poufpouf a écrit:
mais ce que l'on sort dans un boeuf avec de bons musiciens, et une bonne entente, est bien plus émouvant que les morceaux formatés écrits de A à Z.
Sur ce point, je ne suis pas d'accord. Surtout qu'en parlant d'art, c'est impossible d'affirmer quoi que ce soit, car le ressenti de chacun est très subjectif. Moi par exemple, c'est l'inverse total : les musiques improvisées m'ennuient et ne me font aucun effet (surtout le jazz) ; les musiques écrites c'est tout l'inverse.
poufpouf a écrit:
Même chose en peinture, où, après pas mal d'années de galères passées à recopier, on n'atteint l'émotion que par la rapidité et la spontannéité. C'est particulièrement vrai en aquarelle.
Tu veux dire que passer du temps sur une œuvre lui fait perdre forcément tout potentiel émotionnel ?
poufpouf a écrit:
L'objet de l'art est de communiquer une émotion, ce qui exclut à priori la réflexion.
Au contraire, émotion et réflexion ne sont pas contradictoires.
Il suffit de voir le nombre d'esthétiques existantes en Art. Chaque esthétique a sa volonté propre, une intention qui a été réfléchie en amont. Je prends l'exemple de l'esthétique romantique en musique : la volonté de cette esthétique (de manière synthétique) est justement de susciter l'émotion. Une volonté cohérente avec le contexte historique de l'époque : apparition du piano qui permet enfin d'avoir une vraie palette de nuances sonores et donc de jouer sur les contrastes, la dynamique, progrès des facteurs d'instrument et donc amélioration des conditions de jeu de certains instruments, virtuosité, etc. Et la volonté de cette esthétique est bien quelque chose de réfléchi, de pensé.
Et d'une manière générale, toute esthétique est avant toute chose basée sur une théorie : l'objectif de l'esthétique minimaliste est de provoquer la transe, l'hypnose par la répétition. Objectif ensuite mis en application par plusieurs compositeurs au sein de leurs œuvres (avec une réelle réflexion indiscutable derrière leur œuvre). Et toute esthétique voit sa volonté mise en application dans les œuvres de ceux qui l'ont formalisée. Et les esthétiques sont présentes en musique, en peinture, en littérature, donc dire que communiquer une émotion exclut la réflexion me parait contestable vu que ce qui donne naissance à une esthétique est avant tout la réflexion.
C'est comme si au cinéma, pour faire un film qui procure une émotion, il fallait tout faire en improvisant : acteurs en roue libre, scénario et dialogues improvisés, etc. Bien sûr, ça existe, mais on appelle ça des nanars en général.
poufpouf a écrit:
Il n'empêche qu'en écrivant un roman, on prend des notes, et on se relit souvent. Ca permet d'éviter les incohérences. Mais l'histoire elle même coule de source. Elle est autonome. Elle surprend, elle blesse, elle traumatise. Mais en aucun cas, elle ne saurait être bancale, car elle puise au tréfonds de l'inconscient. A l'instar des rêves, elle peut être absurde, mais jamais incohérente. la raison n'a pas sa place dans un roman. Elle ne sert qu'à corriger de loin en loin de petites erreurs sur les noms ou les lieux.
Avant de comprendre ça, j'étais incapable de dépasser le format de la nouvelle. Je suis sûr que beaucoup parmi vous sont dans ce cas...Et qu'ils finiront un jour par réaliser qu'on leur avait fourni la clé, et qu'ils l'ont bennée avec mépris en se disant: "Ca serait trop facile. Bien sûr qu'il faut structurer, organiser, tracer des cartes, inventer les personnages et les paysages".
Ben non. Il faut juste pénétrer dans l'histoire que l'on raconte, et y vivre un mois ou deux. C'est tout.
Et sur ce point, j'ai justement discuté de méthodologie de travail avec des amis auteurs, dont un qui a publié 2 romans, et en aucun cas il ne faisait comme tu dis. Il avait bien une méthode, une organisation. Ça ne l'a pas empêché de produire des romans.
Et si on prend un auteur comme Stephen King, il fonctionne clairement de manière réfléchie. Sinon, on ne retrouverait pas autant de liens logiques tout au long de son œuvre : des villes, héros ou entités malfaisantes sont communs à de nombreux romans, et dans certains romans il fait référence à des situations qui se sont produites dans d'autres romans. C'est bien quelque chose de conscient et de réfléchi.
Ce qui me gêne dans ce que tu avances depuis le début, c'est que tu affirmes tes idées comme vérité absolue dans un milieu (l'Art) ou l'on sait pertinemment qu'il n'y a aucune vérité absolue, et que personne ne fonctionne pareil dans la production et l'appréciation d'une œuvre. Et pour chacune de tes affirmations, on peut trouver quantité de contre-exemples.