M'seur Seb a écrit:
J'ai une question qui peut paraître un peu bizarre mais je me demande depuis un certain temps si l'esprit, qui est dans le corps physique subit, lui aussi, les mêmes dégats que le corps. Par exemple, quelqu'un amputé d'un bras, quand il mourra, passera -t- il l'éternité avec un bras en moins ?
M’seur Seb,
Ton message semble révéler un surprenant paradoxe.
En effet, ton questionnement témoigne d’une considération
dualiste de l’Homme, avec une distinction très nette entre son corps d’un côté – faisant office de « réceptacle » matériel, et son esprit de l’autre – qui se présente tout de même comme « contenu », c’est-à-dire qui posséderait des dimensions limitées.
Sans entrer dans les polémiques concernant l’essence et la nature de l’esprit, le dualisme marque bien la distinction corps / esprit, matériel / spirituel, etc. Mais ici, sauf erreur de ma part, il semble que ta notion d’esprit soit en réalité beaucoup plus intimement liée au corps que cela. Si liée, d’ailleurs, qu’au fond cet esprit apparaît être une sorte de « relais » non matériel du corps : une
copie conforme du corps physique auquel il paraît s’identifier et qu’il représenterait alors dans un « au-delà ». Peut-on vraiment parler « d’esprit » dans ce cas ?
En s’identifiant au corps, en étant finalement un « corps immatériel », parler « d’esprit » semble être un abus de langage révélateur qui montre qu’en réalité la distinction corps / esprit n’est pas si simple à appréhender.
On retrouve là plutôt les idées du
monisme, contre-pied du dualisme, où esprit et corps ne font qu’un.
Qu’est-ce que l’on appelle « esprit » ici au fond ? C’est toute la question. Une sorte de corps immatériel qui flotterait infiniment dans un « au-delà » ? Mais alors, s’agit-il d’un «
corps fantomatique » ou d’un «
esprit » ?
Finalement je trouve cette idée emblématique du problème qu’incarne la représentation du corps pour un individu dans tout ce qui touche à la construction identitaire …