Citation:
s'il est normal ou simplement dérangé, alors c'est toute la société qui est aliénée, incapable de prévenir ou de dissuader de tels individus qui peuvent exploser pour une banale déception amoureuse ..
D'une part, je me demande qu'est-ce que la "normalité" ?
D'autre part, pour te répondre Dami1, je pense qu'il y a un peu des deux.
En effet, et pour reprendre un peu ce que disait Xnedra plus haut, notre société de consommation - qui est elle même "consommatrice" - impose des cadres, des codes : réussite, beauté, possession de biens, bonne santé ( quitte à avaler 3 fois par jours une pharmacie complète... ) etc...
Face à cela, l'individu a 3 solutions : accepter et rentrer dans le rang bon gré mal gré, ce que font la plupart des gens, et ce qui nous faisons tous un peu, il faut le reconnaître.
Le refuser, et là il faut être très fort et capable de céder à la pression sociale, et/ou devenir une rock star déjantée ou un ermite dans le désert, au final c'est un peu la même démache.
Mais si on est pas suffisament fort pour refuser, mais aussi incapable de rentrer dans ces codes sociaux pour X ou Y raisons, il ne reste plus beaucoup de solution. En fait, il n'en reste même qu'une seule : mourir. Mourir parce qu'on a pas su faire de notre faille une force, parce qu'on a pa su faire passer la lumière par cette faille.
La mort peut être on ne peut plus réelle : le suicide. Mais elle peut être aussi symbolique : le crime, la délinquence peuvent être compris comme des sortes de suicides sociaux, une mise au ban de la société ( au sens propre, au Moyen-Âge, être mis ai ban - banni - signifiait ne plus avoir d'existence sociale en tant qu'individu. Cette peine a été reprise par la suite sous la forme de la "mort civile" en vigueur jusqu'au 20ème siècle ) : on s'estime légitime à rejeter la société et ses règles parce qu'elle même nous rejette.
Il ne s'agit pas ici d'excuser le criminel, ni de simplifier des mécanismes qui sont infiniment complexes, juste d'expliquer et de comprendre avant de condamner à l'emporte-pièce.
D'ailleurs dans le cas qui nous occupe, les déclarations de Cho Sung-Hui ( du moins les quelques déclarations qui sont parvenues jusqu'à mes oreilles ) sont assez frappantes.
D'une part, il dit "C'est vous qui m'avez poussé à faire cela... Vous auriez pu l'empêcher, maintenant vous avez du sang sur les mains."
Il s'estime donc totalement "innocent" du drame qu'il a causé, mais c'est la "société" qui est responsable. D'ailleurs, il me semble aussi qu'il se plaind des moqueries dont il était victime de la part des autres élèves. Il est donc possible de déceler une forme de paranoïa et de délire de persécution dans ses propos.
De plus, il se place un peu en "victime" ou instrument d'un sorte de tragédie ( au sens grec du terme ) qui le dépasse, puisqu'il me semble même qu'à un moment il dit que "cela devait être fait".
Bon, ce n'est que l'impression que ça me laisse au prime abord, maintenant je peux parfaitement me trompée, je ne suis pas psychiatre.
D'autre part, sa "cible" est on ne peut plus claire : les "gosses de riches dépravés". Peu importe que dans ses victimes il y ai des personnes qui ne soient pas si riches que ça ( j'ai regardé vite fait là liste : des boursiers, des profs... il visait tout le monde et personne en particulier ) ou pas si dépravées que cela, ou même pas si gosses que ça puisqu'il a aussi tuer des professeurs.
Ce qui compte c'est qu'il a fait ( ou a vu en elles ) de ses victimes des symboles, des représentants d'une société de la réussite triomphante, société dans laquelle il n'a pu - pour diverses raisons, personnelles, sociales etc... - rentrer, dont il s'est senti probablement injustement exclu.
Biensûr, tous les jeunes gens un peu perdus, isolés, marginaux ne réagissent pas de la sorte.
Et c'est d'ailleurs difficilement explicable. Je ne sais pas pour lui, mais pour Columbine, il me semble que les 2 tireurs avaint par exemple une vie familiale des plus paisibles ( encore que, je crois que pour l'un ses parents avaient divorcés, mais j'ai un doute... ).
Citation:
Mais ne dit-on pas, aimer à la folie, faire des folies ," être fou de quelque chose ou quelqu'un , être fou de rage " etc....
Certes, mais ce que je voulais dire, c'est que "fou" n'est pas un terme "technique" propre à parler du sujet qui nous occupe.