tapioka a écrit:
Y a certains posts qui laissent penser que vous prenez les auditeurs lambda pour de bonnes grosses buses.
Oui un peu quand même par rapport à ce sujet, et condescendance, tout ça... tu n'as pas tort je me la pète pas mal - mais ce n'est pas par méchanceté ou arrogance, plutôt par lassitude.
Comme WL, je présume, j'ai dû me justifier cent mille fois d'avoir un look skin, que j'ai fini par délaisser avec l'âge (
Note : les tatouages ne partent pas avec de l'eau et du savon
...) et puis l'envie qu'on me foute la paix ("non je ne suis pas raciste", "alors voilà, skinhead ça ne veut pas dire raciste" etc) et qu'on ne m'agresse pas physiquement à n'importe quel moment.
Mais c'est une réaction de rejet parce que quand j'étais ado et que je me fadais du Bob à toutes les soirées fumettes, le trip dreadlocks rastafari peace and love m'a vite gonflé et éloigné de l'intérêt que je pouvais porter à cette musique que je trouvais répétitive, monotone : un truc chiant de "hippies/ganja/je gave tout le monde avec mon djembé". Et après avoir endormi tout le monde avec Bob Marley, le baba-cool DJ de service nous mettait du Pink Floyd et du Ravi Shankar pour parfaire le cliché (voire du Magma s'il était un peu cultivé, du Tryo s'il ne l'était pas du tout).
Je me suis mis au punk et à la oi! assez vite parce que c'était plus bourrin et plus proche de mon quotidien que de vagues histoires de shérifs shootés, de vibrations de rastaman, de soldats bisons et de femmes qui ne doivent pas pleurer. Puis j'ai découvert que les Clash avaient fait du reggae, que le label keupon de Rancid produisait aussi des groupes de ska et de reggae, et puis que dans les compils Punk/Rawk ou Give'em the Boots de mes dix-sept ans il y avait du ska et du reggae, alors j'ai écouté les groupes de ska/reggae en question, et j'ai trouvé ça différent de ce que je connaissais (Bob & co) et ça sonnait même vraiment très bien, bien mieux que plein de trucs keupons que j'adorais, et ça m'a intrigué de savoir quel était le parallèle entre ces deux types à priori différents de zique.
Et puis petit à petit je me suis construit une culture musicale qui associait le punk, la oi! et le ska/2tone/reggae et j'ai vu d'un œil nouveau ce dernier genre musical. J'ai compris que Bob, qui était globalement rébarbatif, était la vitrine commerciale d'un genre bien plus complexe musicalement et historiquement, et je me suis intéressé aux artistes précurseurs et à ceux qui ont poursuivi le mouvement alors que celui-ci n'était déjà plus à la mode. Comme un amateur qui résumerait le rock à Bon Jovi (pas forcément mauvais), et découvrait d'un seul coup Deep Purple, Black Sabbath ou Led Zeppelin.
A la base, sans le mento, le r'n'b, le rocksteady, le ska etc... pas de Joe Strummer, de Specials, de Madness... Il fallait s'intéresser à l'histoire du mouvement skinhead, datant des années 60, pour comprendre tout ce qui a agité 50 ans de musique populaire, depuis les origines jamaïcaines jusqu'à l'export british qui a donné des groupes comme les sublissimes Selecter ou encore Symarip, Bad Manners... En France, on a eu plus de oi! que de ska reggae mais le résultat n'est quand même pas trop mal, même si j'ai l'impression qu'il n'y a que deux créneaux (la politique (anar ou facho), ou le ska fanfare).
On ne peut pas résumer le reggae, le punk et la oi! à Bob Marley, Sex Pistols et Sham 69 (je fais volontairement l'mpasse sur les groupes consternants de fascistes/racistes qui s'autoproclament skinheads juste parce qu'ils possèdent une tondeuse et deux sweats Lonsdale et parce qu'ils aiment la violence gratuite).
Or pour moi Bob Marley n'est que le Johnny Hallyday du reggae : soit il ne donne pas envie d'en connaître davantage, soit les fans se contentent d'écouter uniquement sa musique (à quelques exceptions près évidemment) en faisant l'impasse sur la vraie origine et la vraie richesse culturelle du reggae, loin des clichés pétard/baba-cool.
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Don't hate me caus' I'm beautiful.