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Une rencontre peut vous changer. Tout change, tout le paysage. »
Reinhold Messner est un alpiniste sud-tyrolien connu pour ses ascensions en solitaire des Alpes, de l'Himalaya et de l'Everest, sans oxygène.
C'est en juillet 1986 qu'il tombe sur un grand animal inconnu lors d'une expédition au Tibet oriental. L'apparition est furtive, mais marquante. L'alpiniste découvre des empreintes de pieds démesurées après le passage de la bête. Il pense aussitôt à «
Tintin au Tibet » et aux photographies prises par Eric Shipton, en 1951. Il se lance alors sur la piste de « l'Abominable Homme des neiges » pendant 10 ans.

Après des années de recherche au Tibet, au Népal, dans le Kham, dans l'Amdo, au Bhoutan; après avoir étudié la culture et la mythologie Tibétaine; Messner finit par conclure que le yéti n'est rien d'autre...qu'un
ours. Ou plutôt, une variété d'ours du Tibet vivant dans un milieu inhospitalier, et qui serait devenu un « homme-singe » sous la plume de journalistes occidentaux avides de sensationnel.
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Tous les indices révèlent une espèce d'ours régnant sur ces terrains glacés que l'homme croit être le sien. Cet ours peut courir, grimper et suivre les pistes bien mieux qu'un homme. »
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Ou vous tombez dessus par hasard, ou vous n'en verrez jamais un. Il apparaît toujours la nuit, et seulement quand on s'y attend le moins. »
Cet ours serait nommé «
Chemo » ou « Chemong » en Tibétain, et serait capable de marcher sur ses pattes arrières, qui ressembleraient à des pieds humains, sur de longues distances. Mais aussi de siffler, de porter ses petits sur son dos, ou de tuer des yaks à coups de pierre. Il monterait jusqu'à plus de 5500 mètres.
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Les seules réactions en Europe ont été des hochements de tête polis (…)
J'ai déclenché moult sarcasmes en concluant que le phénomène du yéti était une légende (...)
Seul cet ours sur lequel j'étais tombé pouvait correspondre au monstre. Un hominidé tel que le Neandertal aurait été beaucoup trop petit pour ça. Car le yéti est gigantesque dans sa représentation des habitants locaux. Et seul l'ours bleu du Tibet, qui dépasse largement les deux mètres, est un tel géant. Mais tout cela a été falsifié chez nous – et c'est pourquoi aussi, il m'a fallu relativement longtemps pour prouver que l'ours se cache derrière le yéti. »
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On s'est moqué de mes recherches car dans les Alpes les ours ont été presque totalement décimés. Nous préférons les voir en peluche. »

Cérémonie religieuse dans un monastère avec un « Chemo » empaillé.
« Chemo » exposé au zoo de Lhassa, dans un enclos cimenté (années 90 ?). Une sous-espèce apparentée à l'Ours bleu Ursus arctos pruinosus.
La fameuse photographie prise par Eric Shipton dans les années 50 qui a popularisée le mythe du « chainon manquant ».
Sources :
-My Quest for the yeti - Confronting the Himalayas' Deepest Mystery / Yéti, Du mythe à la réalité (Reinhold Messner, 2000).
-Ma voie: Bilan d'un explorateur de limites (Reinhold Messner, 2013).
-Le Sur-Vivant (Reinhold Messner, 2015).
-Has Reinhold Messner solved the mystery of the Abominable Snowman? (Louise Jarvis, 2000).
-Austrian mountaineer describes firsthand look at Yeti (Lynn Arave, 2000)
-Chemo or yeti? (Hella Binnendik, 2007).