situation se stabilise, ils entendent déployer au moins un cordon de sécurité. Contre les pillards, voleurs d'Histoire.