Une personne de bien plus intelligent que nous a déjà tranché ce débat.
Stephen Hawking nous déconseille de contacter nos voisins extra-terrestres
Le célèbre physicien britannique fait partie des chercheurs les plus connus, autant pour ses travaux de recherche que pour ses ouvrages de vulgarisation scientifique. Ce grand amateur de science-fiction n’hésite pas non plus à mélanger sciences et SF pour mieux appuyer sa pédagogie. Aussi lorsqu’il déclare, dans un docu-fiction prochainement diffusé par la chaîne Discovery Channel, que les extra-terrestres existent très probablement, nous avons affaire à un exercice d’exobiologie spéculative plutôt qu’à un revirement charlatant.
Hawking parie que la vie est certainement présente sur d’autres planètes, mais sous des formes assez modestes : des micro-organismes, des formes végétales ou fongiques, voire des animaux. Bien entendu, toutes ces formes de vie sont imaginées par analogie avec la biosphère terrestre. Ceux parmi vous qui pourront regarder Discovery Channel le 9 mai prochain pourront voir si ce docu-fiction discute également de formes alternatives d’exo-biochimie. En attendant, une phrase d’Hawking prononcée dans ce documentaire a retenu toute mon attention. Pronostiquant l’existence d’autres biosphères, Hawking imagine que des formes de vie puissent être organisées en civilisations avancées, et craint même que certaines d’entre-elles soient « des nomades cherchant à conquérir et à coloniser » de nouvelles planètes. Aussi se montre-t-il très critique avec les programmes cherchant à adresser des messages à d’éventuels E.T., estimant que communiquer avec eux pourrait se révéler « trop risqué » .
Souvenons-nous à notre échelle de la découverte du Nouveau Monde par les Européens. Technologiquement plus avancés, avides des ressources de ce continent, les colons n’ont pas hésité à massacrer les autochtones indiens afin d’occuper leurs territoires. Le choc des civilisations a également été destructeur pour les civilisations précolombiennes et les tribus indiennes. Hawking craint qu’un tel scénario se reproduise en cas de visite extra-terrestre, mais avec une différence technologique encore plus accrue.
Pour mieux comprendre ce qu’Hawking veut dire, il faut utiliser un classement spéculatif astronomique fort bien connu des amateurs de science-fiction : l’échelle de Kardashev. D’après cette échelle, les civilisations pourraient être classées en trois catégories basées sur la quantité d’énergie dont dispose une civilisation donnée, selon une progression exponentielle. Les auteurs de science-fiction en ont rajouté quatre autres décrivant leurs univers de space-opéra. Le type I est capable d’utiliser toute l’énergie de sa planète. Le type II collecte l’énergie de son étoile centrale. Le type III puise son énergie de la galaxie elle-même. Actuellement, notre civilisation atteint l’indice 0.7 (1013 W). Nous ne sommes encore qu’une civilisation de type 0 ! Et selon le physicien Michio Kaku, nous n’atteindrons le type I pas avant 2200 au plus tôt, si la recherche technologique actuelle est toujours favorisée dans l’avenir.
Une civilisation extra-terrestre capable de voyager d’étoile en étoile serait au moins de type I ou II. Plus elle dispose d’énergie, plus elle devient capable de visiter notre planète et d’emporter avec elle une technologie efficace. Aussi le choc technologique entre une civilisation alien et la nôtre serait corrélé à la différence d’échelle Kardashev. Sans oublier le choc socio-culturel inévitable, auquel la science-fiction nous prépare plus ou moins bien.
Mais que viendraient faire des extra-terrestres sur Terre ? Nous anéantir ? Coloniser la planète ? Y faire un pique-nique ? Pour que des aliens s’intéressent à notre petit système solaire, il nous faut raisonner en terme de niche écologique. Lorsqu’une espèce cherche à s’établir dans un écosystème, elle va s’intéresser aux espaces possédant les paramètres physico-chimiques et biologiques nécessaires à sa survie. Dans le cas d’extra-terrestres, il est tout à fait possible d’imaginer que notre biosphère ne soit pas adaptée à sa physiologie, ou que nos conditions géologiques ne soient pas forcément très intéressantes pour eux.
Reprenons l’échelle de Kardashev. Nos visiteurs extra-terrestres seraient issus d’une civilisation de type I ou II minimum. Leur premier objectif ne serait-il pas alors pour eux de garantir leur billet-retour ? Dans ce cas, la source d’énergie majeure de notre système reste le soleil. Nos visiteurs se placeraient en orbite autour de notre étoile et chercheraient à l’exploiter. Peut-être feraient-ils une visite sur Terre, mais quel intérêt auraient-ils à interférer avec une civilisation de type 0,7 incapable de les stopper ? Imaginons maintenant que leurs ressources énergétiques soient d’origine planétaire. Qui nous dit que notre planète serait la plus intéressante à exploiter ? Il est même possible d’imaginer que les générateurs les plus énergétiques ou matériaux utilisés par ces extra-terrestres ne soient pas encore connus de nos scientifiques. Peut-être sommes-nous donc incapables de définir les ressources utiles à des visiteurs extra-terrestres ! Là encore, mettre la Terre et notre civilisation au centre de notre système solaire n’est pas forcément la meilleure approche du problème.
Alors pourquoi iraient-ils sur Terre ? Notre planète accueille une biosphère. La condition biologique serait probablement l’argument premier. Si les extra-terrestres ont une biochimie très proche de la nôtre, la Terre devient pour eux une niche écologique de choix. Tout comme les marins d’autrefois laissaient vivres et équipements sur des îles perdues, nos voyageurs extra-terrestres feraient bien de notre planète un refuge spatial. Dans ce cas, il est possible qu’exterminer une civilisation de type 0,7 soit un détail pour eux, ou bien que nous ne représentions pas plus de problèmes qu’une fourmilière sur un terrain à bâtir.
Si notre petit cas intéresse les extra-terrestres, quel sort nous réserveraient-ils ? Nous pouvons imaginer que comme toute matière organique de la biosphère, nous soyons un aliment métabolisable pour eux, et que E.T. fasse très peu cas de notre exception culturelle. Peut-être seraient-ils esclavagistes. Travailler sur de dangereux générateurs énergétiques aliens peut se révéler mortel à court terme, et ces E.T. préféreraient utiliser des robots ou des formes de vie intelligentes pour effectuer les opérations de routine. Ou bien trouveraient-ils sur Terre des conditions autres : exotiques (les charmes des couchers d’étoile de type G face à un océan saturé en NaCl), culturels (encore une planète habitée étudiée par l’Université de Zorblurb Prime), gastronomiques (sushis de baleines, d’humains, de vautours fauves ?), ludiques (un Koh Lantha sur des planètes primitives) ?
Quoi qu’il en soit, nous serions dans tous les cas de figure les grands perdants de cette rencontre. Avec notre civilisation de type 0,7 plutôt archaïque, nous serions comme les indiens face à Colomb. Incapables de comprendre si ces êtres blancs sur leurs grands vaisseaux de bois sont des hommes ou des dieux, et si leurs armes à feu sont magiques ou technologiques. Alors si nous avons plus à perdre qu’à gagner de cette rencontre du troisième type, nous pouvons donc conclure, comme Hawking, que la plus grande sagesse dont puisse faire preuve une civilisation de type 0,7 reste encore de se faire la plus discrète possible.
http://www.traqueur-stellaire.net/2010/ ... errestres/http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Hawking