Poltergeist binoclard a écrit:
Le fait qu'elle ne se base que sur des témoignages, subjectifs donc, veut juste dire que ce n'est pas une science à proprement parler (contrairement à ce que les gens pourraient croire, vu qu'il y a "zoologie" dedans).
Cela me paraît un petit peu plus complexe que ça. Une discipline reposant sur des sources testimoniales (l'histoire par exemple) peut être pratiquée de manière scientifique, l'essentiel étant de mettre en oeuvre la méthodologie adaptée pour réduire la subjectivité inhérente à ce type de sources.
Le problème avec la cryptozoologie telle qu'elle est pratiquée actuellement est que cette méthodologie n'est que trop peu utilisée : témoignages souvent pris au premier degré, raisonnement par analogie, manque de recul critique sur les sources.
La source de tout cela réside à mon avis dans le parti-pris épistémologique qui a présidé à la naissance de la discipline. Heuvelmans et ses disciples ont milité à toute force pour en faire une science distincte de la zoologie "classique", alors qu'elle aurait pu tout à fait être un outil méthodologique complémentaire. On aurait pu ainsi, à l'occasion, substituer un travail d'enquête ciblée à la traditionnelle collecte aléatoire de spécimens qui caractérise la zoologie "classique".
Au lieu de cela, on aboutit à une incohérence paradigmatique : alors que, en toute objectivité, les deux disciplines ont le même objet d'étude (le règne animal), la cryptozoologie prétend décrire des espèces selon un processus différent (témoignages suffisants) de celui de la zoologie classique (nécessité d'avoir un ou plusieurs spécimens à disposition), créant ainsi un des plus beaux "bi-standard" (deux règles différentes pour un seul et même jeu) de l'histoire de la science.