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Une nécropole mérovingienne découverte en Alsace
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Une nécropole mérovingienne découverte en Alsace
Une nécropole mérovingienne découverte en Alsace
jeudi 12 aout 2004, 15h02
STRASBOURG (AP) - Une nécropole mérovingienne composée de quarante-cinq tombes a été mise au jour ces dernières semaines à Hegenheim (Haut-Rhin), à quelques kilomètres de la frontière franco-suisse, par une équipe d'archéologues, a-t-on appris jeudi après-midi auprès de la mairie.
"Nous avons retrouvé des restes de corps humains de chefs de guerre francs, ainsi que des armes d'époque telles que des boucliers, des épées et des sortes de flèches, le tout dans un bon état de conservation", a précisé un responsable du chantier joint par l'Associated Press.
Cette nécropole, répartie en six enclos funéraires, est la plus importante jamais mise au jour en France. Elle est située sur un terrain qui devait abriter deux résidences, et dont les permis de construire ont été déposés en début d'année.
Seuls une trentaine de sites de ce type sont actuellement connus dans toute l'Europe dont plusieurs en France, notamment en Alsace et en Franche-Comté, a-t-on également appris. Les recherches sur la zone ont débuté le 19 juillet en amont des travaux de construction des deux résidences. Elles devraient se terminer en milieu de semaine prochaine.
Aucune information n'a été communiquée sur le devenir de la nécropole ni sur la poursuite ou non de la construction des deux résidences.
Source : Associated Press
- Mathieu
- Message(s) : 49
- Inscription : Sam Décembre 27, 2003 13:34
- Localisation : colmar, alsace
Sauvé in extremis
Découvert fortuitement à la fin des années cinquante, le cimetière mérovingien de Hégenheim a fait l'objet, en 1958, de fouilles partielles par l'Institut de préhistoire de Bâle. Une première chambre funéraire avait alors été dégagée. Deux ans plus tard, l'un des propriétaires du terrain découvrit une deuxième tombe ainsi que le squelette d'un cheval. En 2003, un promoteur a déposé un permis de construire sur ce site sensible. Comme la loi l'impose, le préfet de Région avait alors prescrit des sondages de diagnostic pour voir si des fouilles de grande envergure s'avèrent nécessaires. Menés en hiver dernier, ces sondages ont relevé une vingtaine de tombes. En fonction de ce résultat, une convention avait alors été signée entre l'INRAP et le promoteur, fixant entre autres le délai des fouilles et le montant que le promoteur devait débourser (lire ci-dessous).
Les bénévoles écartés
Le dégagement de la nécropole a débuté le 19 juillet avec quatre à cinq personnes et devait s'achever ce vendredi 13 août. Au fur et à mesure que les archéologues avançaient sur le terrain, ils découvraient de nouvelles tombes. Au total, une quarantaine a été relevée pour la seule partie concernée par la construction d'une résidence : le double des tombes détectées lors du sondage. Dès le début du mois, le bruit commençait à circuler que face à l'étendue de ce cimetière, l'équipe de l'INRAP ne pourrait pas sauver toutes les sépultures jusqu'à la date butoir du 13 août, et qu'un certain nombre de ces tombes pourrait être sacrifié aux bulldozers. Ceux-ci devaient investir le terrain à partir du 16 août. C'est grâce à l'intervention de Christian Jeunesse, directeur par intérim du Service régional de l'archéologie, et à la compréhension du promoteur François Zeller, que l'INRAP a pu prolonger d'une semaine le chantier mené à terme avec une équipe renforcée atteignant dix personnes. Dès le début du mois d'août, de nombreux archéologues amateurs expérimentés, mais aussi des professionnels suisses, ont proposé de venir seconder l'équipe de l'INRAP qui a décliné leur offre : « L'archéologie s'est professionnalisée. Nous ne pouvons plus accueillir de bénévoles, ce serait considéré comme du travail au noir, explique Frédéric Sera, de l'INRAP. Les bénévoles ont leur place sur d'autres terrains où il n'y a pas urgence, ou dans les études. » Depuis la création de l'INRAP, ces bénévoles se sentent systématiquement écartés des fouilles préventives. Et pourtant, c'est souvent grâce à eux que les sites archéologiques sont connus.
La note pour le promoteur
« Je suis choqué d'avoir à supporter le coût de cette opération de fouilles », dit François Zeller, le promoteur qui envisage de construire sur ce site de la nécropole de Hégenheim deux résidences de 8 et 11 logements. Il avait monté son projet immobilier avant le vote de la nouvelle loi sur l'archéologie, il y a un an. Celle-ci prévoit que l'aménageur prenne en charge le coût des fouilles imposées par l'État. A Hégenheim, la note se monte à 70 000 €. Une note que François Zeller trouve salée, même s'il se déclare « enchanté des découvertes archéologiques réalisées ». A l'avenir, les petits constructeurs pourront faire appel au Fonds national d'archéologie préventive pour obtenir une subvention. « Pour l'instant, ce fonds est vide. Il sera alimenté par la redevance d'archéologie préventive qui sera due pour toutes les superficies construites supérieures à 3000 m², à raison de 0,32€ le m² », indique Christian Jeunesse, du service régional d'archéologie. Ce fonds servira aussi à payer les sondages diagnostics préalables à toute construction, demandés par les services de l'État aux demandeurs de permis de construire sur des sites sensibles, déjà répertoriés comme pouvant être de grand intérêt pour la recherche archéologique. Controversée, cette loi a le mérite, selon Christian Jeunesse, d'apporter enfin un financement à l'archéologie préventive.
Le sommeil interrompu des guerriers francs
Une nécropole mérovingienne de l'époque franque des VIe et VIIe siècles est en cours de fouille à Hégenheim. Un site exceptionnel au plan européen.
Surprises pour les archéologues qui depuis le 19 juillet fouillent 1200 m² de terrain constructible à Hégenheim : « Nous nous attendions à trouver une vingtaine de tombes mérovingiennes. Nous en comptons 45 », a annoncé hier David Billoin, archéologue responsable du chantier de fouilles préventives. Celui-ci est mené par une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et se poursuit jusqu'au 20 août (lire ci-contre). La quantité des tombes, mais surtout celle du mobilier funéraire, font de cette nécropole un site majeur, voire exceptionnel, pour l'étude des pratiques funéraires à l'époque mérovingienne en France, mais aussi dans les pays limitrophes : « On ne compte qu'une trentaine de nécropoles de cette époque en Europe dont une demi-douzaine en France. Ici, nous n'avons pu fouiller qu'une partie de la nécropole qui sans doute s'étendait vers le nord », précise David Billoin. Avec son équipe, il a mis au jour cinq grands monuments funéraires entourés de nombreuses tombes périphériques : « Ils attestent de l'influence germanique, rare chez les Mérovingiens ».
Excellent état de conservation
Les ossements et le mobilier retrouvés sont dans un excellent état de conservation. L'équipement des tombes suggère une importante différenciation sociale au sein de la société franque de l'époque. Certains défunts, sans doute des personnalités politiques ou des guerriers de très haut rang, ont été enterrés dans des chambres funéraires en bois, dans lesquelles le mort — toujours richement paré — a été déposé dans un cercueil ou sur un lit. Ces chambres sont profondes d'environ 1,50 à 1,80 m. Elles étaient entourées d'un fossé circulaire de 8 à 10 m de diamètre, avec souvent une entrée et surmontées d'un tertre. Les défunts, hommes et femmes de tous âges ou enfants, étaient inhumés en position dorsale allongée. Les tombes les plus riches contenaient des bijoux — colliers et bracelets de perles, de pierres semi-précieuses ou pâte de verre — des vases de différentes formes avec ou sans offrandes alimentaires, des boucles de ceintures, coquillages, châtelaines (disques en bronze), couteaux, épées et flèches…
« De toute première importance »
Les archéologues ont eu la surprise de trouver deux tombes postérieures avec des défunts reposant les mains jointes, sans mobilier : « Des positions plus chrétiennes, alors que les guerriers francs étaient païens », souligne David Billoin. Une autre fosse contenait une femme adulte en position foetale et une céramique campaniforme datant de 2500 av.J.C. : « On a peu d'indice sur cette civilisation, la dernière trouvaille date d'il y a trente ans », indique Christian Jeunesse, conservateur du service régional de l'archéologie. Pour Max Martin, professeur émérite de protohistoire à l'université de Munich, et Reto Marti, du service cantonal d'archéologie de Bâle-Campagne, « la nécropole de Hégenheim est de toute première importance. » Ces nobles chefs de guerre et leurs serviteurs vont désormais poursuivre leur dernier sommeil bien rangés et classés… dans des boîtes en carton. Ils en seront sortis pour études en laboratoires afin de compléter les connaissances sur les Francs établis dans la région du Rhin supérieur : « Après étude, au plus tard dans deux ans, l'Inrap restituera le tout à l'État », précise Frédéric Sera, adjoint scientifique et technique à l'Inrap.
pour télecharger l'article en pdf:
http://www.alsapresse.com/pdfs/04/08/13/pdfs/70.pdf
sources: http://www.alsapresse.com
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