Etoile du soir a écrit:
Mon Dieu il y a vraiment des gens qui n'ont rien d'autre à faire que des recherches sur ce genre de truc...Je suis sûre qu'on les paie en plus
On ne se lève pas un matin en se disant "tiens, je voudrais voir l'effet des jurons sur la douleur", ça ne se passe pas comme ça.
Les sujets de recherches ne trouvent un financement que s'ils se rapportent à des domaines d'utilité publique (il est illusoire de croire qu'un chercheur cherche sur le sujet de son choix).
La modulation de la douleur est un domaine qui prime dans la recherche pharmacologique. Et souvent, en menant des expériences, on observe des choses inattendues, peu prévisibles, qui génèrent alors des "intuitions" chez les chercheurs, ce qui les amène pour tenter de les vérifier, à orienter leur recherches sur des phénomènes qui, décontextualisées par rapport au sujet initial, pourraient paraitre frivoles.
Et en effet, la finalité d'une telle recherche n'est certainement pas de valider une théorie comme quoi "jurer atténue la douleur".
Sur l'étude en elle-même, ça ne me surprend pas plus que ça. Jurer est un comportement semi-volontaire. Lorsque l'on se cogne seul chez soi, le juron va sortir automatiquement. En revanche si on se cogne à l'église, on va se mordre pour ne pas jurer. Cette capacité de contrôle est inhérente à l'activité du cortex préfrontal, lequel est également alloué à la plupart des fonctions cognitives de haut niveau (planification, inhibition, attention, comportement sociaux, etc...). Le cortex préfrontal est une zone d'échange privilégier avec le système limbique (circuit cérébral des émotions). De plus, l'aire du langage (Aire de Broca) se situe en partie postérieure du cortex préfrontal.
En somme: langage/contrôle/émotions ont des substrats neuroanatomiques très proches qui échangent probablement beaucoup, donc influer sur l'un a de grandes chances d'influer sur l'autre.
Se contrôler nécessite des ressources cognitives (donc de l'effort), or tout effort (en dehors des comportements d'addiction) est source de déplaisir. Mais le contrôle est une fonction automatique, autrement dit on a presque une source de déplaisir constante (d'où le besoin ressenti de se lâcher et de se détendre de temps en temps). Le fait de ne pas se contrôler et de jurer permet un relâchement, donc une augmentation de bien être qui sera perceptible par l'organisme et manifeste.
Le lien entre la réponse émotionnelle et la réponse physique est évident, mais ce qui m'intéresserait davantage, c'est de savoir qui sous-tend instinctivement à stimuler l'aire du langage en cas de douleur. Alors oui, ce pourrait-être parce qu'un relâchement vocal provoque par le procédé sus-cité une sensation de plaisir antagoniste à la sensation de douleur. Toutefois, ce n'est pas la seule arme dont dispose l'organisme pour se procurer du plaisir... donc pourquoi celle-ci est privilégiée? Serait-ce là encore un vestige de l'évolution? Le fait d'hurler, de jurer donnait t-il un aspect plus "belliqueux" à l'homme, ce qui poussait ses assaillants à fuir?