La voiture de Léonard de Vinci livre enfin tous ses secrets dimanche 25 avril 2004, 12h15
FLORENCE
(AFP) - Mi-horloge, mi-voiture, la première automobile de l'histoire, le "char automoteur" conçu il y a plus de 500 ans par Léonard de Vinci, a enfin livré son secret et dévoile tous ses ressorts dans une exposition itinérante du Musée d'histoire de la science de Florence.
Photographie - Source : Musée d'histoire de la science de FlorenceConsidéré comme l'ancêtre de nos voitures, le véhicule en bois et en métal dessiné de 1478 est présenté pour la première fois dans la version imaginée par par le célèbre artiste-ingénieur de la Renaissance, qui avait 26 ans lorsqu'il l'a conçu.
L'engin, doté d'une autonomie de quelques mètres mais pouvant effectuer un virage, avait été créé pour servir de divertissement dans quelque fêtes galantes données dans le Grand-Duché de Toscane à une époque où le peintre de la Joconde était considéré autant comme un magicien qu'un scientifique.
"Il y avait une demande pour ce type d'effets spéciaux destinés à surprendre les invités", explique l'historien Paolo Galuzzi, directeur du musée florentin.
Le cadre en bois, monté sur trois roues, disposées en tricycle, était probablement complété par un décor de papier.
Simple joujou primitif en apparence, avec son frein que le maître de jeu pouvait actionner à distance à l'aide d'une corde, le char de Leonard de Vinci est en fait longtemps resté une énigme.
Des générations d'historiens et d'ingénieurs se sont cassé les dents sur la trentaine de planches non légendées laissées à la postérité par le maître et en particulier le feuillet 812 du Code Atlantique (le recueil de machines, études de géométrie et calculs de Vinci) reproduisant la voiture et son mécanisme en plans de coupe, vu de côté et vu du dessus. "Les documents sont totalement muets, il n'y a pas le moindre mot", souligne M. Galluzzi.
A plusieurs reprises, le "carro semovente" a ainsi été refabriqué, comme en 1939 sous le facisme pour exalter l'esprit d'invention de la nation italienne incarnée par la "Fiat de Leonardo", puis en 1953 pour les besoins du musée.
Mais jamais les scientifiques n'avaient percé le secret du moteur : comment diable les deux arbalètes ou ressorts à lame métalliques tendues sur la partie supérieure du véhicule pouvaient-elles transmettre leur énergie aux roues ?
Et de fait, ils se sentaient obligés d'inventer des pièces supplémentaires, absentes du dessins de De Vinci pour produire un engin roulant.
Il aura finalement fallu comprendre l'erreur et deviner que la propulsion provenait, non pas des arbalètes, mais en fait de deux autres ressorts à lame, à peine suggérés sur le graphique.
"C'est une technologie directement inspirée de l'horlogerie", a souligné lors de l'inauguration, vendredi, l'historien de l'art, Carlo Pedretti, auteur de la géniale intuition et passionné au point d'avoir sacrifié des jours et des jours à recopier des manuels d'horlogie vénitienne à l'époque où la photocopieuse ne rendait pas encore ce service (les années 50).
Son amitié avec l'expert américain en robotique Mark Rosheim et l'informatique moderne ont fait le reste.
La modélisation par ordinateur a permis de comprendre le rôle de chaque pièce et de reconstituer un modèle virtuel en trois dimensions, là où l'artiste de la Renaissance, lui, avait travaillé en deux dimensions. Propulsé par l'énergie des deux ressorts à lame, enroulés dans des tambours en bois, le char de Léonard se remonte mécaniquement à la main, comme une montre et les arbalètes ne servent qu'à stabiliser sa course.
Visible jusqu'au 5 juin au Palais Castellani, le char sera prêté en Italie et à l'étranger par le musée qui a généreusement mis toute l'exposition et la solution de l'énigme sur internet en italien.
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