barzhaz a écrit:
:? mouais...
L'absence de réponses me laisse dubitatif. Je crois qu'on appelle aussi les FM les frères invisibles
l'épée de Damoclès est-elle tombée ?
...
C'est probablement ce qui me dérange le plus dans la FM : les nombreuses références religieuses, les liens confus entre l'église, le pouvoir, l'argent... Mais d'un autre coté, il est rassurant de voir qu'elle soutient la laïcité, qu'elle accepte les gens de toutes origines et de toutes religions, voire athées.
Merci de me donner votre point de vue, bonne soirée.

Bonjour,
Point d'épée de Damoclès venue me couper la parole. Je me suis juste éloigné pour raisons professionnelles !
Les références religieuses existent dans toute les obédiences maçonniques, de façon plus ou moins discrète. Elles s'expliquent par l'histoire. À ses origines, la maçonnerie moderne (1717 à Londres, 1725 en France) était totalement biblique même si les « Constitutions d'Anderson » (
http://www.francmaconnerie.ch/Anderson.htm ou
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pasteur_Anderson)
prônaient une grande tolérance à l'égard des religions.
Je suis un agnostique convaincu. Mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas lu notre « mythe fondateur », notamment la Bible. Lu sous l'angle philosophique, ce recueil de livres est riche d'enseignements. Ce n'est pas le texte qui pose problème, c'est l'usage qui en est fait.
La maçonnerie lato sensu fonde son mythe fondateur autour d'Hiram, artisan en métaux de grande sagesse. Voir la Bible, Rois 1 chapitre 5 et chapitre 7, versets 14 et suivants. Nous sommes strictement dans le mythe car la légende que les maçons ont construite à partir de ces quelques lignes de la Bible est totalement étrangère aux textes religieux, qu'ils soient canoniques ou apocryphes.
Nous nous situons dans la parabole, pas la lecture littérale. Sauf quelques obédiences qui maintiennent un lien étroit avec la religion, quelle qu'elle soit du reste, l'essentiel de la référence religieuse est dans le symbolisme.
Citons le plus connu : le Grand Architecte de l'univers. Que représente cette allégorie ? Dieu ? Un dessein intelligent ? La philosophie ? L'homme maître de sa destinée ? Chacun a sa réponse.
Nous avons peut-être de la Bible une lecture prismée qui tend à confondre son symbolisme et le message qu'il sous-tend.
Prenons le nombre trois. Il est cité 539 fois (seul ou associé à un nombre plus grand) dans 39 livres de la Bible. Est-ce à dire que ce nombre symbolique est religieux ? Non, le nombre trois, bien antérieurement au judaïsme, était un nombre sacré qui permettait de sortir d'une dualité facile : beau-laid, bon-méchant, riche-pauvre, homme-femme. Il ouvrait une troisième voie que les asiatiques ont longtemps explorée et ce, bien avant nous. C'est à tort que nous réduisons le nombre trois à la Sainte Trinité. C'est la Sainte Trinité qui s'est appuyée sur le nombre trois.
Le nombre douze est cité 167 fois. Est-ce un nombre biblique ? Non, les écrivains des 27 livres qui évoquent ce nombre se sont référés à d'antiques traditions notamment sumériennes qui avaient déjà décompté douze constellations, douze mois dans l'année...
Le levant (l'est) et le couchant (l'ouest) sont cités respectivement 14 et 8 fois. L'orientation des temples (partie sacrée tournée vers l'orient, l'est) est de loin antérieure à la Bible. Cette orientation se fonde sur l'observation. Le couchant est côté Soleil couchant, vers l'ombre, le froid, la peur, la mort, l'ignorance. Le levant est à l'est, du côté où le Soleil se lève, vers la lumière, le savoir, la chaleur la prospérité, la vie.
Alors on peut effectivement réduire le symbolisme maçonnique à du syncrétisme, un « pompage » facile du judaïsme. On peut aussi décoller de cet lecture immédiate et s'interroger sur la portée symbolique des mots employés en les libérant d'une lecture strictement religieuse.
Vous évoquez l'athéisme. Ce mot m'inquiète un peu car il transporte la même quantité de dogme que la religion contre laquelle il prétend lutter. La religion ne se justifie pas, ne s'explique pas. Elle est dans le monde de la conviction mais elle ne s'appuie pas sur une preuve scientifique, rationnelle. L'athéisme est une même croyance avec un effet « miroir ».
Au plus profond de mon cœur, je pense qu'il n'y a pas de Dieu mais je suis ici tout aussi sûr de moi que peut l'être un croyant clairvoyant. Et je suis tout aussi incapable de lui prouver ma position qu'il l'est de me prouver la sienne. Alors l'athéisme est, de mon point de vue, à prendre avec des pincettes. Je préfère de loin une attitude laïque qui permet de s'affranchir de luttes stériles. Je respecte infiniment un croyant sincère dés lors qu'il respecte toutes les opinions autour de lui. En revanche, je ne l'autorise pas à chercher à m'imposer son dogmatisme.
Celui qui entre maçonnerie n'a pas à porter un habit qui le positionne (croyant, athée, laïc, politique, riche, pauvre, érudit ou « brut de décoffrage » etc ).
On lui demande juste d'être libre et de bonnes mœurs. Ce qu'il est, à l'extérieur du temple, nous importe finalement assez peu, dés lors qu'il respecte ses engagements de justice, de tolérance, d'équité. Bref, qu'il vit en harmonie avec la société et ses lois.
Désolé d'avoir été un long mais le sujet est si riche.
Bonne journée,
Dominique