armoria a écrit:
A votre avis, qu'est-ce qui fait que les Celtes soient tellement "à la mode" ces dernières années ?
Est-ce que ça vient du fait que les Bretons ont retrouvé leur fierté ou est-ce à cause de ça qu'ils l'ont retrouvée ?
Notre génération se réclame de ses racines (qui en plus proclame l'ouverture aux autres) mais celle de nos parents et grands-parents avait honte de leurs origines.
La renaissance de la culture bretonne a vu le jour au début des années 70. Elle s'est d'abord manifestée dans le domaine de la musique avec l'émergeance de chanteurs tels qu'Alan Stivell, Gilles Servat ou le groupe Tri Yann.
Cette période correspond à une ouverture musicale vers ce que l'on appelle alors la musique folklorique et que l'on appellera ensuite la musique ethnique. Il faut se rappeller que nous nous trouvons au lendemain de la guerre du Vietnam et que la musique anglo-saxonne perd ses inspirations nord-américaines ou britanniques. Les Beatles avaient ainsi déjà ouvert la voie aux musiques indiennes. Parallèlement, un groupe tel que Led Zepellin puisait son inspiration dans la musique orientale.
Le monde musical redécouvre en quelque sorte ses racines et les jeunes générations se coupent partiellement des influences musicales de leurs parents. Alan Stivell remet au goût du jour des instruments de musique qui avaient pratiquement disparus tels la harpe celtique ou qui n'étaient plus joués que dans des bagadou, tels le biniou ou la bombarde.
Après, la redécouverte de la musique, le grand public est sensibilisé à la littérature du terroir avec des ouvrages tels que "Montaillou, village occitan" d'Emmanuel Leroy-Ladurie ou "Le cheval d'orgueil" de Pierre-Jakez Hélias, ce mouvement initié au milieu des années 70 se fond dans un vaste mouvement à l'échelle de la France, d'une replongée massive des français avec quelques années après, notamment la création des "journées du patrimoine" sous le premier septennat de François Mitterrand.
En 1977 c'est la création d'écoles en langue bretonne à l'initiative de l'association "Diwan" (le germe en breton).
Viennent ensuite les grandes manifestations culturelles centrées sur la parenté celtique (festival interceltique de Lorient, fête des filets bleus à Quimper...) ou sur le patrimoine maritime (Brest et Douarnenez 92).
Le renouveau de la culture celtique n'est donc pas un phénomène isolé mais est à placer au coeur d'un engouement massif des Français à redécouvrir leur patrimoine historique, religieux, linguistique, littéraire...
Il est peut-être plus exacerbé en Bretagne car elle jouit d'un riche héritage linguistique et musical et que les anciennes générations celles de l'avant-guerre ont été contraintes par le rouleau compresseur de l'école laïque et du centralisme jacobin, à renier leur langue et leurs coutumes et à les ranger dans la catégorie folklore.
Il ne faut pas oublier que nos grands-mères avaient honte de parler breton, que la langue française était considérée à juste titre sans doute comme un ascenseur social. C'est la période où les campagnes étaient désertées, où dans les écoles il était écrit dans les classes : "Il est interdit de cracher par terre et de parler breton". Si un élève avait le malheur de parler breton en classe il était puni toute la récréation à porter un écriteau autour du cou.
C'est pour celà que la culture bretonne a été mis au banc d'une société qui se voulait uniformiste.
Le sursaut des générations qui n'ont pas connu l'avant-guerre a donc été à la hauteur des brimades du passé, désireuses de renouer avec ses racines. C'est l'émergeance d'un universaliste "Back to roots" qui a été amplifié sur des terres fertiles en culture comme la Bretagne.
Voilà ce que je peux apporter au débat dans un premier temps, si je ne mets pas de sources c'est que je puise ma réflexion dans plusieurs lectures et enseignements acquis depuis de nombreuses années.
Par contre, pour rendre la question de la culture celtique plus "ludique" je me replongerai dans des livres plus "légers" et ironiques et je vous en rapporterai des passages qui m'ont bien faire rire.