Dominique Boand: «Ma passion: chasser les fantômes»

Spectres et autres ectoplasmes n'ont pas de secret pour le Vaudois Dominique Boand. Président de l'association Ghost Hunter Swiss, il traque ces créatures sans répit. Et assume pleinement son image d'allumé
«Les fantômes, je ne les vois pas, je les ressens.» Dominique Boand, 35 ans, a une passion pour le moins insolite: il est chasseur de fantômes. Président de l'association Ghost Hunter Swiss, il a participé il y a peu à l'émission «Identités» sur la TSR, un jeu dans lequel des participants ont dû deviner sa profession ainsi que celles d'autres personnes invitées sur le plateau. En Suisse, il n'est pas toujours facile d'avouer qu'on traque les spectres, même si depuis son passage à la télé, les e-mails de gens intéressés affluent. «Nous accueillons volontiers de nouveaux membres, relève l'habitant de la vallée de Joux. Les conditions: être majeur et sérieux». Son association ayant des ramifications en France, en Italie, en Belgique et au Canada, le Vaudois déplore que «dans notre pays, les gens soient si coincés sur ce sujet».
Ce qui n'est pas du tout le cas à Singapour par exemple, où un reportage a récemment été effectué sur M. Chew, un des chasseurs de fantômes les plus expérimentés de l'endroit. Traitant trois ou quatre cas par jour, l'homme de 64 ans gagne plutôt bien sa vie dans une société où la superstition reste bien ancrée. M. Chew, comme Dominique Boand, avoue n'avoir aucune crainte lorsqu'il se trouve face à un fantôme. «Ce sont eux qui doivent me redouter», lance-t-il.
Un don transmis par une aïeule
Enfant déjà, Dominique Boand avoue qu'il sentait des choses étranges. En discutant avec sa grand-mère, il apprend qu'une de ses aïeules avait des dons: celui de guérir et celui de pouvoir détecter les revenants. Des capacités dont le Vaudois a hérité. C'est à 18 ans qu'il devine la présence d'un fantôme. «J'ai senti un froid glacial et une odeur de mort», révèle-t-il. Une température très basse est, selon le chasseur de fantômes, un des signes très clairs de la présence d'un spectre. «Dans le sillage d'un fantôme, la température peut descendre très bas, -20, -30 ou -50 degrés.» C'est pour cela que lorsque Dominique part traquer le revenant, il le fait un thermomètre à la main.
C'est qu'il faut tout un arsenal pour réussir dans le domaine: caméras et appareils photo pour détecter les apparitions (celles-ci se verraient mieux sur un écran qu'à l'oeil nu), lampes de poche et appareils de vision nocturne pour pouvoir se déplacer dans la nuit, talkie-walkie pour communiquer entre chasseurs et des ghostmètres pour mesurer les champs électromagnétiques émis par les ectoplasmes. Et, en 2011, on trouve même des applications pour iPhone qui remplissent cette dernière fonction.
Âmes bloquées sur terre
Mais au fait pourquoi les spectres apparaissent-ils? Et comment? «Les fantômes sont des âmes bloquées sur terre qui n'arrivent pas à aller vers la lumière, explique Dominique Boand. Ils peuvent se manifester sur un écran de télé, sous forme audio, d'orbes ou de nuages de lumière. Il y a aussi le phénomène des visages qui apparaissent sur des troncs.» Selon le «ghostbuster», il y a trois types d'esprits: «Les malins qui déplacent les objets; les frappeurs qui font du bruit en marchant ou en tapant contre les murs; et les plus dangereux, les maléfiques qui peuvent griffer, mordre et même posséder un être humain.»
Le boulot de chasseur de fantômes comprend aussi une belle part de travail d'enquête. Dominique Boand ne demande pas d'argent pour l'effectuer, excepté un défraiement pour les kilomètres. «Lorsque quelqu'un m'appelle pour me signaler un cas, je me penche sur l'histoire du lieu, j'essaie de savoir quels événements ont pu s'y produire et les détails de la construction.» Une fois que le fantôme est repéré et identifié, place à l'action pour le faire filer. C'est l'épouse de Dominique qui se charge des incantations. Elle emploie prières, cloches et de la sauge qu'elle fait brûler pour déloger les indésirables. Allez, pour finir la question qui fâche, que répondez-vous à ceux qui vous prennent pour un allumé? «J'ai eu le coup de fil d'un psy qui était tombé sur le site de l'association et qui m'a traité de fou. Mais je m'en fiche. Chasser les fantômes, c'est ma passion. Je ne m'en cache pas.»
Je suis si fier qu'il soit un de mes compatriotes...