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 Sujet du message: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolutionn
MessagePosté: Sam Janvier 23, 2016 15:42 
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Puisqu'il semblerait que vous ayez apprécié mon dernier texte, je vous propose de continuer avec un personnage méconnu de l'histoire de France, Anne Quatre-Sous.

La place de la Dragonne à Valence (Drôme) doit son nom à un personnage méconnu de l'histoire de France. Mais bien rares sont les valentinois qui peuvent en raconter l'histoire.

3 septembre 1791. La situation est tendue depuis des mois. La toute jeune république française adopte une monarchie constitutionnelle. Celle-ci transfère les prérogatives du roi à la nation française, situation, entre autres, qui préoccupe énormément l'empereur Léopold II, frère de la reine Marie-Antoinette, d'autant que certaines monarchies d'Europe se demandent si elles doivent intervenir, soit pour aider Louis XVI, soit pour profiter du chaos en France.

Le 27 août Léopold II et le roi Frédéric-Guillaume II, de Prusse ont publié la déclaration de Pillnitz, censée apaiser les monarchistes français. La déclaration na pas eu l'effet escompté, bien au contraire. Pire, elle est considérée en France comme une menace sérieuse et dénoncée comme telle par les dirigeants révolutionnaires.

Anne Quatresault, dite Quatre-Sous, a vu le jour le 27 septembre 1775 à Nargis, près de Montargis dans une famille pauvre. Elle est la dernière de cinq enfants. Son père décède alors qu'elle n'a qu'un mois et à trois ans, elle perd sa mère. L'aîné n'a que treize ans. La fratrie est donc dispersée et Anne placée dans une famille pauvre de Chalette. Plus tard, en âge de se rendre utile, elle est chargée d'abord de garder les dindons puis les vaches.

Fichier(s) joint(s):
Acte_naissance.jpg

Acte de naisance de Anne Quatresault, dite Quatre-Sous


Rien ne la destine à prendre les armes. C'est un incident qui va décider de son destin.

Ayant mené un troupeau appartenant à plusieurs propriétaires paître près d'une coupe fraîche, ses vaches sont attaquées par des guêpes. La petite Anne, qui a bien du mal à récupérer le troupeau dans la coupe voisine, est surprise par le garde-champêtre qui commence par la gronder, la moleste un peu puis menace de la pendre pour négligence.

Épouvantée, la jeune fille s'enfuit. Elle abandonne le troupeau et suit la route de Paris. Le hasard la fait passer le lendemain à Fontainebleau devant un des innombrables bureau de recrutement qui fleurissent partout, à la recherche de volontaires. Elle n'a que quinze ans mais sa conscience lui dicte de se mettre au service de la République en danger.

Mais surtout, elle est tombée en admiration devant l'uniforme brillant d'un artilleur, en faction devant le bureau de recrutement. Ni une ni deux, elle se rend chez un fripier où elle se procure des vêtements masculins, soi-disant destinés à son frère, puis chez un perruquier à qui elle vend ses cheveux pour trois livres.

Et c'est déguisée en garçon, mêlée aux volontaires d'un canton isérois, qu'elle se présente au recrutement, se présentant comme Jean Quatresault, du nom d'un de ses frères. Mais elle est de petite taille, ce qui n'a rien d'étonnant vu son âge. Elle est donc d'abord rejetée, mais à force de persévérance, réussit à se faire engager dans un régiment de Vendée où elle est affectée à la conduite des chevaux d'artillerie.

Fichier(s) joint(s):
Dragonne.jpg

D'après la BD Thérèse Dragon, Vent d'Ouest 2014.


De ce jour, elle combat toujours en première ligne, participant aux sièges de Liège, Aix-la-Chapelle, Namur et Maastricht. Elle est encore du siège de Dunkerque, puis de la bataille d'Hondschoote où deux chevaux sont tués sous elle. Elle même est renversée par le souffle d'un boulet. Elle a à peine dix-huit ans.

Elle est encore en première ligne lors du bombardement par les troupes britannico-autrichiennes de Valenciennes du 23 mai au 28 juillet 1793. Pendant trois jours, elle est même réduite à manger de la chair de cheval. Mais toute chance a une fin. Blessée à la cuisse et présentée aux médecins malgré tous ces efforts, mais vaincue par une forte fièvre, elle ne peut plus cacher son véritable sexe.

La blessure est grave et la convalescence d'Anne se prolonge tout l'hiver 1793.

Exclue de l'armée, elle se retrouve dans le plus grand dénuement, ce qui n'est pas une image. Au printemps 1794, elle arrive à Paris, dans son uniforme en loques et se présente au Comité de la Guerre de la Convention, qui la renvoie auprès du Ministre de l’Intérieur.

Laissons parler le député Gossuin, dont le rapport est repris dans la "Gazette nationale ou le Moniteur universel n° 215" du quintidi 5 floréal de l'an II (jeudi 24 avril 1794).

Fichier(s) joint(s):
Moniteur_215.jpg

C'est ainsi que la Convention, convaincue par le député lui accorde « une pension de 300 livres, laquelle sera augmentée de 200 livres à l’époque de son mariage. Il lui sera en outre passé par la Trésorerie nationale, sur la présentation du décret, une somme de 150 livres, pour se procurer des vêtements.»

Il faut quand même remarquer que Gossuin lui donne seize ans alors que son acte de naissance en indique presque dix-huit.

Mais aussi surprenant que cela peut paraître, Anne Quatre-Sous n'est pas la seule femme à s'engager dans l'armée républicaine. Elles sont même nombreuses. Mais toutes n'ont pas la même reconnaissance de la nation.

- Ursule Aby, lieutenant dans armée républicaine, blessée, obtient à titre de secours et de récompense 200 livres par la Convention Nationale le 25 frimaire an III.

- Marie Antoinette Chevalier Adams, épouse Lainé, habillée en homme dans l'armée du Centre de Sapinaud (Vendée), est fusillée le 1er nivose an II après jugement tribunal de Fontenay.

- Marie Adriam, deux mois comme canonnier en habit masculin, participe au siège de Lyon, comme fédéraliste en 1793. Devant le juge, elle déclare qu’elle a lutté pour libérer le pays. Elle est guillotinée.

- Marie Anne Barra, 26 mois dans l'armée, mariée au sergent major Blanc du 1er bataillon de la 109e brigade, le 3 janvier 1794 reçoit par la Convention Nationale, sur demande du citoyen Neveu, représentant du peuple près les armées de Rhin et de la Moselle, la somme de 350 livres ajoutées aux 150 livres de secours provisoire à titre de gratification et de reconnaissance nationale.

- Rose Alexandrine Barreau Liberté, sert avec son mari Leyrac (blessé au combat) et son frère (tué) dans le 2ème bataillon du Tarn, comme "fils Barreau" contre les Espagnols pendant un an et deux mois. Elle obtient 300 livres de pension jusqu’en 1806.

- Jeanne Marie Barrère, 29 ans en 1793, 5 pieds 4 pouces, cheveux et sourcils noirs, yeux gris, nez aquilin, bouche ordinaire, menton long, visage oval, née à Cuzaguet, Hautes Pyrénées sert dans la 5ème demi brigade d'infanterie légère de l'armée des Côtes de l’océan à partir du le 4 septembre 1792, avec un « courage au dessus de son sexe » . Blessée à la cuisse à la prise de Toloza, elle refuse de se retirer. Elle reçoit une pension 30 sols par jour

- Louise de Bennes sert dans armée de Condé comme lieutenant pendant quatre ans sous le nom de chevalier de Houssay. Blessée et son mari mort à ses côtés, il lui est refusé en juillet 1817 l’attribution par le ministre de la Guerre de la Croix de Saint Louis, réservée aux militaires et éventuellement aux femmes avant que leur sexe ne soit connu. Elle ne reçoit que la pension du mari car elle n'est pas amputée et n'a pas trente ans de service.

- Adélaïde Bertin dit avoir servi comme muletier pendant trois ans et avoir eu cette autorisation est enfermée à la prison de la Petite Force en juillet 1795, parce qu'habillée en homme.

- Marie-Marthe Bertin, 18 ans, est arrêtée le 6 août 1794 en sortant d’une caserne parisienne en habit de sergent. Venue chercher une pension, elle déclare avoir servi depuis trois ans. Elle est renvoyée avec interdiction de s’habiller ainsi.

- Marie Louise Boquet, reçoit la somme de 150 livres à titre de gratification et récompense des services qu’elle a rendus à la patrie pendant le temps qu’elle a été dans les armées de la République.

- Renée Bordereau Brave Langevin (Vendée) née en 1766 reçoit 200 francs de pension et secours pour ses campagnes de 1793 de 1799. Blessée trois fois, elle a commandé aux insurgés des trois paroisses.

- Rose Bouillon, née à Pontlevoy en 1764, déguisée, suit son mari Julien Henri dans l'armée de Moselle en laissant leurs enfants à sa mère. Son mari tué, elle participe aux combats jusqu’en août 93. La Convention Nationale lui accorde une mention honorable et une pension de 300 francs par an. Ses enfants, une fille née en 1790 et un fils en 1792, sont pensionnés par Convention Nationale pour la somme de 150 francs chacun.

- Elisabeth Bourgès, surnommée Sans Soucy aurait été infirmière plutôt que soldat. Déguisée mais reconnue, elle retourne au front après 1794, où elle sauve des soldats "en soulageant les défenseurs de la patrie blessés, en les portant sur son dos jusqu’aux voitures d’ambulance en se dépouillant des chemises qu’elle portoit sur son corps pour panser leurs blessures, et en unissant tous les actes de courage à ceux de l’humanité et de là bienfaisance ». Elle obtient 300 livres à titre définitif.

- Victoire Buffry, 16 ans, née à Nancy, arrêtée au Mans habillée en militaire, est trompette major du 7ème régiment de hussards.

- Rose Ursule Cailleau née Urson (Vendée) se bat avec son père à cheval au Mans. Elle déclare avoir été emprisonnée avec Mme Donnissan et avoir sauvé Mme de la Rochefoucault. Mais, sur témoignages contraire au Lude et au Mans n'établissant pas la preuve d’emprisonnement, le procureur du Mans dénonce en 1818 le port de la croix de Saint Louis, dont elle affirme qu'elle lui a été donnée personnellement par le roi.

- Marie Charpentier, née en 1751, veuve Haucerne, sergent dans les troupes coloniales mort en 92, sert comme gendarme dans la 35ème division des vainqueurs de la Bastille, dans la compagnie Rossignol, et estropiée pendant les combats, doit demander sa retraite. Elle reçoit 200 livres par an accordées en 1790 comme veuve uniquement, son sexe étant "incompatible à la guerre".

- Reine Chatton, dans Loiret, qui est seulement citée.

- Reine Chapuy, de Versailles, blonde, yeux bleus, 17 ans en 1794, suit ses cinq frères dans l'armée, au 24ème régiment de cavalerie. Ses parents reçoivent 300 livres de pension en 1793. Exclue par la loi, elle ne reçoit rien.

- Jeanne Collignon, née en 1761, cinq pieds deux pouces, reçoit une pension de 300 livres, accordée l'an VI pour trois ans et six mois comme « chartier » dans l’armée de l’intérieur.

- Rosalie Deloute, couturière, s'engage à 18 ans en 1793 dans régiment de volontaires soldés de la section des Arcis, après une brouille avec son père.

- Elisabeth Françoise Dubois, née en 1763, épouse Favre, commandant fait prisonnier à Condé le 6 septembre 1793, est élue officier devant Maestricht par les soldats de la compagnie de canonniers du 7ème bataillon de Paris. "Fait prisonnier" le 1er mars 1794 au siège de Liège, elle est rendue comme femme le treize mars. Elle reçoit une indemnité de 200 francs

- Marie Angélique Duchemin, veuve Brulon, est, en 1792, caporal à 20 ans. Son mari est mort en 1791 à Ajaccio et ses frères sont tués dans l’armée d’Italie. Ses camarades militaires attestent qu’à Calvi, le 5 prairial an II, elle se bat à l’arme blanche avant d'être blessée. Elle parcours une demie lieue, dans son état, pour chercher des munitions avec 60 femmes et 4 gendarmes avec succès. Sa demande d'invalidité est accepté. En 1822, elle demande au roi la Légion d’honneur, n'ayant pas voulu la demander à Napoléon, contre qui elle s'est battue en 1791, mais celle-ci ne lui est pas accordée, étant réservée aux hommes. Toutefois, elle obtiens le grade honorifique de lieutenant titulaire aux invalides et en 1823 la décoration du lys. La Légion d’honneur finit par lui être décernée en 1851, peu avant sa mort en 1859. en 1897. C'est un de ses frère qui l'a aidée à se déguiser en homme et lui a appris manœuvres et règlement.

- Femme Ducoud-Laborde ou Poncet, surnommée Breton-Double, née en 1773, à Angoulême, se distingue Eylau, Friedland au sein du 6e Hussard. Son mari est tué Waterloo où blessée et amputée, elle est faite prisonnière.

- Marie Louise Félicité Duguet dit "Va de bon cœur", 17 ans en 1792, 4 pieds 8 pouces, cheveux et sourcils noirs, nez petit, bouche moyenne, passe un an et demi comme volontaire dans le 1er bataillon de Saint Denis et 3 ans dans le bataillon de la Nièvre, participe à la bataille de Jemmapes. Blessée au siège de Valenciennes, elle quitte l’armée après décret, ayant été reconnue du sexe féminin. Âgée de 43 ans en 1813, elle reçoit une pension de 600 francs, réduite à 160. par la Convention Nationale qui reconnaît que sa conduite a été irréprochable.

- Anne-Françoise Pélagie Dulière est nommée sous-lieutenant par Dumouriez à Jemmapes le 9 nivôse an II, La Convention nationale lui accorde la somme de 1 200 livres à titre de gratification en récompense des services qu’elle a rendus à la patrie pendant le temps qu’elle a été dans les armées de la République et décrète que les pièces qui constatent le civisme, le zèle et la bravoure avec lesquels elle a servi dans les armées, seront envoyées au comité d’instruction publique, pour en être fait mention dans les annales qu’il est chargé de faire pour transmettre à la postérité les faits qui honorent le plus la révolution.

- Adélaïde Elié s’enfuit de chez elle, déguisée, Elle sert dans la marine où elle est blessée au combat mais pas découverte jusqu'à ce qu'elle soit faite prisonnière en Grande Bretagne.

- Bastienne Escalier, déguisée pendant 18 mois, est volontaire au 1er bataillon de l’Aisne comme charretier sous le nom de « Belle avoine » jusqu'à ce qu'elle soit reconnue en nivôse de l'an 3. En approbation de son zèle et de son civisme (cinq chevaux tués sous elle) elle reçoit une gratifications de 600 livres.

- Théophile et Félicité Ferning, filles d’un greffier, nées près de Valenciennes, suivent leur père, habillées en homme, Félicité est ordonnance du duc de Chartres et Théophile agent de liaison pour le général Ferrand. Présentes à Valmy, elles mènent des actions d'éclat à Bruxelles. Félicité se marie avec un soldat qu’elle a sauvé tandis que Théophile est représentée dans le tableau de Scheffer représentant la bataille de Jemmapes, Le 15 novembre 1792, la Convention Nationale décrète que la maison des jeunes héroïnes Ferning, qui a été détruite par les Autrichiens, sera reconstruite aux frais de la République ».

- Marie Anne Fortemanne, née Bruet, veuve d'un chasseur tué à Marengo, est animée d’une « ardeur martiale malgré les préjugés de l’éducation ». Elle même blessée au cours de la bataille est démasquée.

- Catherine Adélaide Garnejoux, volontaire au 12ème bataillon Républicain sous le nom de Reprehé, combat en Vendée, La Convention nationale le 21 messidor an II lui accorde 500 livres pour sa participation à différentes batailles, notamment Vihiers, Doué, Saumur et Châtillon, à titre de gratification et de récompense nationale, pour avoir combattu avec le courage d'un vrai républicain.

- Virginie Ghesquière alias "Joli Sergent", déguisée, se fait passer pour son frère et sert de 1800 à 1810/12 dans l'armée de Napoléon.Elle devient une célébrité nationale et meurt en 1867, à cent ans.

- Veuve Godrel, canonnier au 2èmee bataillon de Orne, est faite prisonnière à Landrecies, La Convention nationale lui accorde 500 livres le 5 brumaire de l'an III, non imputable sur la pension à laquelle elle peut avoir droit.

- Rose Gotton Marchand, née à Tours, s'engage à 18 ans dans l'armée Sambre et Meuse où elle mène deux campagnes, dont Maastricht. La Convention nationale lui accorde 400 livres le 12 thermidor de l'an III.

- Catharina Mettewie, un mètre 62, nez aquilin, bouche petite, menton rond, visage ovale, sous le nom de Jean Govers est une jeune anversoise. Déguisée en homme, elle suit son compagnon, chasseur au 18ème régiment d'infanterie légère et qui combat pendant plusieurs mois sans que personne ne s’en doute. Mais elle est démasqué accidentellement pendant qu'elle dort, en 1810.

- La Veuve Guillot, femme Mary, acclamée aux Jacobins le 22 octobre 1793, est canonnière au siège de Lille.

- Sophie Julien, née à Beauvais, sert avec honneur du 29 mars 92 au 21 mai 93 au 2ème bataillon du Pas de Calais (volontaire de la compagnie de Boussart) pour venger la mort du général Dampierre. Reconnue comme femme après mort de son père, trompette, elle n’a "ni vêtements de femme ni pain et des traits masculins". Elle reçoit 150 francs de gratification le 7 août 1793 et le 15 brumaire de l'an III 200 livres d'indemnités, après en avoir déjà reçu 300, la convention considérant que plusieurs autres citoyennes volontaires ont reçu 500 livres.

- Marie Geneviève Ledague est surnommée la « guerrière lilloise ».

- Louise Aimée Leblanc, épouse Fauvelle, a combattu pour la république. La Convention nationale, le 23 ventôse an II, lui délivre un secours de 300 livres « à titre de secours provisoire, qui sera imputé sur la gratification qui lui sera accordée ultérieurement ».

- Marie Lefebvre, trompette depuis 1791 dans 2e régiment d’artillerie, est blessée. Son père était un dragon.

- Madeleine Manceau s’est engagée devant le Directoire de la Sarthe le 22 mars 1793.

- Minard, épouse Fortier, est canonnier au 10ème bataillon des fédérés de Paris, pendant 3 campagnes. La Convention nationale, le 12 germinal de l'an III, lui accorde 500 livres. Elle est arrêtée à Paris parce que habillée en homme, porteuse d'une recommandation visée par Comité de Sûreté Générale. Elle est relâchée mais on lui conseille de ne plus s’habiller en homme.

- Barbe Parent, née à Valenciennes en 1772, se déguise en 1792 pour fuir ses parents et s'engage dans le 9ème bataillon de fédérés du Nord. Elle fait campagne en Belgique puis retourne dans sa famille. Elle repart pendant plus de seize mois avec l’armée du Rhin avant que sa famille la retrouve. Elle doit quitter l’armée en messidor de l'an III et reçoit une gratification de 600 livres pour son zèle, sa bravoure et la décence de ses mœurs qui lui valent l’estime et la bienveillance de ses chefs et camarades.

- Jeanne Perrin, de Thionville, sous « habit national » d’octobre 1792 au 28 nivôse an II, au sein du 3ème bataillon de la République, reçoit le 23 pluviôse de l'an II 500 livres.

- Magdelaine Petitjean, veuve Aufrère, née le 6 mai 1746 à Metz, reçoit une pension viagère par la Convention nationale de 636 livres 13 sols 4 deniers le 25 brumaire de l'an III pour ses services rendus comme cannonier dans la guerre de Vendée et pour avoir perdu 15 de ses 17 enfants. Blessée, elle a été faite prisonnière à Doué (49) et torturée par les brigands de Vendée, qui la rendent à la liberté, admiratifs. Ses deux premiers maris sont morts en mer et le troisième à la Bastille Elle a déjà reçu la somme de 500 livres à titre de secours, non imputés sur la pension qui lui est due.

- Catherine Pochetat, née 1770 à Epoisses, Côte-d'Or, nommée sous lieutenant de la 2ème légion des Ardennes, reçoit une pension de 300 livres le 26 juin 1793 pour son intrépidité et son courage à Jemmapes. Elle a participé au siège de la Bastille et à la prise des Tuileries. A la Montagne de fer, un cheval est tué sous elle.

- Renée Antoinette Renaud née Blanchet, en Vendée, est en mission secrète pendant le siège d’Angers pour La Rochejaquelein. Deux fois blessée, exilée de 1804 à 1810, elle compte 20 ans de service en 1824. Elle obtient une pension de 450 francs en1817 et un brevet de lieutenant en retraite en 1817.

- Francoise Rouelle, volontaire, sous le nom de François, au 2ème bataillon du Haut-Rhin qui combat sur frontière alsacienne, est reconnue, après deux ans de service, comme femme par ses camarades qui avaient des doutes. Une pension de 600 livres lui est accordée en brumaire de l'an VI, après avoir été exclue de l’armée.

- Claude Rouget, partie pour éviter un mariage avec un vieux mari, s'enrôle dans l'armée de Paris. Elle reçoit une gratification de 500 livres le 9 nivôse de l'an II.

- La fille Rousseau, de Paris, ouvrière, suit son amant en Flandres.

- Ida Saint-Elme, née Maria Johanna Elselina Verfelt en 1778 à Valombroso, une jeune « aventurière » hollandaise suit ses amants, Grouchy, Moreau, Ney et quelques autres, habillée en homme à bataille de Valmy, se faisant passer auparavant pour le baron Van Aylde-Jonghe. Elle prend part une fois au combat.

- Marie Savonneau, de Saint Calais, dans la Sarthe, entre au 1er bataillon de la Meurthe a 30 ans. La Convention nationale luit octroie 300 livres plus 500 autres en frimaire de l'an II.

- Marie Keanne Schellinck, née en 1757 et engagée en avril 1792 mène huit campagnes. Elle reçoit 13 blessures et en 1808 obtient une pension de 800 francs et la croix des mains de l'Empereur, avec le brevet de sous-lieutenant.

- Marie Terrasson, née en 1777 à Dignes, grenadier depuis le 15 septembre 1792, est exclue de l'armée comme fille le 24 ventôse de l'an II.

- Antoinette Vitteau,de Charolles, volontaire au 1er bataillon de Saône-et-Loire du 28 septembre 1791 au 19 juin 1793 participe en tant que femme. Les archives indiquent qu'elle ne porte pas d’habits d'hommes.

- Marie Henriette Xaintrailles Heiniken participe, sans émolument, à sept campagnes comme aide de camp du général Menou. Elle prend un parc d’artillerie aux Prussiens, empêche la rébellion des troupes le 22 juillet 1793, mène une action d’éclat à l’armée du Rhin où elle traverse la rivière à la nage, le sein gauche amputé après une chute de cheval. Elle obtient 2 400 francs de pension en ventôse de l'an IX.



Quant à Anne Quatre-Sous, l'histoire ne s'arrête pas là. L'adolescente surnommée « la dragonne », en raison de son enrôlement dans un régiment de dragons se marie en l'an VII avec un prisonnier de guerre allemand, Pierre Bayer, originaire de Francfort sur le Main.

Le couple s'installe à Montargis rue du Pâtis, impasse de la raffinerie, près de l'église et ouvre une petite auberge, l'auberge de la mère Quatre-Sous. Rapidement leur naît un fils.

L'invasion de 1814, lui fournit l'occasion de se faire remarquer à nouveau.

Des Bavarois, cantonnés à Montargis, sont logés chez l'habitant. L'auberge d'Anne en abrite quatre, qui abusent largement de l'hospitalité de leur hôtesse. Ceux-ci, enhardis par l'absence de son mari, exigent quatre bouteilles de vin qu'ils refusent de payer malgré ses demandes. Entrant dans une grande colère, ils tirent leurs armes de leurs fourreaux, pensant l'impressionner. Mal leur en prend ! Retrouvant son ardeur d'artilleur, elle s'empare d'un fusil muni de sa baïonnette, fonce sur ses agresseurs, en blesse deux et mets en fuite les deux autres.

Anne est immédiatement convoquée à la Mairie où le commandant du détachement menace de représailles, voire de piller la ville si aucune punition n'est infligée à Anne. Mais celle-ci, de son côté, menace de faire sonner le tocsin et de soulever la population. La situation est bloquée.

Pas longtemps, car à l'instant même, ils apprennent que les français, vainqueur à Montereau marchent sur Montargis. Les occupants prennent immédiatement la poudre d'escampette.

Anne accueille avec bonheur le retour de Napoléon Ier. Mais c'est bientôt l'exil et le règne des Bourbons . Sa pension, accordée par la Convention Nationale ne lui est plus payée et son fils, entré à Polytechnique perd sa bourse.

Sans réponse à ses demandes, elle se rend à Paris et sollicite un entretien avec le Ministre de le Guerre. Ce dernier la présente à Louis XVIII qui la complimente et lui fait rendre sa pension, avec paiement de l'arriéré.

Rentrée chez elle à Montargis, elle y mène désormais une vie paisible. Pierre Bayer décède le 21 septembre 1838. Anne meurt à Montargis le 6 mars 1843.

Fichier(s) joint(s):
Maison_Anne.jpg

Maison natale de Anne Quatre-Sous.


Sources :

France Pittoresque
Biographie du Dauphiné: contenant l'histoire des hommes nés dans cette province, qui se sont faits remarquer dans les Lettres, les Sciences, les Arts, etc, Volume 2
Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel 2015, 24 avril 1794
Vous voyez le topo
Société d'émulation de Montargis, 1983/12 (N61,SER3).
Gâtinais généalogie


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 Sujet du message: Re: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolut
MessagePosté: Dim Janvier 24, 2016 01:47 
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Encore un bel article Arkayn, merci :wink:


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 Sujet du message: Re: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolut
MessagePosté: Mar Janvier 26, 2016 15:22 
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Excellent travail Arkayn. :wink:

Ah, si Minia avait vécu à cette époque épique ...

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 Sujet du message: Re: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolut
MessagePosté: Mar Janvier 26, 2016 19:16 
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Merci à tous les deux. :D

Roger CHEHET a écrit:
Ah, si Minia avait vécu à cette époque épique ...
Ça n'aurait pas marché. A part Ida Saint-Elme, toutes ont été louées pour leur excellentes moeurs.

Avec tous ces mâles, Minia aurait été démasquée au bout d'une journée. :lol:

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 Sujet du message: Re: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolut
MessagePosté: Mer Janvier 27, 2016 09:13 
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Que tu crois.......................... :lol: Y'a pas plus pure que moi. Mais je m'étonne qu'une jeune fille puisse passer pour un garçon. Sans tomber dans le crado, autant elle pouvait bander son torse afin de camoufler sa poitrine, autant pour ses menstruations, je ne vois pas.

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 Sujet du message: Re: Anne Quatre-Sous, 15 ans, dragon dans les armées révolut
MessagePosté: Jeu Janvier 28, 2016 10:59 
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Avec du tissus il devait y avoir moyen de faire assez discret.


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