Je ne veux pas les défendre,
Quand je parlais de rigueur scientifique, je veux juste mentionner le fait qu'ils ont décrit leur théorie et ce qui permet de la confirmer ou de l'infirmer. Sur l'article de Futura,
http://www.futura-sciences.com/fr/news/ ... ers_45356/il y a des fluctuations (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Distance_a ... cosmologie) ) qui pourrait être liées à un pré big bang. Le seule chose que je puis dire c'est Wait and See.
Je veux ben que tu mettes en lien quelques remarques représentatives que tu as trouvé sur les Bogdanov
1] Les satellites permettant d’observer le rayonnement fossile sont ainsi qualifiés successivement d’« astronomes de métal » et de « prodigieuse machines métaphysiques » (p. 132) ; allez demander aux physiciens qui ont construit le satellite Planck s’ils ont mis de la métaphysique dedans !
Il me semble que les ouvrages de vulgarisation d'Hubet Reeves ne sont pas exempts d'images plutôt surprenante de la part d'un astrophysicien de renom.
[2] Ainsi : (p. 33) « [la force nucléaire forte] est suivie par la force électromagnétique qui est 137 fois plus petite (mais pas 138 ni 135 fois). » Il y a là, confusion entre la notion de force et d’intensité de la force, mais passons. Les frères Bogdanov semblent ignorer que la physique n’est pas une science aussi exacte que les mathématiques, et que la notion d’« entier naturel » est une notion mathématique, mais rarement physique. L’exactitude n’est pas de ce monde, et les physiciens font des mesures, y compris des constantes fondamentales, comme la constante de structure fine dont il est en fait question ici, qui sont entachées d’erreurs. Donc la valeur de cette constante (sans dimensions) ou plutôt de son inverse ne vaut pas 138, ni 136, ni 137, d’ailleurs, puisqu’elle vaut 137,035999679(94) avec une incertitude sur les dernières décimales. Nul besoin d’invoquer quelque chose de « surnaturel » pour expliquer la valeur de cette constante !
Dans la discution sur la théorie des cordes, il y a un long passage sur ces constantes et que le fait de les faire varier d'une infime fraction rendrait la vie impossible dans l'Univers. N'étant pas un très grand fan des constantes fondamentales ( la vitesse de la lumière par exemple) Pourquoi devrais-je donner plus de crédit à la théorie des cordes plutôt qu'à la théorie du "best of multivers"?
Ou encore (p. 164) : « Par quelle étrange coïncidence la taille d’un homme est-elle égale au rayon de la Terre multiplié par celui d’un atome ? Pourquoi, de la même manière, la masse d’un être humain est-elle égale à la masse de la Terre multipliée par la masse d’un atome ? » Là, je ne peux qu’inviter les frères Bogdanov à venir suivre le cours de physique élémentaire que nous dispensons à l’université Paris 7 pour les étudiants en première année : ils apprendraient ainsi que si on multiplie deux masses ensembles, on obtient une masse au carré ; que la multiplication de deux longueurs donne une surface, et non une longueur ! Et que donc des kg$^2$ ne sont pas égaux à des kg. Ou des m$^2$ ne sont pas des m !
J'avais tiqué moi aussi sur ce genre de coïncidence (par exemple taille Mimi Mati * taille atome (lequel?) = taille de quelle planète? )
ua passage, j'ai beaucoup de respects pour Mimi mati et ce qu'elle fait )
[3] Ainsi, p.22, « [...] dans le sillage d’atomes tellement accélérés [...] » : si les Bogdanov avaient ne serait-ce qu’un niveau de deuxième année de licence (bac+2), ils sauraient qu’un atome est électriquement neutre et ne peut donc pas être accéléré ; de surcroît, ce sont des protons (chargés électriquement) qui sont accélérés dans l’accélérateur LHC.
C'est un peut aussi le problème de la vulgarisation, soit on veut faire un ouvrage spécialisé (les cours de RG qe j'ai mis en lien font partie des plus vulgarisés suffit de jeter un oeil sur les autres) soit on fait un ouvrage de vulgarisation et on parle d'atomes au lieu de protons.
Page 33, « [...] sans cette forme de radioactivité [la force faible], le soleil ne pourrait pas briller [...] » encore une assertion d’une imprécision de profane, amalgame entre force faible et radioactivité, qui elle n’est pas une force, mais une conséquence de la propriété de certains noyaux atomiques, doublée d’une méconnaissance totale du fonctionnement du soleil, puisque nulle radioactivité en son cœur, mais des réactions de fusion thermonucléaire ; toujours est-il que si les Bogdanov avaient quelques notions de base en astrophysique, ils sauraient que c’est la force de gravitation qui fait briller le soleil, et non la force faible...
ICI il y a tout un sujet à approfondir. Par exemple : dans l'absolue, la fusion de deux noyau de deutérium pour former un noyau d'hélium ne produit pas non plus de lumière, juste un noyau d'hélium doté d'une énergie cinétique, c'est le déplacement de ce noyau dans le champ électromagnétique; La charge 2+ de ce noyau nouvellement créé, freiné par les charges environnantes, qui produit les photons solaires.
Page 125 : « Bien au contraire la première lumière de l’univers [ie le rayonnement fossile micro-onde] est partout. Dans votre jardin et à l’intérieur de votre voiture. » Là encore, la physique n’est pas assimilée : les micro-ondes, celle de votre four homonyme ou celles du rayonnement fossile pénètrent à travers certains matériaux (les aliments), mais sont réfléchies par le métal (essayez donc de mettre un récipient métallique dans votre four micro-onde, pour voir !) ; peu de chance donc, de voir des photons issus du rayonnement fossile à l’intérieur de votre voiture, il vaudra mieux mettre votre détecteur (comme une antenne métallique réflectrice, à l’instar de celle de Penzias et Wilson) à l’extérieur de celle-ci. Pas de bol, l’exemple est mal choisi !
Pas de remarque particulière, les Bogdanov voulaient dire que l'univers était globalement baigné d'une lumière équivalente à une température de 2.7° K; on retrouve ce genre d'images dans de nombreux ouvrages de vulgarisation.
Page 128, les auteurs attribuent des propriétés « exceptionnelles » à la « lumière » issue du rayonnement fossile, comme celle que pour elle, le temps n’existe pas. En fait c’est vrai pour tous les photons, y compris ceux de votre lampe de poche ou ceux émis par votre téléphone portable ! Rien d’extraordinaire là-dedans...
Je n'avais pas relevé, mais l'auteur de la remarque a raison
Page 132, « Depuis notre monde [comprenez : la surface de la Terre !], noyé dans un brouillard perpétuel de poussières et d’ondes en tous genres, il n’est pas possible de vraiment déceler les infimes détails indispensables à de nouvelles découvertes. Pour entrer dans les profondeurs de la première lumière, il va falloir observer de plus loin. Depuis l’espace. » Certes. Mais ce n’est pas parce que « notre monde est un brouillard perpétuel de poussières et d’ondes » — et je me demande ce que cela signifie réellement — que l’on va observer le rayonnement fossile depuis l’espace : c’est surtout parce que les micro-ondes dont il est composé sont absorbées par la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère (c’est le principe utilisé par le four à micro-ondes). Mais on ne va pas seulement dans l’espace pour ce faire, on peut aussi aller en altitude, avec des ballons, ou en antarctique, où l’atmosphère est particulièrement sèche.
la remarque de l'auteur est inutile, cela fait partie de l'héritage télévisuel des Bogdanovs de parler comme cela. Je trouve que la remarque de l'auteur vaut les pratiques qu'ils dénonce de la part des Bogdanovs.
La façon dont ils décrivent les observations du satellite COBE est naïvement enfantine (p. 139-140) : « Que voit-on sur cette image si étrange, cette sorte de sphère aplatie aux pôles ? d’abord un bain de couleur bleu sombre, comme un océan profond qui couvre tout le globe, de l’hémisphère Nord à l’hémisphère Sud. Puis distribuées çà et là, des taches. Elles s’étirent comme des continents et des îles de différentes couleurs allant du bleu ciel au rouge en passant par le violet. » Pourquoi pas. Si encore par la suite ils expliquaient qu’il s’agit en fait d’une carte projetée de tout le ciel (et non de la Terre), montrant les infirmes variations de températures du rayonnement fossile en fausses couleurs (bleu pour plus froid, rouge pour plus chaud). Et si les illustrateurs de la NASA avaient choisi de coder ces différences de température, non en bleu et rouge, mais en noir et blanc, la description des Bogdanov serait tombée à l’eau, pour ainsi dire !!
Idem que ci dessus
Page 148 : « Tel est l’écart inconcevablement faible que WMAP parvient à déceler : un cent millième de degré ! » Et là, les auteurs ont mal lu le site de la NASA auquel ils se réfèrent si souvent comme dans l’espoir d’en tirer quelque crédibilité, car le satellite WMAP est dix fois plus sensible que COBE, qui pouvait déjà distinguer des variations de température de un cent millième de degré. On parle alors du millionième de degré !
Idem Ci dessus
Pages 189 et 190 on a droit à l’amalgame entre topologie et géométrie de l’univers. Ce qui montre que non seulement nos docteurs en physique théorique et en mathématiques ont des lacunes en physique de base, mais également en mathématiques. La topologie s’intéresse à la forme globale de l’univers (le coup du simplement connexe), la géométrie à sa forme locale, c’est-à-dire à sa courbure. Le texte est ici confus, le lecteur ne sait pas trop où il va, probablement à l’instar des auteurs. On re-enfonce un peu le clou plus loin, p. 196. On parle d’univers sphérique pour évoquer une courbure (locale) positive, tandis que l’on parle d’univers torique pour évoquer sa topologie, donc sa forme globale. Avec, à la clef, une subtile digression sur la conjecture de Poincaré, avec laquelle ils en déduisent (« nous pensons que ») que l’univers est sphérique, en contradiction avec les observations, qui pencheraient plutôt pour un genre de ballon de foot — mais pas un ballon sphérique comme celui des Bogdanov !
Justement c'est ce qu'on cherche à comprendre avec l'espace plat.
Page 191 : « [...] ces mesures convergent toutes vers une densité dite critique dont la valeur est incroyablement proche de 1 [...] » la densité critique de l’univers ne vaut certainement pas 1, il y a confusion ici, avec le paramètre de densité total, qui est un nombre sans dimension égal au rapport de la densité totale sur la densité critique !
Ok sur la remarque, la précision aurait été utile dans le livre.
Page 213 : « Le temps de Planck ! La plus petite fraction de temps que l’on puisse mesurer : 0,000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 1 seconde. » Encore une erreur sur la différence entre théorie et observation ou mesure. Le plus petit intervalle de temps que l’on sache actuellement mesuré, avec des horloges atomiques, est de l’ordre de $10^{-15}$ secondes. Or le temps de Planck est un concept théorique, qui donne également l’âge de l’univers en deçà duquel la physique actuelle ne sait pas aller, faute de théorie quantique de la gravitation.
Ok, mais on ne sait pas si l'univers est pixellisé.
Et pour finir en beauté, page 258 : « Lancé le 14 mai 2009, PLANCK poursuit sa mission extraordinaire. Plongé dans le vide et le froid glacial de l’espace, loin de l’influence gravitationnelle de notre planète et du soleil, loin de tout, il a pour mission d’approfondir le travail de COBE et de WMAP. » Visiblement, les auteurs n’ont qu’une notion très vague de ce qu’est la force de gravitation. Car le satellite PLANCK est en orbite autour du point de Lagrange L2, qui n’est pas le moins du monde loin de tout et encore moins loin de l’influence gravitationnelle de la Terre et du Soleil, puisque c’est un point d’équilibre (instable) au sein de ce système gravitationnel à deux corps.
J'avais tiqué sur ce passage aussi.
Je crois que l'on ne peut se juger sur un livre de vulgarisation pour juger de la valeur scientifique d'une théorie et de ses auteurs.
Il faudrait que je relise une brève histoire du temps.
Cordialement,
Zefram