D'autres l'ont dit, les notions de ce qui est bon et de ce qui est mauvais sont on ne peut plus subjectives. Ce sont des constructions intellectuelles humaines dont la signification est fluctuante selon les époques et les sociétés dont elles sont le reflet. Les circonstances même peuvent bousculer les systèmes de valeurs traditionnels. Le fait d'ôter la vie à un autre être humain, transgression ultime, est une chose résolument mauvaise en soit - c'est un acquis culturel qui remonte à très loin
"tu ne tueras point" - on a pourtant toujours su trouver un tas de circonstances atténuantes, de justifications, variables selon les périodes qui peuvent aller jusqu'à conférer à l'acte un aspect positif. Juger de la nature bonne ou mauvaise de l'Homme - avec une majuscule - relève dès lors de la gageure !
Quoi que donc insoluble si on veut pinailler, la question est néanmoins intéressante pourvue qu'on ne s'imagine pas parvenir à une quelconque Vérité...
Malgré la différence fondamentale qui fait qu'on en est à se poser ce genre de question, les Hommes font partie du règne animal. Il reste à l'Homme un instinct de survie, en quelque sorte intemporel, qui peut être suffisamment puissant pour l'amener à transgresser les codes de sa Société s'il en ressent puissamment la nécessité. Dès lors qu'on vit au sein d'une communauté humaine qui connaît la propriété privée, le vol devient une chose mauvaise, c'est malveillance envers autrui, ce peut aussi être refuser la valeur travail : l'Homme ne doit pas se contenter d'assurer sa subsistance par tous les moyens disponibles, il faut qu'il accumule par le travail. Les règles, tacites ou écrites et soutenues par une autorité supérieure, sont donc variables, mais l'Homme pourra toujours les transgresser. Le milieu social dans lequel il évolue a une influence inévitable sur son développement et son comportement mais il reste toujours à l'Homme une marge de manoeuvre, un arbitre plus ou moins libre...
Pour Rousseau, donc, l'Homme naît bon et c'est la société qui le perverti. Voilà une vision qui me semble très juste, le comportement humain est en grande partie induit par la manière dont il s'est construit, par le milieu donc dans lequel il a baigné durant son enfance et son adolescence, sans doute un peu moins par la suite. Première nuance toutefois, on a vu que l'Homme peut toujours passer outre les valeurs en vigueur dans son environnement. On peut ensuite essayer d'apporter une précision, ce sont les circonstances exceptionnelles qui forgent la personnalité d'un individu, admettant cependant qu'un même évènement n'aura pas le même impact sur chaque personne... Comme l'indique déjà son appellation, chaque individu est différent quand bien même il partage un socle de valeurs communes avec ses contemporains, ses voisins. Ainsi donc la société n'explique pas tout...
Des travaux que je ne maîtrise pas tendraient à montrer qu'il peut exister des prédispositions à la violence chez certaines personnes. Peut-on en déduire là une sorte de prédestination ? Non, parce qu'une personne supposément prédisposée aux dérives violentes, au mal si on veut, ne deviendra pas nécessairement mauvaise, même si les circonstances s'y prêtent (il y a d'ailleurs des circonstances dans lesquelles ces éventuelles prédispositions peuvent être prises comme positives : dans une guerre il pourra se trouver dans le bon ou le mauvais camp, ou même choisir). De même une personne supposée non prédisposée peut devenir monstre selon son vécu, selon les circonstances. Cela devrait donc suffire à tordre le coup aux éventuelles idées eugénistes.
Personne ne naît donc bon ou mauvais, les actes bons ou mauvais des Hommes sont le fruit essentiellement imprévisible de l'interaction subtile de l'inné, de l'acquis, de circonstances précises...
Je me suis déjà suffisamment égaré pour ne pas prétendre tenter de développer, mais il est intéressant de constater que, même aux pires heures de l'Histoire de l'
homo sapiens, les comportements d'extrême bonté et d'abominable cruauté n'ont été que des cas extrêmes, ne représentant qu'une part très minoritaire des sociétés dans lesquelles ils se sont produit. Intéressant dès lors de se pencher sur le "profil" des uns et des autres. Mais c'est une autre histoire...
(j'espère bien que personne ne s'est amusé à lire ce pavé insipide, j'avais envie d'écrire pour occuper mon dimanche matin, ce sujet a été un prétexte !

Maintenant je vais cuisiner un bon morceau de viande, parce la nature de l'homme, bon ou mauvais, c'est quand même d'être omnivore

)