Le problème vient de ton appréhension. A chaque transition entre les étages, tu es particulièrement en alerte en raison de ta peur, donc tu es plus réceptif que la normale au niveau sensoriel à ces moments-là. Donc statistiquement, tu as nettement plus de chances d'entendre ou de voir des choses dont tu ne peux pas identifier la source qu'ailleurs. Pourtant, en permanence nous sommes assaillis par des stimuli sensoriels auxquels on ne prête pas attention et auxquels on ne pourrait pas forcément attribuer de raison claire.
L'attaque panique, c'est la "peur d'avoir peur", et non la peur de quelque chose (parce que la peur est une sensation très traumatisante, donc c'est la crainte de revivre cette sensation qui nous panique). Plus tu te montes la tête sur ces passages critiques, plus ton angoisse augmentera, même s'il ne se passe rien de particulier.
J'ai 27 ans le mois prochain, comme toi, alors je vais vais te raconter quelques unes de mes expériences pour illustrer mon propos (et tenter de te rassurer).
Lorsque j'étais adolescent, j'ai emménagé dans une nouvelle maison, un peu isolée dans la campagne. Le garage avait été coupé en deux, pour y aménager ma chambre (histoire que l'adolescent rebelle que j'étais puisse avoir un brin d'indépendance). Par conséquent, je dormais non seulement en dehors de l'habitation proprement dite, mais en prime j'étais potentiellement en première ligne en cas d'intrusion de rôdeur (la porte du garage donnant directement sur ma chambre). J'avais l'esprit très fertile à l'époque, et la rumeur (venant de mes voisins) disait que l'ancien propriétaire de la maison s'était pendu dans le garage. En vertu de tout ça, j'étais devenu particulièrement réceptif au moindre bruit durant la nuit, et je me montais la tête. Je vivais seul avec ma mère (donc pas de papa musclé pour me défendre au cas où...), et bon..., j'avais ma fierté donc je ne parlais pas de mes peurs. Un jour, j'en ai eu ras le bol de flipper, j'ai décidé de ne plus être une "victime potentielle" (victime de mes propres peurs). A partir de là, au lieu de me planquer sous mes draps à chaque bruit suspect, je me levais avec détermination, prenais le couteau que je gardais toujours à proximité de mon lit, sortais en furie de ma chambre (sans rien allumer) jusqu'au dehors en hurlant "TU VEUX JOUER AU MALIN? BEN VIENS, JE T'ATTENDS!!!". En faisant ça, contrairement à ce que je pensais (avant de me décider à le faire), j'avais moins peur que prévu, je me sentais en position de force (surement à cause de l'adrénaline). Je me disais que si j'avais été à la place d'un rôdeur, j'aurais sûrement eu peur (parce que d'entendre que le "chef des lieux" l'avait repéré, que celui-ci connaissait mieux la propriété que lui, qu'on était dans la pénombre et qu'en prime celui-ci était peut-être armé... ça ne valait pas le coup de tenter le diable). Bien évidemment, à chaque fois que je sortais, il n'y avait rien (et pourtant il y avait souvent des bruits, donc j'avais pris l'habitude de ne sortir que "lorsqu'il ne faisait aucun doute qu'il y avait quelqu'un"). Je redoutais davantage le rôdeur que l'esprit maléfique (bien que...), dans la mesure où je me disais que si ce dernier m'avait voulu du mal, il l'aurait fait depuis longtemps. Progressivement, devant le constat répété d'une absence d'entité dans les lieux, j'ai fini par ne plus me lever... observant que même sans ce rituel je me réveillais toujours en vie au petit matin... et puis finalement j'ai fini par ne même plus faire attention à ces bruits.
Donc, évidemment, je ne te conseille pas d'agir comme le gamin de 15 ans que j'étais, c'est davantage pour te montrer le cheminement du raisonnement qui m'a permis de sortir de ces peurs nocturnes.
Pour l'histoire de ton courrier, certes c'est étrange, mais des fois des trucs bizarres se produisent sans raison apparente (même s'il y en a sûrement une)... Je crois qu'il y a peu lieu de s'inquiéter avec un seul fait de ce type (et dans ton cas il prend une ampleur démesurée uniquement en raison du contexte dans lequel il intervient, contexte qui pourtant est totalement démystifiable en prenant sur soi).
A ce titre là encore, je vais raconter une autre anecdote: Quand j'avais 12/13 ans (dans mon ancienne maison cette fois), un soir vers 19h (ce devait être l'hiver il faisait nuit), je jouais à la console dans ma chambre. Ma mère m'appelle car elle m'avait servi mon repas (en général on ne mangeait pas ensemble). Je mets mon jeu sur pause (ça coupait la musique du jeu), je vais dans la cuisine, je mange en 10 minutes comme d'habitude, et je retourne ensuite dans ma chambre continuer ma partie. Au moment où j'appuie sur "start" (pour enlever la pause), un énorme bruit me fait bondir comme je n'avais jamais bondi de ma vie. En fait, le volume de la télé avait été poussé à fond (c'était une très vielle télé sur laquelle on réglait le son à l'aide d'une languette qui se déplaçait horizontalement sous l'écran). J'ai tellement sursauté et eu peur que je me suis mis à chialer! En plus de la terreur, s'ajoutait l'absence d'explication à ce que la languette ait été poussée à son maximum pendant mes 10 minutes d'absence (ma mère n'étant pas du genre à faire des farces). J'étais un peu honteux après cet épisode, donc je n'ai rien dit à ma mère. Et pour moi qui flippais déjà à mort au sujet des poltergeist (c'était l'époque de l'émission "Mystères"), ce n'était franchement pas le genre de choses dont j'avais envie d'être témoin. Pour pouvoir trouver le sommeil suite à cet épisode, j'ai été obligé d'imaginer un scénario possible. Je me suis dit que pendant que je mangeais, peut-être que ma mère était allé dans ma chambre, qu'elle avait passé un coup de chiffon pour enlever la poussière près du téléviseur, et qu'accidentellement elle avait poussé le bouton. C'est un scénario physiquement rationnel, mais qui en réalité n'a aucune pertinence. En effet, que ma mère fasse le ménage à 19 heures quand il fait nuit... les chances sont minces; et qu'en l'espace de 10 minutes elle centre ses efforts sur le téléviseur de ma chambre qui en plus était allumé... il y a encore moins de chances.
Donc à ce jour, je n'ai pas d'explication quant à ce phénomène, mais je sais que dans l'absolu il pourrait y en avoir une (même s'il y a une chance sur un million que les facteurs aient été réunis pour que ce soit celle-ci). Partant de ce principe qu'une explication rationnelle était dans l'absolu possible (et que j'étais capable de la mettre en évidence), et que je n'avais pas la prétention d'être en mesure de synthétiser toutes les explications rationnelles possibles... et bien je n'ai pas cherché plus loin. Il n'y a jamais eu de phénomène aussi troublant qui se soit reproduit par la suite (ou alors j'étais devenu si hermétique que ça m'est complètement passé au-dessus de la tête).
En résumé, plus t'es conditionné par la peur (en raison de tes croyances, du contexte, des légendes du lieu, etc...), plus t'as de chances d'être victime d'un phénomène étrange, flippant, et moins t'as de chances d'avoir suffisamment de recul pour y entrevoir la moindre explication rationnelle.
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