Idée reçue sur le cerveau :
Il est fréquent d'entendre ici où là, des personnes, médiatisées ou pas voire des publicités affirmer que le cerveau possèderait des pouvoirs, des capacités, encore inconnues. Encore plus fort : certains déclarent que les scientifiques ont prouvé que nous n'utilisons notre cerveau que dans une limite de 10% ! Ce qui signifie que les 90% restant ne sont pas mis à contribution, tel l'iceberg cachant ses incroyables capacités inutilisés. A ce postulat de départ vient se greffer toute une quantité impressionnante de pouvoirs, plus ou moins extraordinaires et paranormaux les uns les autres, que nous permettrait l'utilisation de ces 90% de neurones se reposant gentiment dans notre boite crânienne. D'ailleurs c'est bien connu : les personnes capables d'aller "chercher", de faire réagir et travailler cette énorme zone, restée en inactivité chez les gens dits "normaux", sont pratiquement tous médiums, voyants, télépathes, ou ont des pouvoirs de psychokinèse. Quand il ne s'agit pas de "méthodes" de développement personnel vendues sous forme de stages, de week-end ou tout simplement par correspondance, pour vous permettre d'acquérir cette maîtrise que vos amis vous envieront dès que vous la posséderez, certaines sectes comme la scientologie ou d'autres de "méditation transcendantale" en font leur fonds de commerce, avec pour slogan : "comment devenir un surhomme ?" ou "développez toute la puissance de votre mental" et encore "maîtrisez le pouvoir de la pensée", etc. Qui n'a d'ailleurs pas rêvé un jour de devenir un surhomme et de sortir de son banal quotidien ? Enfin, idée répandue et facilement acceptée car elle permet en plus d'un côté de se dédouaner de certains actes d'une horreur dont le genre humain n'est pas très fier, et d'un autre côté de rêver à des possibilités inexploitées qui nous éloigneraient encore plus du reste du règne animal.
Qu'en est-il vraiment ? Il faut tout d'abord savoir que rien dans la littérature psychologique ou neurologique ne vient confirmer cette thèse ne serait-ce que du bout des doigts. Bien au contraire, les techniques modernes d'imagerie par résonance magnétique démentent totalement ce mythe. Ces méthodes, pouvant même définir les différentes zones de notre cerveau telles que celles de la vision, du langage, de la motricité ou de la mémoire, ont montré que notre cerveau fonctionne bien dans son intégralité, tous nos neurones sont bien utilisés même si ce n'est pas en même temps.
Il a été en outre estimé que notre cerveau, même s'il ne représente que 5% de la masse corporelle, consomme 20% de l'oxygène respiré et du glucose utilisé par le corps. Si celui-ci n'était réellement utilisé que dans la limite de 10%, imaginez le volume d'oxygène nécessaire pour le faire tourner ne serait-ce qu'à 50% ! Si ce mythe avait quelque début de réalité cela serait paradoxal et peu reluisant pour nous, songez que si seulement 10% de notre cerveau était utilisé, cela équivaudrait à un cerveau de mouton : notre cerveau pèse en moyenne 1400 grammes et si 90% étaient enlevés il resterait 140 grammes, égal à celui du mouton.
Mais d'où peut bien venir pareil mythe sur les capacités de notre cerveau ? Comme tous les mythes, ses origines restent floues. Selon un psychologue canadien, B. Beyerstein, il trouverait son origine dans une erreur d'interprétation datant de 1930. Il faut savoir que plus un organisme est élevé dans l'échelle phylogénétique, plus grande est la partie du cerveau consacrée à des tâches autres que sensorielles ou motrices, sachant en plus que le cerveau est relativement souple, une zone pouvant changer de vocation à force d'utilisation, comme chez les aveugles dont l'ouïe et le toucher se sont plus développés, et inversement chez les personnes sourdes. Les travaux de recherche menés à ce sujet nomment cette partie non consacrée à la motricité ou aux sens, le "cortex silencieux". Le terme lancé, il a pu être mal interprété et considéré comme une partie du cerveau non utilisée.
D'autres affirment que cette croyance provient de la déclaration d'un philosophe américain du 19° siècle, William James, partisan du paranormal, disant que nous n'utilisons qu'une toute petite partie de nos ressources mentales et physiques, relayé par le milieu de la parapsychologie qui voyait là une preuve et une explication aux pseudos pouvoirs de télékinésie ou de médiumnité dont ils se targuent d'être les détenteurs, la mayonnaise a très vite pris. Ou bien peut-être à cause des travaux de Karl Lashley dans les années 1920 et 1930, ce dernier a ôté de larges régions du cerveau de rats et vit qu'ils pouvaient quand même encore apprendre certaines tâches spécifiques. De nos jours nous savons que la destruction, ne serait-ce que d'une toute petite partie du cerveau, peut avoir des effets dévastateurs sur le comportement, c'est une des raisons pour lesquelles les neurochirurgiens sont si prudents et précis lors d'opérations pour soigner l'épilepsie ou des tumeurs cérébrales afin d'éviter tout dommage qui serait dramatique et irréversible.
Malheureusement pour les partisans du mystère cérébral, aucune zone ne reste inutilisée même s'il est possible d'améliorer les capacités déjà possédées par un travail de tous les jours. La meilleure preuve contre cette fable reste finalement les accidents cérébraux et les traumatismes crâniens qui, lorsque le cerveau se trouve gravement endommagé, ne devraient pas handicaper la victime étant donné qu'il lui reste encore 90% de son organe vierge de toute activité. Pourquoi, en outre, le processus évolutionniste aurait-il permis à une espèce de développer un organe inutilisé à 90% ? La sélection naturelle aurait vite fait de privilégier une espèce se servant de la totalité d'un organe aussi important et si gourmand en ressources, et n'aurait certainement pas permis un triplement du volume du cerveau, en quelques millions d'années, pour rien et s'il n'avait apporté quelques avantages.
Lis la partie qui est en gras et tu fais le lien avec ce que tu as écrit dans le post juste avant.
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