Il aura fallu attendre plus d'un siècle pour identifier formellement la momie de la reine Hatchepsout.
La plus grande découverte depuis celle de Toutankhamon.

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Correspondant AU CAIRE

C'est dans le grand hall du prestigieux musée du Caire, envahi par une cohorte de journalistes et sous le regard des extraordinaires statues colossales du pharaon Amenophis III et de son épouse la reine Tii que l'annonce officielle de l'identification d'une momie comme étant celle de la reine Hatchepsout a été faite.

Accompagné du patron des antiquités égyptiennes Zahi Hawas, le ministre égyptien de la Culture Farouq Hosni a donné quelques explications, non seulement sur le travail accompli, mais également sur ce qui a conduit à la redécouverte de cette momie et à son identification, effectuée grâce à la construction d'un laboratoire de cinq millions de dollars.

C'est en explorant le troisième étage du musée que Zahi Hawas, qui était à la recherche de momies royales, trouve deux sarcophages provenant de la cache royale de Deir El-Bahari, située dans la Vallée des rois, découverte en 1881 par la famille Abdel Rassoul. Ces deux momies, de femmes, sont scannées et les recherches se focalisent sur la plus âgée des deux dépouilles. Certains signes laissaient en effet à penser qu'on était en présence d'une momie royale, comme par exemple le fait que l'un des bras était replié sur la poitrine, attitude réservée aux rois et reines.

Mais ce qui devait se révéler déterminant, c'est la découverte dans un coffret en bois frappé du cartouche de la reine Hatchepsout d'une molaire. On suppose que pendant l'embaumement, tout ce qui se détachait du corps fut placé par les embaumeurs dans les vases canopes et dans ce coffret en bois.

Cette molaire sera dûment examinée par un orthodontiste, le professeur Galal El-Beheri, qui constate que la dent se place exactement dans la cavité de la mâchoire de la plus âgée des deux femmes. C'était la pièce manquante à cette histoire digne d'une bande dessinée.

Une dame de fer

Mais qui donc était la reine Hatchepsout ? On peut déjà la classer comme étant la première "Dame de Fer" de l'histoire universelle. Hatchepsout Khemmet-Ammon (qui régna de 1502 à 1482 av. J.-C.), dont le nom veut dire "l'unie d'Ammon en face des nobles", était la fille de Thoutmosis Ier (1525- 1516), troisième pharaon de la 18e dynastie, et l'épouse de son demi-frère Thoutmosis II.Très rapidement, elle va montrer son caractère dominateur, surtout après la mort de son époux, qui laisse comme héritier un très jeune enfant, fils d'une autre épouse, le futur Thoutmosis III.

C'est avec détermination et célérité qu'elle entreprend de passer de l'état de cogérante à celui d'unique "souverain". En effet, pour mieux affirmer son autorité, elle se vêtira comme un homme et arborera même la fausse barbe, attribut du Pharaon. Elle usera également d'un titre masculin et de formule grammaticalement masculine. Bref, elle veut faire oublier son état de femme, tout en encourageant le mythe forgé par les prêtres du dieu Ammon en prétendant être la fille d'Ammon-Ré. On peut encore en voir les preuves inscrites sur les murs du fabuleux Temple de Deir El-Bahari, dédié à Ammon-Ré mais également à elle-même comme reine au rôle politique dans le pays.

Il existe encore d'autres monuments de cet extraordinaire personnage, comme les deux obélisques du temple de Karnak et la très belle chapelle rouge entièrement reconstruite avec les pierres d'origine par la Mission française, sous la direction de l'architecte et archéologue François Larché.

C'est dire si cette femme d'exception a suscité interrogations et recherches et qu'il était donc essentiel de retrouver son enveloppe charnelle et ainsi mieux la situer dans l'histoire de son pays...

jihem a écrit:
il me semble que Christiane Desroches Noblecourt est sceptique à ce sujet (la dent)... elle avait examiné le coffret et aucune dent n'était présente...

Analyses ADN


D'autre part, Christiane Desroches-Noblecourt, à 93 ans, garde un souvenir précis de ses travaux. Elle a vu ce vase, cette rate, mais, dit-elle, « je n'ai jamais trouvé de molaire dans ce récipient sacré ».


Discovery Channel a annoncé que des analyses ADN allaient être pratiquées sur la dent et la momie du musée. Là encore, Luc Gabolde est prudent : « Toutes les momies ont été tellement bombardées de rayons X dans les années 1980 que les chaînes d'ADN ont été faussées et qu'elles ne sont plus très fiables. »


Enfin, selon Guillemette Andreu, directrice du département d'Égyptologie du Louvre, elle aussi sceptique, « il ne faut pas oublier que le gouvernement égyptien a besoin de découvertes spectaculaires, glorifiant le passé auquel les Égyptiens sont si attachés, afin de contrecarrer les tentations fondamentalistes ».