Le 19 novembre 1703, à la fin du règne de Louis XIV, un mystérieux prisonnier meurt à la Bastille où il était enfermé depuis 1698.
Il est enterré sous le nom de Marchiali, quelques jours après, dans le cimetière Saint-Paul.
Cet homme auquel on prête environ 45 ans aurait vécu en prison au total pendant vingt-quatre ans, à Pignerol puis à Sainte-Marguerite de Lérins, enfin à la Bastille, à Paris.
Huit ans après sa mort, la princesse Palatine, belle-soeur du roi de France, le sort de l'anonymat. Dans sa correspondance, elle le présente comme un milord anglais qui aurait comploté contre la France.
La littérature et la légende vont dès lors s'emparer du personnage et le rendre célèbre sous le surnom de «Masque de fer» car nul n'a jamais pu voir son visage caché par un masque de velours noir (et non de fer). - Source :
La légende du Masque de ferCelle-ci, qui n'est pas mal.
30 avril 1687. Le Masque de Fer arrive sur l’île sous la bonne garde de son geôlier Monsieur le Marquis de Saint-Mars. L’identité de cet individu mystérieux, dont le masque aurait en fait été en velours, est demeurée une énigme. Voltaire le disait frère aîné du Roi Soleil et évoquait un homme « qui avait parlé à des gens qui l’ont servi. » Alexandre Dumas romança son histoire dans Le Vicomte de Bragelonne.
D’autres théories le voulaient :
- frère jumeau de Louis XIV, fils adultérin d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, et du Duc de Buckingham,
- ou de la même Anne d’Autriche et du Cardinal Mazarin,
- bâtard de Louis XIV (le Duc de Beaufort),
- bâtard du Roi Charles II d’Angleterre (le Duc de Monmouth),
- ou encore Comte Mattioli, qui aurait été emprisonné pour avoir vendu à l’Espagne le contenu des négociations entre Louis XIV et Carles III de Mantoue…
Le traitement de faveur exceptionnel dont bénéficiait ce prisonnier hors du commun a toujours favorisé l’hypothèse de l’individu de sang royal. De nombreuses légendes ont contribué à perpétuer le mystère, comme cette assiette, sur laquelle le Masque de Fer aurait rédigé un message avant de la lancer à la mer. Un pêcheur qui la retrouva la remit à Monsieur de Saint Mars et n’aurait eu la vie sauve que grâce à son illettrisme. Toujours d’après la légende, un frère n’aurait pas eu la même chance. Ayant découvert au creux des vagues une chemise de toile fine sur laquelle on pouvait lire quelques lignes, le religieux aurait été retrouvé mort deux jours plus tard.
Mais l’hypothèse la plus folle est sans doute la suivante : de la liaison du Masque de Fer et d’une Cannoise venue agrémenter sa solitude, serait né un fils. L’enfant aurait été envoyé en Corse et placé chez une dame de confiance ignorant tout de son identité. On lui aurait alors recommandé d’entourer le nouveau-né des meilleurs soins, l’assurant qu’il venait de « Buoné-Parté » (de “bonne part”). Une recommandation qui inspira la nourrice, qui le baptisa Buonaparte. Voilà comment la légende venait d’attribuer un arrière-grand-père illustre au futur Napoléon !
Selon de récentes conclusions, tirées de la découverte d’une correspondance dans l’édition anglaise des œuvres de Voltaire, le Masque de Fer serait tout simplement un valet qui en savait trop, un dénommé Eustache Danger qui aurait servi Nicolas Fouquet, ex-surintendant des finances de Louis XIV, à la forteresse de Pignorol où tous deux se trouvaient prisonniers. Il aurait eu connaissance d’échanges entre Fouquet et un autre illustre prisonnier, le Comte de Lauzun, Maréchal de France tombé en disgrâce, qui communiquaient entre leurs cellules par le biais d’un conduit secret. On aurait alors transféré Eustache Danger sur l’île Sainte-Marguerite, où avait été muté Monsieur de Saint Mars en 1687. Mais il n’existe aucune certitude.
1698 : le Masque de Fer quitte l’île pour rejoindre la Bastille où il meurt en 1703, enterré au cimetière Saint-Paul sous, dit-on, le nom de Marchiali en emportant dans sa tombe son terrible secret. Sur le mystérieux personnage, Victor Hugo écrira : « Le Masque de Fer, ce prisonnier dont nul ne sait le nom, dont nul n’a vu le front, un mystère vivant, ombre, énigme, problème. » - Source :
Histoire de Cannes
Les fouilles exécutées dans le cimetière en question aurait révélé un caveau vide, le mystère reste entier.