(un peu à la bourre, mais bon, ça fera pour ceux qui n'ont pas pu voir...)
Comme vous le savez, Fernando Alonso a remporté le Grand Prix de Singapour, dimanche dernier. Il est le septième pilote à s'imposer cette année, mais également le premier pilote à remporter une course disputée en nocturne. En outre, le 1er Grand Prix de Singapour était également la 800ème épreuve du championnat du monde de Formule 1*.
Le tracé serpentant dans les rues de la cité-Etat asiatique s'est avéré être un circuit urbain typique, avec toutes les difficultés que cela sous-entend : piste très bosselée, proximité dangereuse des murs, rendant notamment les dépassements délicats. L'éclairage était globalement très satisfaisant, bien que certaines partie de la piste, à l'écart des trajectoires, semblaient moins bien illuminées.
Le départ se déroula sans incident notable. Alonso, qualifié 15ème à la suite d'un bête tuyau d'alimentation débranché lors de la Q2 - alors qu'il estimait pouvoir jouer la pole position - partit le couteau entre les dents, gagnant trois places à l'issue du premier tour. En tête, Massa et Hamilton creusèrent un écart assez conséquent en quelques boucles, à l'issue desquelles leur poursuivant immédiat, Raikkonen, se réveilla et recolla au Britannique en signant au passage le meilleur tour en course.
Alors que Bourdais, déjà mal placé - au contraire de son équipier Vettel, alors cinquième - se signalait par un tout droit qui le faisait reculer au 18ème rang. Au même moment (13ème tour), Alonso, très peu chargé en essence, fut le premier à rentrer au stand, repartant bon dernier. Un tour plus tard, son équipier Piquet perdit le contrôle de sa R28 à la sortie d'un des virages les plus rapides du circuit. Il partit en tête-à-queue avant de fracasser sa voiture contre le mur. Le Brésilien était indemne mais il avait semé un peu partout des débris de sa Renault, nécessitant l'entrée en scène de la voiture de sécurité.
Or, il se trouve que la FIA a accouché d'une réglementation incompréhensible concernant les arrêts au stand lorsque la voiture de sécurité entre en piste. Un règlement que même les équipes ne comprennent pas et qui avait déjà fait des siennes au Canada - on se souvient de la collision entre Raikkonen et Hamilton alors que la sortie des stands était fermée.
De la confusion qui s'ensuivit, Nico Rosberg émergea en tête de la course devant Trulli et Fisichella, les deux Italiens ayant préféré retarder leur arrêt, au contraire de leurs concurrents. La Scuderia Ferrari, elle, commit deux erreurs aux funestes conséquences pour ses pilotes. Elle fit d'abord rentrer Massa et Raikkonen en même temps au stand pour profiter du créneau de ravitaillement offert par la neutralisation.
Pressé par la présence du Finlandais derrière le Brésilien (et peut-être troublé par le fonctionnement du "feu" remplaçant la traditionnelle "sucette"), le chef mécanicien de la Scuderia donna à Massa l'ordre de démarrer... alors que le tuyau de remplissage du réservoir d'essence était encore branché. Il l'arracha et l'emmena avec lui, renversant au passage les mécanos chargés de sa mise en oeuvre, heureusement sans trop de mal. Massa s'immobilisa au bout de l'allée des stands, attendant que d'autres mécaniciens ne viennent débrancher le tuyau, ce qu'ils firent avec difficulté au bout de longues secondes. Le Brésilien put reprendre la piste, mais ce fut pour écoper d'une pénalité : lors de l'incident à son stand, il avait aussi coupé la route à Adrian Sutil en repartant.
Lorsque la meute fut relâchée après 5 tours sous les drapeaux jaunes, Nico Rosberg creusa rapidement un écart important sur ses poursuivants. Et pour cause : rentré à son stand trop tôt, l'Allemand allait devoir lui aussi observer une pénalité, tout comme Kubica, alors 4ème. Le fils de Keke** l'observa au 28ème tour, repartant 3ème. Trulli lui succéda au commandement jusqu'à ce que vienne son tour de ravitailler. Les pilotes ayant retardé au maximum leur arrêt ne furent pas récompensés : si Trulli pouvait espérer terminer sixième jusqu'à ce qu'une panne hydraulique ne l'arrête, Fisichella sombra dans les profondeurs du classement et termina à la dernière place - au moins aura-t-il eu la satisfaction d'avoir "montré le maillot" de l'écurie Force India.
Le leader suivant fut donc... Fernando Alonso ! L'Espagnol était remonté de la 20ème à la 1ère place en une vingtaine de tours. Il démontra rapidement que l'opinion qu'il avait de sa voiture n'était nullement usurpée en creusant une avance substantielle sur ses poursuivants successifs. Lorsqu'il s'arrêta pour son deuxième ravitaillement, il repartit en tête devant Rosberg, Raikkonen et Hamilton. Alonso semblait avoir course gagnée...
C'était sans compter sur... Felipe Massa. Quinzième, démotivé et déconcentré (la pression demeure l'un des gros points faibles du Brésilien), celui-ci effectua un travers à un endroit particulièrement étroit du circuit, touchant légèrement les protections souples disposées le long du mur à cet endroit, sans mal pour sa Ferrari. Mais en repartant, il gêna (encore) Sutil, dont la Force India alla, elle, s'y encastrer tout droit, sans mal pour le pilote. La monoplace de l'Allemand était en revanche à moité sur la piste, et il fallut une nouvelle fois neutraliser la course. Raikkonen en profita pour observer son dernier arrêt, repartant cinquième.
La voiture de sécurité s'effaça de nouveau à 8 boucles de l'arrivée. Alonso s'octroya une avance de 6 secondes en l'espace de 3 tours, une marge suffisante pour lui permettre de s'imposer. Derrière lui, Hamilton pressa vivement Rosberg, mais devant la résistance de ce dernier, il n'insista pas et se contenta de la troisième place sans prendre de risque : six points de plus que ses rivaux (le Britannique montre ici qu'il apprend vite !). Raikkonen, lui, ne rallia pas l'arrivée : pourchassant Glock pour le gain de la quatrième place, il manqua la corde dans une chicane et escalada les vibreurs situés à l'extérieur de celle-ci, ce qui l'expédia dans le mur.
Le Finlandais laissa sa place à un solide Sebastian Vettel, qui montre par ce joli résultat que sa victoire à Monza ne relevait pas que de la chance. L'Allemand devança son compatriote Heidfeld (4 Allemands dans les 6 premiers !), puis Coulthard et Nakajima. Ce Grand Prix de Singapour montre une nouvelle fois que les écarts entre les différentes équipes sont encore plus serrés qu'ils ne l'étaient en début de saison : le moindre incident, le plus petit "grain de sable", et la hiérarchie traditionnelle se voit complètement bouleversée.
Sur le plan stratégique, les grands vainqueurs de la course sont Lewis Hamilton et McLaren. L'Anglais compte désormais 7 points d'avance sur son plus proche rival Felipe Massa. Suivent Kubica à 20 points, Raikkonen à 27 et Heidfeld à 28, alors qu'il ne reste que trois courses : si tous trois peuvent encore mathématiquement être champions, ils n'ont, en pratique, quasiment aucune chance. Un bonheur n'arrivant jamais seul, McLaren s'empare de la tête du classement des constructeurs, avec 1 petit point d'avance sur Ferrari et 15 sur BMW. La lutte promet d'être serrée.
Prochaine course le 12 octobre au Mont Fuji (Japon). La F1 reprenant son rythme normal pour ce Grand Prix diurne, il faudra être matinal !
*Techniquement, il s'agissait en fait du 789ème Grand Prix. Il convient d'ajouter à ce chiffres les 11 éditions des 500 Miles d'Indianapolis disputées entre 1950 et 1960, incluses dans le championnat de F1 mais courues selon leur propre règlement, dans le but d'éviter que le calendrier ne comporte que des épreuves européennes.
**Keke Rosberg fut le premier Finlandais à remporter le titre mondial, en 1982. Nico est né en Allemagne et a grandi à Monaco, mais étant titulaire d'un passeport allemand, il court en F1 sous cette nationalité.
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