Je pense que tout talent nécessite "normalement" une phase d'apprentissage et d'entraînement malgré un environnement favorable (éducation, héritage génétique, sensibilité particulière...).
C'est pour cela que le cas de personnes qui "oeuvrent" de manière brutale est quelque peu troublant.
A
Chimère:
- J'espère effectivement que nous ne sommes pas de simples "pantins" esclaves de nos pulsions hormonales ou neurologiques. Je pense que nous possédons quand même un libre-arbitre réfléchi et conscient.
- J'apprécie également les ouvrages de Pauwels; je possède le Tome 2 "Histoires magiques de l'Histoire de France" et recherche désespérement le premier...
A
Ptibout:
N'en déplaise à
Kanashimi je vais résumer "l'affaire Dickens":
Les faits:
En 1870, l'écrivain anglais Charles Dickens écrit un très curieux roman, un roman fantastique, intitulé
Le mystère d'Edwin Drood, qui, depuis 5 mois, paraît en livraison mensuelle et qu'un immense public suit passionnément.
Il lui reste encore six chapitres à écrire pour conter la fin de l'étrange aventure de son héros.
Charles Dickens meurt brutalement et n'aura pas le temps d'achever son roman qui paraissait sous forme de feuilletons dans un journal.
Deux années passent, et le public oublie peu à peu
Edwin Drood et son mystère...
Et un jour, le 3 octobre 1872, à Brettleboro (petite ville américaine), Mrs Blank, qui tenait une pension de famille et s'occupait un peu de spiritisme, voit entrer dans son bureau l'un de ses locataires, le jeune Thomas P.James, employé chez un imprimeur. Ce dernier lui relate le fait qu'il a entendu une voix dans sa tête se présentant comme Charles Dickens et lui ordonnant de prendre un papier et un crayon. Thomas tend à la femme un bout de papier qu'il a obtenu grâce à l'écriture automatique:
" En mourant, j'ai laissé un roman inachevé
Le Mystère d'Edwin Drood. Je vous ai choisi, Thomas, pour le terminer. Je viendrai régulièrement vous dicter les chapitres qui manquent... A ce soir..."
La vieille dame encourage Thomas et assiste à ces séances d'écriture automatique. Elle racontera plus tard que Thomas écrivait à toute vitesse, sans une rature et "comme s'il avait du mal à suivre ce qui lui était dicté".
Et dès lors, pendant des jours et des jours, seul ou devant témoins, Thomas James va écrire des centaines de pages auxquelles il n'apportera jamais aucune correction.
Certains soirs, il ne trace que quelques lignes et sa main s'arrête. Parfois, au contraire, il couvre de son écriture enfantine (il a quitté l'école à 13 ans) plus de 30 feuillets avant d'aller dormir.
Finalement, au mois de mars 1973, après 5 mois de travail, les 6 derniers chapitres du
Mystère d'Edwin Drood sont terminés. Thomas James en remet le manuscrit à la vieille dame qui, aidée par l'imprimeur chez lequel travaille son pensionnaire, trouvera un éditeur.
Enfin, le livre paraît en novembre 1873 avec ce titre:
Fin du mystère d'Edwin Drood, suivi de cette extraordinaire mention: "Dicté de l'au-delà à Thomas James par Charles Dickens."
Naturellement, les critiques se précipitèrent sur le livre en ricanant, prêts à le mettre en pièces. L'ayant lu, leur ébahissement fut sans borne. Tous durent reconnaître que l'on retrouvait, dans cet ouvrage, le style, le verve, l'humour et toute la malice du grand romancier anglais, et l'un d'eux alla jusqu'à écrire:
"Si l'on ne savait pas que ce livre a été composé par un jeune homme américain, on pourrait croire qu'il est de Charles Dickens lui-même..."
Analyse/ Débat/ Enquête:
- Le jeune Thomas avait quitté l'école à 13 ans pour devenir apprenti imprimeur et savait tout juste lire et écrire. Il ne possèdait aucune culture littéraire et n'avait jamais ouvert un livre de Dickens.
- Face à l'enthousiasme de la critique, l'éditeur, qui ne croyait pas un mot de l'histoire racontée par Thomas et qui pensait avoir mis la main sur un jeune romancier prometteur, lui commanda un second livre. Le pauvre Thomas (conscient de son incapacité) refusa dans un premier temps puis finit (alléché par l'appât du gain) par accepter de faire un essai... Ce fut lamentable et sa carrière professionnellle s'arrêta là...
- Certain ont avancé l'hypothèse que la fin du livre de Dickens aurait été écrite par un romancier professionnel. Si cet auteur avait existé et qu'il eût été capable de pasticher avec autant de talent le style de Dickens, il n'aurait pas caché son nom très longtemps (Cf
La Chasse spirituelleprésenté comme un inédit de Rimbaud).
- Conan Doyle a fait étudier très sérieusement le livre de Thomas James par des critiques littéraires. Leur conclusion fut que l'auteur avait acquis le style, le vocabulaire et jusqu'à la façon de penser de Dickens. Ce qui leur parut inexplicable de la part d'un jeune américain inculte...
Source: "Histoires magiques de l'Histoire de France"
Louis PAUWELS et Guy BRETON