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Historique de la découverte
En 1976, le navire de recherches océanographiques américain AFB-14 du Naval Undersea Center de Kaneohe (Hawaï), effectuait une mission de routine par 42 km au nord-est de Oahu (îles Hawaï, Pacifique). La profondeur est à cet endroit de quelque 4600 mètres, et pour stabiliser le navire durant les mesures physiques, faute d'un câble d'ancre de près de 5 km de long, les chercheurs américains avaient déployé ce qu'on appelle une "ancre flottante" : tout simplement deux parachutes orange et blanc, immergés à -165 m.
A la fin de leur mission, ils remontèrent les deux parachutes à bord, lorsqu'un incident imprévu se produisit : un des parachutes avaient été à moitié avalé par un grand requin, qui en était mort étouffé ! L'animal fut ramené à terre (figure 1), et aussitôt conservé dans un immense réservoir rempli d'une solution de formol ; on se fera une idée de l'énormité du "bocal" en question, si l'on sait que ce requin mesurait 4,50 m de long et pesait 700 kg !
Dès le début, les ichtyologistes américains qui l'étudièrent (Leighton R. Taylor, L. J. V. Compagno et Paul J. Struhsaker) furent persuadés qu'ils tenaient là un "gros morceau" à tous les points de vue.
Il arrivait que l'on décrivît de temps en temps une nouvelle espèce de petit sélacien, mais en l'occurrence il s'agissait du plus grand requin nouveau découvert depuis au moins un siècle. C'était bien sûr une nouvelle espèce, et même un genre nouveau, mais peut-être fallait-il créer pour lui une famille nouvelle spécialement pour lui.
Ce n'est qu'en 1983 qu'ils publièrent la description scientifique de ce requin, qu'ils nommèrent Megachasma pelagios.
En fait, ce grand requin possédait déjà, depuis sa capture, un surnom populaire que les chercheurs U.S. ont d'ailleurs officialisé comme nom commun : megamouth ("grande gueule"), en raison de son ouverture buccale considérable.
L'étude anatomique de Taylor, Compagno et Struhsaker (1983) faisait donc apparaître une foule de particularités étonnantes. En particulier, il possède des mâchoires extensibles, qui s'avancent lorsque la gueule s'ouvre, béante.
Les bords de celle-ci forment comme une bande argentée, qui, pense-t-on, devait être bioluminescente, et attirer, à la manière d'un miroir aux alouettes, les crevettes dont se nourrit l'animal. En effet, megamouth se nourrit de plancton : l'étude de son contenu stomacal a révélé la présence d'une petite crevette de 3 cm de long, Thysanopoda pectinata, vivant entre 150 et 500 m de profondeur.
Cela suggère un requin pélagique, un nageur de haute mer, d'où le nom scientifique de Megachasma pelagios ("grande gueule pélagique") qui lui a été attribué. Diverses adaptations spéciales servent au mieux ce requin, et notamment une sorte de filtre couvert de minuscules denticules, qui servent sans doute à retenir les crevettes Thysanopoda.
Qu'un requin de 4,50 m de long ait pu passer inaperçu jusqu'en 1976 peut sembler une plaisanterie. Qui plus est, il s'agit d'un mâle adulte. Or, chez les requins, les femelles sont généralement plus grandes que les mâles : il est donc probable qu'il existe des spécimens encore plus grands que celui d'Hawaï. John McCosker, directeur du Steinhart Aquarium de la California Academy of Sciences, un spécialiste du cœlacanthe (Latimeria chalumnae) et du grand requin blanc (Carcharodon carcharias), déclara à la presse que la découverte du megamouth suggérait qu'il pouvait exister d'autres grands animaux encore inconnus dans les océans.
Quant au docteur Leighton Taylor, l'un des pères du Megachasma pelagios, il affirmait dans une interview accordée au journal Waikiki Beach Press en octobre 1983 :
"La découverte de megamouth montre une chose : elle réaffirme ce que la science soupçonne, qu'il y a encore toutes sortes de créatures -- de très grandes créatures -- vivant dans les océans, dont nous ne savons encore rien. Et cela est vraiment passionnant."
Depuis, une quinzaine d'autres spécimens ont été pêchés ou ont été découverts échoués en Californie, en Australie, au Japon, aux Philippines, au Sénégal et au Brésil : en clair, l'aire de répartition géographique de l'espèce est considérable, puisqu'elle couvre toutes les zones tropicales des divers océans, ce qui rend encore plus étonnante une découverte aussi tardive. Celle-ci illustre à quel point est grande notre méconnaissance de la faune marine, et justifie, à elle seule, la recherche cryptozoologique.
http://www.fredshark.net/Reflexions/cryptozoologie2.htm
http://www.sharkmans-world.com/mega.html
