Citation:
Il est bon de prendre du recul et d'user de bon sens sur l'affaire Kennedy,
Absolument. Et quand on a pris assez de recul et usé d'assez de bon sens, on s'aperçoit que l'auteur, plus que vraisemblablement, n'est autre que... Lee Harvey Oswald.
Citation:
et de mettre en lumière les forces en jeu en arrière plan.
Avant de s'intéresser aux "forces" en arrière-plan, il faut s'intéresser aux faits qui sont au premier plan. Et ces faits-là n'indiquent pas, quoi qu'on dise, une conspiration.
Citation:
Il faut savoir ce fait peu connu: La famille Kennedy s'est battu pour la liberté, contre les sociétés secrètes qui asservissent
le peuple américain et le monde par le truchement de la haute finance et des grandes loges.
Version pour le moins idéalisée de la famille Kennedy...
Le patriarche Joe a eu une carrière non exempte d'éléments plus que louches. Son attentisme, voire son pacifisme, à l'époque de Chamberlain, est l'élément qui a achevé de "flinguer" sa carrière.
La famille Kennedy avait des liens troubles avec la Mafia, et JFK n'a été élu qu'avec une marge étroite de 100 000 voix, contre Nixon.
John Kennedy lui-même, outre sa vie intime pour le moins dissolue, était le pur produit de l'establishment 'upper-class' de la côte est. Il a indéniablement fait preuve de courage pendant la guerre, mais rien n'indique qu'il ait été un preux chevalier voulant en finir avec une sorte de gouvernement secret composé de magnats du secteur militaro-industriel, de financiers texans et autres initiés franc-maçons (et je n'ai pas de sympathie, pourtant, pour la Franc-Maçonnerie...)...
Citation:
De plus une fois élu président, John Fitzgerald Kennedy voulait mettre un terme à la présence américaine au Vietnam,
Dit de cette manière, c'est faux...
L'engagement militaire américain a commencé
sous sa présidence, et même s'il est difficile de prévoir précisément ce qu'il aurait fait ensuite, rien n'indique de la part de son administration une volonté de plier devant la menace communiste, et de laisser la porte ouverte à la théorie des dominos, véritable cauchemar pour toute l'Asie du Sud-Est.
Voilà quelle était la politique de l'Administration Kennedy, telle que définie un mois avant son assassinat :
Citation:
Record of Action No. 2472, Taken at the 519th Meeting of the National Security Council, Washington, October 2, 1963
McNAMARA-TAYLOR REPORT ON VIETNAM
a. Endorsed the basic presentation on Vietnam made by Secretary McNamara and General Taylor.
b. Noted the President's approval of the following statement of US policy which was later released to the press:
The security of South Viet Nam is a major interest of the United States as other free nations. We will adhere to our policy of working with the people and Government of South Viet Nam to deny this country to Communism and to suppress the externally stimulated and supported insurgency of the Viet Cong as promptly as possible. Effective performance in this undertaking is the central objective of our policy in South Viet Nam.
The military program in South Viet Nam has made progress and is sound in principle, though improvements are being energetically sought.
Major US assistance in support of this military effort is needed only until the insurgency has been suppressed or until the national security forces of the Government of South Viet Nam are capable of suppressing it.
Secretary McNamara and General Taylor reported their judgment that the major part of the US military task can be completed by the end of 1965, although there may be a continuing requirement for a limited number of US training personnel. They reported that by the end of this year, the US program for training Vietnamese should have progressed to the point where 1,000 US military personnel assigned to South Vietnam can be withdrawn.
The political situation in South Viet Nam remains deeply serious. The United States has made clear its continuing opposition to any repressive actions in South Viet Nam. While such actions have not yet significantly affected the military effort, they could do so in the future.
It remains the policy of the United States, in South Viet Nam as in other parts of the world, to support the efforts of the people of that country to defeat aggression and to build a peaceful and free society.
En d'autres termes, l'objectif américain est de soutenir activement le gouvernement de Saïgon dans sa lutte contre l'insurrection Viet Cong et la pression du nord. L'objectif de retirer un millier de conseillers militaires à la fin de l'année est conditionnée à l'entraînement adéquat des forces sud-vietnamiennes (by the end of this year, the US program for training Vietnamese
should have progressed to the point where 1,000 US military personnel assigned to South Vietnam can be withdrawn). C'est une politique classique d'un état non officiellement en guerre que de vouloir former les troupes locales à assurer leur propre défense. Dans la réalité, les forces sud-vietnamiennes n'ont jamais été capables, pour diverses raisons, de faire face seules aux communistes, d'où l'engagement progressif.
Citation:
il souhaitait démanteler la CIA; inutile à ses yeux
Kennedy avait été très mécontent de la façon dont la CIA lui avait, selon lui, caché des éléments importants dans l'opération d'avril 1961 à Cuba. C'est pourquoi il a alors limogé son directeur, Allen Dulles (sans cesser d'entretenir avec lui des liens de respect et d'estime). Cependant, il savait pertinemment que l'organisme de renseignement était bien trop indispensable en cette période de Guerre Froide. A diverses reprises, il a loué le rôle de la CIA :
Ainsi, en janvier 1963, dans une lettre au nouveau directeur, John McCone, déclarait-il :
Citation:
"In the course of the past few months I have had occasion to again observe the extraordinary accomplishments of our intelligence community, and I have been singularly impressed with the overall professional excellence, selfless devotion to duty, resourcefulness and initiative manifested in the work of this group."
Six semaines avant son assassinat, il répondait à un journaliste, qui lui posait une question sur l'implication de la CIA au Vietnam, la phrase suivante :
Citation:
I think that while the CIA may have made mistakes, as we all do, on different occasions, and has had many successes which may go unheralded, in my opinion in this case it is unfair to charge them as they have been charged. I think they have done a good job.
On est bien loin d'un pur idéaliste ayant décidé d'éradiquer un outil aussi indispensable dans la lutte globale que livrait alors le monde libre (avec tous ses défauts) au bloc communiste (intrinsèquement totalitaire et déjà responsable de la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes).
Citation:
Kennedy désirait un rapprochement avec L'URSS, la fin de la guerre froide
Tout politicien de l'époque vous aurait dit qu'il souhaitait la fin de la Guerre Froide !
Mais pas au prix d'un abaissement face au communisme qui, faut-il le rappeler, constituait un bloc totalitaire puissant et une menace globale réelle.
Quant à la Détente, elle fut initiée après la Crise des Missiles de 1962, dans le but d'éviter un dérapage incontrôlé qui aurait pu mener le monde à la conflagration nucléaire.
N'oublions pas que Kennedy n'a pas hésité à imposer un embargo sur Cuba, et à lancer un ultimatum à Krouchtchev, qui s'est finalement dégonflé.
Citation:
Il est clair que le président Kennedy a dérangé avec courage l'ensemble de l'establishment poussiéreux issu de le seconde guerre
mondiale
Comme je l'ai dit, Kennedy était précisément le produit de cet establishment. La famille Kennedy entretenait des liens d'amitié avec le sénateur McCarthy, et d'autres, plus troubles, avec la Mafia... C'est son image de jeune président, premier né au XXème s., au style différent de ses prédecesseurs, qui a forgé la légende (Jackie n'y est, du reste, pas pour rien). Du reste, l'establishment "poussiéreux" issu de la Seconde Guerre Mondiale était celui de Roosevelt, de Truman et d'Eisenhower, hommes que l'on ne saurait qualifier d'infâmes comploteurs tapis dans l'ombre...
Citation:
il était contre les services secrets et leurs opérations obscures en relation
avec des corporations et des banques aux objectifs connu aujourd'hui: asservir les nations par la corruption ou la guerre et
aux services des sociétés secrète qui verrouille l'ensemble de la vie politique, financière, religieuse, médiatique et universitaire
de nos nations.
Rhétorique conspirationniste classique. Impossible de contester quoi que ce soit, puisque c'est de la pétition de principe...
Citation:
qui projettent de ternir à jamais l'image des Kennedy avant que le public ne découvre la vérité et ne se réveille.
La face cachée des Kennedy est authentiquement peu reluisante... Que ce soit Joseph Kennedy ou JFK lui-même...
Et jusqu'à Ted Kennedy, récemment décédé, qui s'est compromis dans la piteuse affaire de Chappaquiddick (ou une de ses secrétaires a perdu la vie...).
Citation:
Lee Harvey Oswald piètre tireur, n'aurait jamais pu atteindre Kennedy en tirant trois coup de là où il se trouvait
et avec un pareil fusil.
J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer que, ça aussi, c'était une pure pétition de principe, refilée d'auteur conspirationniste en auteur conspirationniste.
Premièrement, Oswald n'était pas un mauvais tireur. Il a bénéficié d'un entraînement chez les Marines, qui sont réputés pour être les meilleurs tireurs des forces armées américaines (là où l'Armée a pur doctrine la quantité du feu, les Marines promeuvent sa qualité). Ses résultats ont chuté quand il a décidé de quitter le Corps ; ils étaient auparavant tout-à-fait honorables.
Deuxièmement, le Mannlicher-Carcano n'est en rien une mauvaise arme d'épaule, comme on l'a souvent répété. Il remplit parfaitement sa mission première, qui est de toucher une cible humaine à deux ou trois cent mètres, a fortiori avec une lunette.
Troisièmement, le poste de sniper d'Oswald était tout-à-fait favorable : surplomb, alignement avec la trajectoire du véhicule, tir dans le dos, faible distance.
En résumé, il faudrait écrire : "Oswald, meilleur tireur que la majorité de ses compatriotes, a parfaitement pu atteindre Kennedy en tirant trois coups de là où il se trouvait avec son fusil".
Si l'on ajoute qu'il était dans le bâtiment lors des coups de feu, que son fusil fut retrouvé caché à l'étage d'où ils sont partis, qu'Oswald a tué un policier qui l'interrogeait dans la rue, et qu'il a tenté d'un tuer un autre lors de son arrestation, on peut légitimement penser qu'il avait quelque chose à voir avec tout cela...
Citation:
Le rapport ne fourmille que d'incohérences grossières de témoignages irréguliers et contre signé en faux
en violations primaire de toutes les règles de la justice américaine.
Je suppose que vous avez décortiqué tout le Rapport pour dire une chose pareille... Et pourtant, même les chercheurs conspirationnistes n'osent pas aller aussi loin que vous, en soulignant seulement des manques et, surtout, une ligne directrice pré-établie tendant à prouver la culpabilité du seul Oswald.
Si votre source est, entre autres, le
JFK d'Oliver Stone, un conseil : fuyez-le comme la peste ! C'est un très bon film, cinématographiquement, mais un véritable tissu de mensonges, historiquement parlant. Il a des erreurs dans pratiquement chaque scène...
Citation:
John Kennedy, dont la vision pour la paix était claire, large et engagée, avait dit lors d'un discours à l'université américaine
de Washington en 1963 peu avant sa disparition:
"De quel paix avons nous besoin? Et quelle genre de paix voyons nous? Je ne veux pas d'une paix américaine
imposée par les armes de guerre autour du monde. Notre lien commun est que nous vivons tous sur cette
petite planète, que nous respirons tous le même air, que nous chérissons tous nos enfants et que nous sommes
tous mortels.
Joli discours humaniste, que la plupart des compétiteurs de Kennedy à la Maison Blanche auraient pu servir.
Hélas ! entre un discours politique formaté et la réalité des choses, il y a un monde.
C'est ce même Kennedy si émouvant qui lâcha sans sourciller le Président Diem, devenu gênant, et laissa faire le coup d'état (qu'il savait avoir été organisé avec le concours de la CIA) du 2 novembre 1963, au cours duquel le président sud-vietnamien fut assassiné...
Citation:
Bientôt la vérité va faire effondrer tout ce système étouffant et corrompu
Pratiquement mot pour mot ce que disait feu le Procureur Garrison lors de son très médiatique procès contre Clay Shaw, en 1969. Procès qu'il perdit haut-la-main, tant ses accusations étaient grotesques et dénuées de fondement...
Mais Garrison fut habilement mis en scène sous les traits de Kevin Costner, et, depuis 1991, les théories conspirationnistes sont devenues une position presque par défaut sur l'affaire Kennedy.
Plus généralement, avant de spéculer sur les possibles motivations d'hypothétiques hommes de l'ombre et autres conspirateurs tout-puissants, il convient d'étudier les faits, le quoi et le comment.
Or, après avoir été partisan d'un complot sur le sujet, les faits m'indiquent aujourd'hui que l'hypothèse de loin la plus probable revient à ce que disait maladroitement la Commission Warren en 64 : Oswald, seul, a tué JFK...
L.