La vie il y a des centaines de milliers d'années

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La vie il y a des centaines de milliers d'années

Des scientifiques vont prélever pour l'analyser de l'eau enfermée sous la surface du Groenland depuis plusieurs centaines de milliers d'années.

Danemark

25/05/2004 - Le mois prochain, des scientifiques européens vont extraire, sous l'épaisse couche de glace qui recouvre le Groenland, de l'eau isolée là depuis des centaines de milliers d'années.

Les scientifiques du projet North Grip creusent depuis huit ans les glaces qui habillent la surface du Groenland. Ils y cherchent de l'information sur l'évolution du climat depuis la dernière grande glaciation, entamée il y a environ 120 000 ans.

À l'été 2003, les appareils des chercheurs ont traversé ce manteau glaciaire et ont atteint, trois kilomètres plus bas, la base rocheuse de l'île. Surprise! La foreuse est remontée en traînant à son bout une carotte de 30 centimètres d'eau boueuse, congelée pendant sa traversée dans les glaces jusqu'à la surface.

Selon les calculs des chercheurs, la glace à la base de cette couche est âgée d'au moins 120 000 ans. "En s'appuyant sur les recherches faites sur les différentes périodes de glaciation à l'échelle planétaire, certains estiment même que le centre du Groenland est enseveli sous la glace en permanence depuis deux millions d'années," a expliqué Dorthe Dahl-Jensen, chercheuse à l'Institut Niels Bohr, au Danemark, et responsable du projet North Grip, à l'occasion du congrès annuel de l'Union américaine de géophysique, qui avait lieu la semaine dernière à Montréal.

Cette eau provient de la fonte de la glace, qui est provoquée par son contact avec la chaleur du sol rocheux. Les chercheurs affirment que la base de la couche glaciaire fond ainsi à un rythme d'un peu moins d'un centimètre par an.

Dorthe Dahl-Jensen a expliqué que quand la foreuse a transpercé la base de l'épaisse couche de glace, l'eau située en-dessous a reflué dans le trou percé par l'appareil. Refroidie par la glace, elle s'est figée en une colonne d'une cinquantaine de mètres.

Les chercheurs de l'Institut préleveront en juin une deuxième carotte d'eau recongelée. En analysant son contenu, ils espèrent trouver du pollen, des algues ou encore de l'ADN qui puissent leur donner des indices sur ce à quoi a pu ressembler la vie sur l'île avant que la glace ne s'y installe.

"Nous avons déjà trouvé des traces d'ADN dans l'eau récoltée l'année dernière", a indiqué Dorthe Dahl-Jensen. "Mais les spécialistes que nous avons contactés n'ont pas voulu s'avancer à faire des hypothèse sur leur origine, parce que l'échantillon liquide avait pu être contaminé par l'huile que nous utilisons dans le trou de forage. Ce que nous allons maintenant prélever s'est solidifié sans entrer en contact avec ce liquide, et cette fois les chercheurs sont tout à fait prêts à s'en servir," a ajouté la chercheuse.

Source : cybersciences