EXTRAIT : science et vie de décembre 2008.
Chaque année, les feuilles tombent en automne, les magasines féminins proposent des régimes à l’approche de l’été et les écologistes prennent en chasse la flotte baleinière japonaise en décembre. Et si Greenpeace a choisi de laisser son navire à quai cette année, la Sea Shepherd Conservation Society du pirate des mers Paul Watson a engagé le combat dans les eaux de l’océan austral.
Cette année, le Japon avait choisi la discrétion (1) pour sa campagne australe qui vise à capturer neuf cents baleines à des fins officiellement scientifiques. L’organisation écologiste Greenpeace avait prévenu qu’elle ne participerait pas à la chasse aux chasseurs de baleines. Greenpeace a choisi de rester à terre et de médiatiser le procès fait à deux de ses militants. Ils avaient été arrêtés en juin dernier pour avoir volé des cartons de viande de baleine dans le but de démontrer l’existence d’un trafic.(2)
En mer, le Nisshin Maru, le navire-amiral de la flotte japonaise, n’aura pas pour autant les mains libres. Car Paul Watson est dans son sillage. Cet écologiste prêt à en découdre (il a déjà éperonné volontairement des navires-baleiniers) a engagé les hostilités cette semaine, non loin des eaux Antarctiques françaises. Six navires japonais seraient à l’œuvre.
Vendredi soir, le Steve Irwin, le navire conduit par Paul Watson, a tenté une première attaque en envoyant une vedette s’approcher d’un navire japonais pour y jeter des bombes puantes. Devant le durcissement des conditions météorologiques (vents de 50 nœuds, soit 90 km/h), les militants ont renoncé. L’an dernier, deux d’entre eux avaient été capturés par les chasseurs japonais après être montés à bord de l’un de leurs navires. Ils avaient été relâchés deux jours plus tard. De son côté, Paul Watson avait essuyé un tir d’arme à feu, sans dommages parce qu’il portait un gilet pare-balles.
L’ancien co-fondateur de Greenpeace revendique ses méthodes brutales. Il est même très fier d’être traité de pirate, un qualificatif qui lui va bien puisque le type d’actions qu’il conduit relève —pour ses ennemis— de la piraterie internationale et des tribunaux.
Début décembre, deux ministres canadiens ont très officiellement demandé que Watson soit remplacé à la tête de la Sea Shepherd, l’organisation qu’il a lui-même fondée en 1977. Le Canada lui reproche ses propos très durs sur l’abattage de plusieurs centaines de narvals emprisonnés par les glaces dans l’Etat canadien de Nunavut. Selon les autorités canadiennes, les chasseurs inuits, qualifiés par Watson de «bouchers», les ont tués pour éviter l’agonie tandis que l’écologiste critique l’absence de tentative de sauvetage des animaux avant ce qu’il qualifie de massacre.
Au printemps dernier, le Farley Mowat, l’un des navires de Watson a été arraisonné et saisi au large des côtes canadiennes, pour s’être approché trop près de navires pratiquant la chasse au phoque. Quelques jours plus tôt, le bateau sous pavillon néerlandais avait été attaqué par une trentaine de chasseurs en colère. Le Japon a demandé à plusieurs reprises que les navires de la Sea Shepherd soient considérés et pourchassés comme des pirates, et que leur pavillon leur soit retiré.
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