Environnement
Les glaciers reculent partout dans le monde Associated Press (AP) Par Charles Hanley 14/02/2005 14h43
Des Andes à l'Himalaya en passant par les Alpes, les scientifiques font partout le même constat: les glaciers fondent sous l'effet du réchauffement climatique, menaçant les ressources en eau de régions entières et contribuant à la montée du niveau de la mer.
S'il est observé sur l'ensemble de la planète, le recul des glaciers est particulièrement rapide dans les Andes. «Regardez! le Chacaltaya s'est scindé en deux», souligne le scientifique Edson Ramirez en montrant l'étendue glacée qui culmine à 5 300 mètres d'altitude à une heure de route de La Paz, en Bolivie.
Le Chacaltaya, qui contribue à l'alimentation en eau de la capitale bolivienne, aura disparu dans huit ans, selon M. Ramirez. «Certains petits glaciers comme celui-ci ont déjà disparu», précise le glaciologue bolivien. «Et beaucoup d'autres suivront dans les dix prochaines années.»
De l'Alaska au nord, à la Patagonie au sud, c'est tout le continent américain qui est concerné. Mais pas seulement. En Afrique de l'Est, les célèbres neiges éternelles du Kilimandjaro fondent. Et dans les Alpes et l'Himalaya, les changements sont frappants.
«Sur les sommets himalayens, le rythme auquel les glaciers reculent est alarmant», constate le scientifique indien Rajendra Pachauri, qui dirige le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), un réseau d'experts parrainé par l'ONU. «Et ce n'est pas un exemple isolé. J'ai vu des photos du Kilimandjaro prises il y a 50 ans et aujourd'hui: on voit la différence.»
Des preuves accablantes pointent du doigt le réchauffement du climat lié à l'activité humaine. Les températures dans le monde ont augmenté d'environ 0,6 degré au 20e siècle. Mais des glaciologues français travaillant avec Edson Ramirez estiment que les Andes boliviennes se réchauffent encore plus vite, au rythme de 0,3 degré par décennie.
Cette élévation des températures devrait se poursuivre tant que les gaz à effet de serre, essentiellement le dioxyde de carbone émis par la combustion des énergies fossiles, s'accumuleront dans l'atmosphère, soulignent les experts.
Une étude internationale menée en novembre a conclu que les températures hivernales avaient grimpé de 4 degrés sur une période de 50 ans dans l'Arctique, où le pergélisol et la banquise régressent.
Dans le même temps, la mer monte, grignotant le rivage d'îles du Pacifique, alors que les océans se dilatent sous l'effet du réchauffement et de l'écoulement d'eau douce provenant de la fonte des glaces du Groenland et d'autres régions.
Des milliers de glaciers, notamment dans la région de l'Himalaya, rétrécissent dans l'ouest de la Chine, où l'eau provenant de leur fonte a créé une nouvelle rivière. Dans les Alpes italiennes, la couche de glace a fondu de 10% durant la canicule qui a frappé l'Europe en 2003, et pourrait s'évaporer totalement d'ici 20 à 30 ans.
Sur toute la planète, le phénomène pourrait à terme compromettre l'approvisionnement en eau de régions entières pour la consommation humaine, l'agriculture et l'électricité. Au Pérou, 70% du courant est généré par des barrages hydroélectriques exploitant l'eau de la fonte des glaces andines... qui pourrait se tarir en grande partie d'ici dix ans, selon les autorités.
En outre, de nouveaux lacs de montagne formés par la fonte des glaces menacent de déborder et de submerger des villages situés en aval.
Le Chacaltaya était autrefois la plus haute piste de ski au monde mais plus personne n'a glissé sur ses pentes depuis 1998. Sa fonte a mis la roche à nu dans la partie centrale du glacier, qui a donc désormais deux langues. Edson Ramirez estime qu'il a perdu les deux tiers de sa masse dans les années 90 et n'a plus que 2% de sa taille initiale.
Les glaciers, ces «châteaux d'eau du monde», sont le signe le plus visible que nous sommes dans la première phase du réchauffement de la planète, prévient Lonnie Thompson, éminent glaciologue de l'université de l'Ohio.
Source :
Canoë / AP