Revoir Altamira, joyau rupestre

[Lamart]

Revoir Altamira, joyau rupestre

Les grottes d'Altamira pourraient à nouveau être ouvertes au public d'ici à la fin de l'année. Pour Miguel Angel Revilla, le président de Cantabrie, région qui abrite cet équivalent espagnol de Lascaux, cela ne fait aucun doute. Il dit avoir déjà écrit la lettre d'invitation qu'il souhaite envoyer au président américain Barack Obama pour cet automne.

Les experts sont beaucoup plus circonspects, en raison de la fragilité des peintures qui décorent cette "Chapelle Sixtine de l'art rupestre", comme l'ont surnommée les Espagnols. Certains d'entre eux, tel le critique d'El Pais Jacinto Anton, évoquent "un risque mortel" pour ces fresques réalisées à l'ocre et au charbon il y a 15 000 à 22 000 ans.

Pourtant, sous la pression des autorités locales, le conseil de gestion (patronato) de ce site préhistorique, situé à Santiana del Mar, près de Santander, vient de décider de mettre la question à l'étude. Vendredi 11 juin, le ministère de la culture a installé un groupe de travail afin de peser le pour et le contre d'une réouverture. Et, le cas échéant, d'en fixer les conditions.

Comme à Lascaux, les visiteurs actuels d'Altamira doivent se contenter de contempler une réplique de la grotte. Son accès a été condamné en 2002 en raison de la dégradation rapide des peintures polychromes, un phénomène lié aux perturbations microbiologiques qu'entraîne notamment la présence humaine. "Il s'agissait d'une fermeture préventive quand on a su que les Français avaient découvert un problème microbiologique à Lascaux", rappelle le directeur du musée d'Altamira, José Antonio Lasheras.

Une étude menée depuis par les experts du Conseil supérieur des enquêtes scientifiques (CSIS) du ministère de la culture inciterait à l'optimisme : "Nous avons constaté que les colonisations bactériennes sur les peintures ont diminué entre 2002 et 2009, explique Juan José Damborenea, l'un des responsables du CSIS. C'est une bonne nouvelle, mais les expériences récentes, ici et dans d'autres grottes, nous disent que la stratégie qui offre le plus de garantie est de continuer à maintenir un contact le plus réduit possible avec l'extérieur."

Découvert en 1879 par Marcelino Sanz de Sautuola, cet ensemble souterrain de quatre salles, d'une longueur totale de 270 mètres, a été ouvert au public dès 1917, mais les visites touristiques intensives ont commencé dans les années 1950. Le joyau d'Altamira est la "salle des polychromes", baptisée ainsi à cause de l'extraordinaire collection de 175 peintures de bisons qui ornent son plafond. Plus loin, un unique bison de 2,05 mètres de long occupe toute une paroi de la salle de "La Hoya" (la fosse). Tout au fond, les parois de l'étroite "Cola de caballo" (queue-de-cheval) recèlent une série de symboles restés énigmatiques. Après une première alerte des scientifiques en 1970, les dégradations constatées dans la "salle des polychromes" ont entraîné la fermeture du site sept ans plus tard.

Dans les années 1970, la fréquentation annuelle dépassait les 100 000 personnes, avec un record de 175 000 visiteurs en 1973. Lors de sa réouverture, en 1982, Altamira ne tolérait plus que 8 800 visiteurs par an, soit une moyenne de 10 à 40 personnes par jour selon la saison. C'était insuffisant pour satisfaire la curiosité du public, d'où la construction en 2001 d'une réplique de la "salle des polychromes" qui a accueilli plus de 2,5 millions de visiteurs depuis dix ans. Mais les scientifiques obtinrent une seconde fermeture complète du site l'année suivante.

Aujourd'hui, estime Mariana Hernandez Mariné, de l'université de Barcelone, "nous savons ce qui s'est passé et nous pouvons prendre les précautions appropriées". A charge pour le groupe de travail conduit par Angeles Albert, directrice générale des beaux-arts au ministère de la culture, d'"établir les conditions d'une accessibilité maximale qui garantissent simultanément la conservation de la grotte", selon les termes du communiqué officiel. En clair, le patronato d'Altamira attend des scientifiques qu'ils résolvent l'éternelle équation entre le droit du public à voir le patrimoine et le devoir de le protéger.

Parmi les inconnues de ce casse-tête, il faudra définir les périodes d'ouverture dans l'année, le nombre maximal de visiteurs, mais aussi si ces derniers doivent revêtir des combinaisons spéciales, etc. Mme Albert a déjà prévenu que les conditions seraient beaucoup plus drastiques qu'avant 2002.

Si elles rouvrent leurs portes, les grottes d'Altamira ne se visiteront qu'au compte-gouttes. Dès lors, une partie de la presse espagnole s'interroge sur la nécessité de prendre le risque d'endommager le site, classé au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1985, alors que, selon les enquêtes de la direction du Musée d'Altamira, 97 % des visiteurs de la réplique de la grotte en ressortent pleinement satisfaits.
Jean-Jacques Bozonnet

http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... L-32280184

Partagé entre l'intérêt de voir de visu ces œuvres plusieurs fois millénaire et le devoir de préservation.

[Napoléon Profil]

Oui, il y a des erreurs à ne pas refaire, autant préserver de tels lieux pour les générations futures.

[la chambre bleue]

La Cantabrie est une des principales régions du Monde en ce qui concerne les gisements archéologiques du paléolithique et Alta Mira en est le joyau central !

[Ar Soner]

La peinture rupestre que tu nous met en photo n'est pas d'altamira, si ?.. Le style ne correspond pas à l'image que j'en ai gardé...