Dans l'histoire de la Bête, beaucoup d'éléments ont été grossis, voir carrément inventés. Mais il est toujours simple de distinguer le mythe de la réalité : il suffit simplement de
consulter les documents officiels d'époque et non les ouvrages récents qui ne font qu'aligner des théories les plus fumeuses les unes que les autres.
Il y a
la véritable histoire de la Bête, que l'on peut retracer grâce aux archives historiques (lettres des chasseurs, compte-rendus précis des chasses militaires, rapports des chirurgiens, registres des curés) et les
éléments fictifs qui sont venus s'y greffer comme des parasites (Antoine Chastel et sa hyène d'Afrique, le comte de Morangiès pervers sexuel, le porte-arquebuse Antoine de Beauterne...qui ne s'appelait pas de Beauterne !! etc).
Pour ceux qui citent le livre de Michel Louis (de 1992 puis réédité) comme la référence en la matière, qu'ils l'oublient. Ce livre est truffé d'incohérences et ne se base sur aucun élément concret/historiquement valable. Pour appuyer ses théories, Louis cite au premier degré des passages entiers d'un précédent ouvrage, «
La Bête du Gévaudan » (1936) d'un certain Abel Chevalley; or ce livre n'a rien d'historique...
c'est un roman, une pure fiction, du romanesque ! Et plutôt que de consulter les véritables archives d'époque, les pseudo-historiens modernes continuent de se baser sur ce roman des années 30 comme la bible de la Bête...pour vendre du sensationnel au public...Incroyable comme la fiction peut parfois éclipser la réalité historique !!
On sait grâce aux archives de l'Ancien régime (milieu du 18ème siècle) que :-
Le fils Chastel ne s'appelait pas Antoine mais
Jean-Antoine. Il est né en 1745, donc 19 ans à l'époque des meurtres. Il n'a jamais été fait prisonnier dans un bagne d'Afrique du Nord, pas plus qu'il n'a été émasculé (castré) par les arabes, c'est une pure invention ! Il a vécu jusqu'en 1823 (78 ans) et a eu 9 enfants avec son épouse !
- Le
comte de Morangiès n'était pas un sadique/pervers sexuel/psychopathe attiré par la vue du sang. C'était un colonel de haut-rang, accablé par la souffrance des paysans, qui chassait activement la Bête sur ses terres. Et il n'a jamais été gouverneur de l'île de Mirnorque jusqu'à la fin de la guerre de 7 ans comme le veut la « légende », il est rentré directement en Gévaudan après avoir contracté la tuberculose en Allemagne ! Les accusations envers le comte de Morangiès sont fausses et ne se basent sur rien, il a vécu plus de 30 ans après l'histoire de la Bête sans qu'aucun soupçon ne pèse sur sa personne...
- Le
porte-arquebuse du roi ne s'appelait pas « Antoine de Beauterne » ou « François Antoine de Beauterne », mais François Antoine, tout court !
De Beauterne était le titre de son fils, Robert-François Antoine, gendarme du roi et plus tard fait chevalier de la Légion d’honneur par Napoléon. Cette erreur de nom revient souvent depuis 60 ans dans les livres ou articles sur la Bête, c'est dingue.
-
Il y a eu des attaques de loups recensées en France au XVIIIème, beaucoup même. Il suffit de consulter le livre
Sur les pas du loup (tour de France historique et culturel du loup du Moyen Âge à nos jours) pour s'en rendre compte. La Bête du Gévaudan n'en était probablement pas un (fréquence des attaques trop importantes et bizarreries comme les cadavres déshabillés), mais que l'on arrête de dire que les loups sont inoffensifs et n'ont jamais attaqué personne au cours de l'Histoire. Les loups de l'époque étaient de vrais fauves en meutes qui peuplaient l'Europe (comme l'Amérique ou les Indes) par milliers.
-
Il y a eu plusieurs autres « Bêtes féroces » dans l'Histoire de France : la Bête de Sarlat, la Bête de Benais, une Bête au sud d'Auxerre, la Bête du Vivarais, etc. Avec toujours 10 à 50 enfants morts égorgés ! Mais on préfère ignorer ces Bêtes mystérieuses pour la « star » qui fait vendre le plus : celle du Gévaudan !