Lamart a écrit:
Décidément il n'y a que moi qui aie un esprit critique développé?
Sans aller jusqu'à affirmer que j'ai un esprit critique développé, disons que moi aussi j'ai trouvé le film assez bof au final.
D'ailleurs, ce n'est pas tant le film en lui même qui me gène, c'est plutôt le fait qu'on nous le serve comme l'adaptation cinématographique du roman de Matheson, avec lequel il n'a plus grand chose à voir.
ATTENTION, ma critique va contenir des spoilers vis à vis du film et du roman. Sautez-la si vous n'avez pas vu le film et voulez garder le suspens intact.Dans le livre de Richard Matheson, quasimment dès le départ, le ton est donné : il n'y a plus d'espoir. Robert Neville est le seul, le dernier de la race humaine, l'unique survivant à la pandémie d'origine bactériologique qui a transformé tous les hommes en monstres. On ne saura d'ailleurs que très peu de choses sur l'origine et la nature de la maladie, car là n'est pas le sujet du roman.
Neville est un homme ravagé par la solitude, par la perte de sa famille, et qui essaye vainement tout au long du livre de sauvegarder ce qu'il reste d'humanité....et c'est en grande partie cela qui donne toute sa puissance au récit. Chaque nuit, Neville doit subir les assauts répétés des vampires contre sa maison transformée en forteresse... et il se comporte alors comme n'importe quel être humain ferait à sa place : il se noit dans l'alcool, pète régulièrement un cable...
A l'inverse, dans le film, il n'y a rien de tout ca.
Le ton est faussé dès le départ : Neville n'est pas le seul être humain sur terre, vu qu'il est rejoint quasimment dès les deux tiers du film par la femme et le gosse (c'est d'ailleurs à partir de ce moment-là que le film devient inintéressant). Le Robert Neville présenté est très impliqué dans l'histoire : c'est un médecin visiblement réputé, qui a travaillé sur le "virus". Il est bien organisé et semble -relativement- bien dans sa tête, d'autant plus que les vampires lui foutent royalement la paix... ce qui est à l'opposé de l'esprit du roman qui nous présente un être humain lambda, qui ne possède rien de particulier, mais qui se retrouve seul au monde et traqué par les vampires.
L'autre grosse trahison, ce sont justement les vampires en eux-mêmes. Dans le film, on a droit à une sorte de succédané d'Imhotep dans "la Momie"... en plus stupide. Le roman présente à l'inverse des vampires plus intelligents, qui parlent, et finissent par développer une nouvelle société, adaptée à ce monde différent.
J'espèrais que le film respecterait au moins cet aspect-là du livre (et qui justifie le titre "Je suis une légende", Neville se retrouvant à la fin seul au milieu d'une société de vampires). Ca semblait bien partie lors de la scène où Neville capture une vampire femelle et où le vampire mâle tente de la sauver... Mais au final, on n'en saura rien de plus, l'idée ne sera pas exploitée.
Du coup, le scénariste a été obligé d'inventer une fin particulièrement cucul pour tenter d'expliquer le titre.
Autre chose de plus gênant, qu'on retrouve également dans la Guerre des Mondes : l'ingérence de la religion dans le film. J'ai trouvé ca limite, le coup du Robert Neville qui se sacrifie en retrouvant la foi...
Bref. Au final, qu'en reste t'il, de ce film ? Des jolies vues d'un New York désertique, une chasse aux springboks sympathique et Will Smith qui signe une bonne performance d'acteur, à l'opposé des rôles auxquels il nous avait habitué...
Je reste malgré tout déçu que le film s'appelle "I am Legend", alors que seul sa trame du début a un quelconque rapport avec le livre. C'est visiblement juste une façon d'exploiter la franchise et de profiter de l'aura qui entoure l'oeuvre de Matheson... qui aurait mérité une adaptation plus fidèle. Certains scènes du livre, à la portée émotionnelle très forte, auraient probablement donné un bon résultat à l'écran. Je pense en particulier au moment où Neville amène le corps de sa fille aux militaires, ou lorsque qu'il rentre sa femme transformé en vampire. Ou la scène (récurrente dans le livre) des vampires qui appellent Neville depuis l'extérieur de sa maison, en lui demandant de se joindre à eux.
Il y avait largement matière à faire un très bon film, à partir du roman, c'est donc d'autant plus inexcusable à mon avis de pondre un film aussi moyen à tous points de vue.