Tout à l'heure, le Finlandais Kimi Raikkonen est devenu champion du monde des conducteurs de Formule 1, en remportant le Grand Prix du Brésil, à Sao Paulo, au volant de sa Ferrari.
Pour la première fois depuis 21 ans, le titre mondial se jouait entre trois pilotes lors de la dernière course. L'Anglais Lewis Hamilton (qui débutait cette année) menait le bal avec 107 points, devant le double champion du monde sortant Fernando Alonso (103), son équipier chez McLaren-Mercedes, et Raikkonen (100).
Les qualifications avaient vu l'autre pilote Ferrari, Felipe Massa, s'octroyer la première place sur la grille de départ devant Hamilton, Raikkonen et Alonso. Lorsque la meute fut lâchée, Massa garda l'avantage alors que Raikkonen, placé sur la partie la plus propre de la piste, se faufila derrière lui. Hamilton, gêné par une glissade du Finlandais dans le premier virage, perdit encore une place au profit de son plus proche rival, Alonso.
Blotti dans le sillage de l'Espagnol, Hamilton tenta de reprendre son bien au virage suivant, à l'issue d'une longue ligne droite, mais Alonso protégea sa trajectoire en se plaçant en plein centre de la piste, obligeant l'Anglais à l'attaquer par l'extérieur. Une roue bloquée, Hamilton fut entraîné vers le bas-côté et perdit plusieurs places.
Il avait entamé sa remontée lorsque, alors septième, sa boîte de vitesse se retrouva bloquée de longues secondes au point mort, quelques tours plus tard. C'était probablement un problème d'électronique, peut-être causé par une sortie de virage un peu trop large, commise plus tôt dans sa rage de rattraper son retard. Hamilton se retrouva alors 17ème. Il restait à 107 points, alors qu'Alonso troisième grimpait à 109, et Raikkonen, second derrière Massa, était virtuellement à 108.
Pour garder son titre, Hamilton devait désormais se classer sixième. Il entreprit une remontée brillante, malheureusement gâchée par une stratégie très critiquée (trois arrêts aux stands au lieu de deux pour ses principaux rivaux).
En tête, Alonso d'abord proche des Ferrari fut ensuite largement distancé. Raikkonen dut fournir un gros effort pour rester au contact de Massa, lequel, quoi qu'en diront les mauvaises langues, ne lui a guère fait de cadeaux. Au prix d'une série de tours impressionants, Raikkonen finit par profiter du second arrêt du Brésilien pour grapiller les quelques dixièmes de secondes nécessaires pour lui ravir la première place.
Et là, tout changeait, puisque Raikkonen avec deux points supplémentaires en comptabilisait désormais 110, contre 109 à Alonso : c'était désormais lui, le champion du monde virtuel ! L'Espagnol ne fut jamais en mesure d'inquiéter les Ferrari et dut les laisser filer (il terminera la course à plus de 50 secondes du vainqueur), seule une panne sur l'une des deux monoplaces rouges pouvant éventuellement lui redonner le titre.
Hamilton, lui, devait à présent se classer 5ème pour conserver la première place du championnat. Il tenta l'impossible pour remplir cet objectif, reprenant, en fin de course, une seconde au tour à un trio en lutte pour la 4ème place où l'on ne se faisait pas de cadeau, entre d'une part les deux BMW de Heidfeld et Kubica, et d'autre part la Williams de Rosberg. Mais l'écart à combler (25 secondes en 12 tours) était trop grand, et Hamilton échoua en 7ème position, à un tour des vainqueurs.
Raikkonen resta jusqu'au bout sous la pression (néanmoins amicale) de Massa, à laquelle il résista vaillament, subtilisant en toute fin de course le record du tour, réalisé précédemment par Hamilton lors de sa tentative désespérée de revenir dans la course au titre. Les deux Ferrari ne donnèrent aucun signe de fatigue mécanique et réalisèrent un doublé triomphal.
Raikkonen totalisait donc 110 points, contre 109 à ses deux rivaux. A égalité de victoires (quatre chacun), les 5 deuxièmes places de Hamilton (contre 4 à Alonso) lui assuraient finalement comme lot de consolation la deuxième place du championnat (il n'y a en effet pas d'ex-aequo en F1).
C'est sans hésitation le meilleur dénouement d'une saison de Formule 1 que j'ai vu de mes yeux depuis que je suis cette discipline. Il n'est pas sans rappeler celui de 1986, alors que Mansell menait le championnat devant Piquet et Prost : ce dernier d'abord ralenti par une crevaison était remonté dans les premiers rangs avant que ses deux rivaux ne connaissent le même problème. Mansell avait été contraint à l'abandon après une crevaison à haute vitesse, et Piquet avait dû faire un arrêt au stand inopiné pour ne pas subir le même sort, laissant la victoire et le titre à Prost.
Histoire de ne pas oublier les seconds couteaux, signalons la très belle course de Nico Rosberg, finalement quatrième après une série de dépassements incisifs sur Kubica et Heidfeld. A noter aussi les excellents débuts de son nouvel équipier chez Williams, Kazuki Nakajima (le fils de Satoru Nakajima, dont les vieux baroudeurs de la F1 se souviendront peut-être), neuvième après, entre autres, un dépassement d'anthologie sur son compatriote nippon Takuma Sato.
En tout cas, ce fut une course très plaisante (même si, par goût personnel, j'aurais préféré que le très méritant Hamilton soit champion) et je ne regrette absolument pas d'avoir emprunté une télé (je n'en ai pas en temps ordinaire) pour la suivre ! Aussi ai-je décidé d'en faire profiter tout le monde...
