Citation:
Une phrase que j'ai aimé de toi, c'est l'univers qui EST la raison de la foi.
Il y a deux manières de raisonner en métaphysique : soit par déduction, soit par induction. En bonne métaphysique chrétienne, on utilise la deuxième méthode pour ce qui concerne le problème de l'existence de Dieu. Premièrement, on part d'un fait, d'une expérience, celui de l'existence de l'univers (ce que les idéalistes nient, mais sans le moindre début de preuve). Ensuite, on se pose des questions sur la nature de cet univers, jusqu'à remonter à ses principes premiers (de la phyique à la métaphysique).
Il n'y a que deux façons de voir l'univers : ou bien il se suffit à lui-même, fondamentalement, et tout ce qui est aujourd'hui a été et sera (temps cyclique, éternel retour). Ou bien il ne se suffit pas à lui-même, et tire son existence d'un autre être. Dans un cas, "Dieu", c'est l'univers, la nature (panthéisme), dans l'autre, "Dieu" est le Dieu créateur du judéo-christianisme.
Mais j'insiste, si on veut y comprendre quelque chose, il faut utiliser la méthode scientifique, qui se base sur l'empirisme.
"Il n'y a rien dans l'intellect qui n'ait d'abord été dans les sens", disait Thomas d'Aquin trois siècles avant John Locke.
Citation:
Je m'en doutais qu'il s'agissais en fait de l'une des interrogations primordiales mais selon moi il y a la délicate question de la mort, et partant, de la raison de la vie. La vie n'a elle pour but qu'elle-même, c'est à dire vivre ?
Quel est le but de la vie et le sens de la mort (ou inversement) ?
Quel est le but de la vie terrestre ? Pour la théologie chrétienne, il s'agit de l'expérience de la liberté. On découvre l'existence de Dieu par la raison, et le but de Dieu par la révélation (l'étude des livres de la révélation hébraïque)
Or, le but de Dieu, c'est de créer un être qui puisse s'associer librement à lui. L'homme est appelé,
s'il le veut, à participer à la vie divine. Mais pour ce faire, il faut qu'il y consente. Pour qu'il puisse faire usage de cette liberté, il faut qu'il l'expérimente. D'où notre passage sur une terre où Dieu est invisible.
Si Dieu est visible, évident, nul ne peut douter de son existence, et le consentement de l'homme devient forcé, presque nécessaire. Mais s'il est invisible (quoique pas inconnaissable), alors on a la liberté de s'attacher à lui ou non.
Les religions de l'extrême-orient reposent sur une métaphysique de
l'Un : nous sommes des parcelles de l'Unité primordiale, exilée dans des corps matériels qui ne sont qu'illusion. Le but de notre vie (de nos vies, puisqu'il y a ré-incarnation), c'est de prendre conscience de cet exil, afin qu'il cesse, et que l'on revienne à l'unité perdue.
Mais la métaphysique du christianisme, est une métaphysique de
l'Union, ce qui est très différent. Au commencement, nous n'étions pas une parcelle de Dieu. En revanche, à l'arrivée, nous pouvons l'être, en quelque sorte. Dieu incréé donne la possibilité à l'être créé de s'unir à lui. L'être créé à le pouvoir de dire oui ou non. C'est une métaphysique qui consacre les concepts de don et de liberté.
Je ne sais pas si cela répond à la question...
Citation:
Pour moi, et j'y crois de plus en plus fort, ce qu'on appelle communément "Dieu" est en réalité, non pas un homme terrien, mais bel et bien le créateur de tout, y compris nous et notre univers.
Ce n'est pas autre chose que ce que dit le monothéisme hébreu depuis quelques millénaires...
Même (et surtout) pour le christianisme, Dieu n'a jamais été un "homme terrien". L'incarnation n'est pas Dieu visitant la terre à la manière d'un avatar de divinité indienne, mais l'union entre Dieu et homme sans confusion des deux natures.
Citation:
Je renvoie effectivement à la notion de divinité, mais pas dans le sens admis volontiers par le peuple.
J'avoue que je ne sais pas très bien comment le 'peuple' entend la notion de Dieu, mais ce que tu dis plus haut est en accord avec la définition monothéiste...
Citation:
Il s'agirait plutôt ici, selon moi, de "pensée", de quelque chose d'éphémère et en même temps d'existentiel, ni matériel, ni immatériel, et qui aurait un jour imaginé un lieu où se mouvraient espèces diverses.
Houla ! Il y a beaucoup de choses, là !
Que Dieu soit pensée, c'est aussi ce que considère le judéo-christianisme. Dans l'univers, tout est information. Cette information peut être comprise par notre intelligence, notre pensée, et ce n'est pas un hasard, puisque, dans l'hypothèse de la création, tout est déjà l'oeuvre d'une pensée.
Après, je ne saisis pas bien la notion d'être éphémère et existentiel, j'avoue. Dieu, selon les anciennes définitions thomistes (et donc aristotéliciennes), est pur acte. C'est-à-dire qu'il est sa propre cause (il est auto-suffisant -- c'est le fameux
'anaggke stenai' d'Aristote).
Par contre, il est, en soi, immatériel. Pour Duns Scot, il faut faire la distinction entre matériel-immatériel et corporel-incorporel. Ainsi, les créatures sont toutes matérielles : les anges sont incorporels alors que les humains sont corporels. Seul Dieu est proprement immatériel (il est pure forme, ce qui rejoint la notion de pur acte).
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Ce qui voudrait dire que tout est écrit, y compris le destin de chacun et qu'on ne peut rien y changer. La question est totalement irrésolue, sauf que moi j'aime pas cette idée et que je ne sais pas ce que l'église en pense. Encore une question pour Logos
L'Eglise s'est très clairement prononcée
contre la notion de prédétestination, en insistant toujours, à l'inverse, sur celle de libre-arbitre. Certaines hérésies et branches du christianisme disent le contraire (jansénisme, luthérianisme, calvinisme, etc.), mais ce n'est pas du tout l'avis de l'orthodoxie.
Dieu, étant par nature éternel (au sens étymologique,
ex-tempore, c'à-d. "hors du temps"), il saisit, d'un coup, toute l'histoire de la création. Mais ce n'est pas lui qui décide de ce que toi ou moi allons faire demain ; ça, c'est notre responsabilité, pour le meilleur ou pour le pire.
Il y a une différence essentielle entre tout savoir et tout déterminer.
Or, toute la théologie chrétienne orthodoxe repose sur le fondement de la liberté de l'homme. Si on nie la liberté, on tombe dans la nécessité, et on fait de la vie humaine la lutte entre Dieu et Satan pour le contrôle des âmes (thèse luthérienne fortement teintée de manichéisme). Ou bien, comme Calvin, on dit qu'une partie de l'humanité a été créée dans le seul but d'être damnée.
Ces thèses, l'Eglise (qui avaient toujours professé l'inverse) les a rejetées solennellement lors du concile de Trente, au XVIème s.
Et honnêtement, pour la double prédestination calviniste, d'un pessimisme absolu, je ne sais pas s'il y a encore beaucoup de gens qui y croient...
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( La Trinité donc si j'ai bien suivi, Oh Homme Modeste ).
Euh... que vient faire la Trinité là-dedans ?
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Mais c'est quand même troublant de voir que ce qu'ont écrit je ne sais quels hommes d'il y a 2000 ans s'accomplissent vraiment de nos jours ou durant une période de l'histoire...
Pourrais-tu préciser de quoi tu parles, s'il-te-plaît ?
Amicalement,
Logos