Metronomia a écrit:
Qu'est ce qui te fait penser que c'est la vision qu'ont les gens? As-tu eu des personnes qui t'ont dit (à toi ou ta sœur) des choses qui allaient dans ce sens?
Pour ma part, j'avais plutôt l'impression (complètement subjective, il est vrai) qu'au contraire, les gens étaient assez reconnaissants et admiratifs de ceux qui exercent ces métiers.
Je sais pas chez vous mais ici, ce secteur a longtemps été perçus comme un secteur "vautour". Des gens qui vivent de la peine, du chagrin des autres et qui demande un prix exorbitant a leurs yeux (sachant que pour la même quantité et qualité de bois pour le cercueil, ces même personnes accepteraient sans broncher de payer le même prix si c'était pour un comptoir de cuisine) alors que le client est souvent démoli émotionnellement. La raison étant simple, jusqu'à assez récemment, le service de soutient n'était pas le fer de lance de ces entreprises. Ces entreprises se concentrait surtout sur les côtés de la préparation du mort, de la vente de cercueil, de l'exposition et de la mise en terre.
Je te dirais que de plus en plus, les personnes dans le deuils, eux, voient maintenant tout le travail fait pour les aider, réalisent tout le support qu'ils reçoivent et sont reconnaissant. Maintenant il y a la famille éloigné et les amis qui eux, vivent un autre type de peine beaucoup plus facile a gérer et sont moins conscient de tout ce qui est fait pour les endeuillés et plus a l’affût du moindre coût suspect, de la moindre anicroche ce qui pousse le secteur funéraire a visé un mode de fonctionnement transparent et irréprochable (ce qui n'est pas mauvais en soi). La vision d'entreprise "vautour" n'est pas encore chose du passé mais ça s'améliore grandement d'année en année.
Metronomia a écrit:
Il y a un truc qui m'a toujours fait bizarre en revanche: ce sont les porteurs de cercueil. Je sais qu'ils sont parfois recrutés en interim (une ancienne connaissance à moi avait occupé ce poste pendant quelques temps).
Loin de moi l'idée d'y voir un problème, mais je me dis que ça doit être surréaliste d'être inscrit dans une boite pour de petits boulots et de recevoir un jour ce genre de coup de fil. Je me souviens de ceux qui ont porté le cercueil lors de l'enterrement de ma grand mère. Je les ai beaucoup observé et je les trouvais très dignes. J'avais l'impression qu'ils souffraient avec nous (ce que je ne leur souhaite évidemment pas: nul ne peut porter tous les deuils de la terre sur ses épaules!). Du coup je m'étais dit que:
- soit ils étaient très bons comédiens (ce qui serait préférable pour eux);
- soit ils étaient vraiment tristes, et ça devait être insupportable pour eux au bout de 3 jours d'exercice!
Je n'aurais jamais la réponse, mais l'important est qu'ils m'ont laissé un "bon" souvenir. Tout comme le personnel des pompes funèbres qui s'était occupé de nous. Et il est clair que c'est un point essentiel pour les gens en souffrance.
Quand le travail est bien fait, comme partout (et peut-être même plus qu'ailleurs), ça se remarque.
Ici, autant que possible, ce sont des membres de la famille du défunt qui porte le cercueil (qui est très lourd sois-dit en passant) et le personnel funéraire ne le fait que si il manque de membres volontaire ou simplement qu'il n'y en a pas. J'imagine mal être comédien a ce point. Ils sont touché non pas de la mort d'un être qu'ils ne connaissait pas mais de la peine ressenti par les endeuillés. Ils ont pour la plus part suffisamment d'empathie pour être réellement triste et suffisamment d'expérience pour faire la part des choses et ne pas prendre cette peine ressenti comme une peine "personnel". Moi vois-tu, lors de la mort de mon père, ce fut un bord** terrible. Entre le salon qui refusait une musique douce et a très faible volume, le chariot de support du cercueil a l'église qui ne roulait pas droit et le fait qu'une fois la messe terminé, ils nous ont demandé (les porteurs) si nous voulions aller récupérer nos véhicules resté au salon (à 20 km quand même) pour faire un détour vers le crématorium et nous demander a moi et mon frère de les aider a mettre le cercueil dans le four (ce que j'ai refusé suffisamment énergiquement pour terrorisé le pauvre chauffeur de 70 ans). Donc oui, quand le travail est bien fait ça se remarque mais aussi quand c'est l'inverse.
lucinda a écrit:
Et bien moi je commence un nouveau boulot en juin et je vais être confrontée à la mort. Je vais être secrétaire dans une association qui aide le retour à domicile de personnes gravement malade et qui vont sûrement mourir peu de temps après d'après ce que j'ai compris.
Le pire c'est que lors de l'entretien avec la directrice j'ai carrément menti à sa question : cela ne vous gêne t-il pas d'accueillir les personnes au téléphone qui sont dans le deuil? Et moi comme une idiote j'ai dit non, mais maintenant qu'elle a choisi ma candidature j'appréhende un peu...car la mort me fait peur, j'ai déjà un peu d'expérience dans ce domaine mais c'était avec des personnes âgées, et là dans cette boîte, il s'agit de tout type de personnes voir enfant aussi :/
Bref du coup ce sujet va m'aider et je me sens moins seule!
Tu sera sans doute très bonne puisque tu semble avoir l'empathie nécessaire a ce type de poste sinon tu n’appréhenderais pas ce poste. Cet emploi t'aidera sans doute a apprivoisé ta peur et a mieux comprendre le processus de deuil donc changera certainement ta vision face à la mort. Pour le reste, Linele a tout dit.
Linele a écrit:
Dans de tels contextes, je me suis souvent entendue rétorquer : "Il faut se blinder". Je n'aime pas ce terme, parce que se blinder sous-entend d'inhiber totalement ses émotions. Or c'est à mon sens une grave erreur. Faire par exemple face à des familles endeuillées demande un minimum d'empathie, de sensibilité et de compréhension face à la douleur des gens. Sans cette sensibilité, il est impossible d'apporter un service efficace. Mais à trop vouloir s'impliquer émotionnellement sans savoir se préserver à travers le recul nécessaire, cela peut devenir extrêmement nocif pour le salarié.
Encore une fois, toute la problématique consiste à trouver un juste équilibre.
C'est exactement le défi quotidien des gens qui oeuvre dans le funéraire. Garder une empathie face aux endeuillés qui ne s'estompera pas avec le temps sans pour autant se laisser emporter par cette vague de chagrin qui les entourent.